Il a quitté le Népal lors du premier confinement. Depuis, le moine bouddhiste et philosophe Matthieu Ricard est installé en Dordogne. Auprès de sa mère, il attend que passe l’épidémie et que les routes s’ouvrent de nouveau vers son ermitage himalayen.
C’est une silhouette à laquelle les habitants du Moustier, en Périgord Noir, sont bien habitués. Vêtu du traditionnel habit rouge des moines bouddhistes, Matthieu Ricard aime marcher dans la campagne périgourdine. Des promenades qu’il effectue, évidemment, dans la limite du kilomètre règlementaire. Les coteaux qui surplombent la vallée de la Vézère servent alors de décor à ses méditations, ainsi qu’à ses réflexions sur la crise sanitaire et ses conséquences.
Vivre avec soi-même
Bien sûr, pour lui qui est habitué aux retraites sur les hauts plateaux de l’Himalaya, le confinement n’est pas vraiment une contrainte. Vivre seul, isolé du monde, cohabitant avec ses pensées, ne représente pas une nouveauté. Mais Matthieu Ricard est bien conscient que la situation n’est pas facile à vivre pour tout le monde.Je suis profondément conscient de toutes les difficultés que beaucoup de mes semblables traversent. (...) A cause de la précarité, de l'isolement, de la solitude, de la maladie... ce sont souvent les plus pauvres qui souffrent le plus dans ces cas de crises.
Si le moine-philosophe reconnaît qu’il est facile de donner des conseils mais parfois moins de les mettre en application, il se risque tout de même à donner quelques ficelles à celles et ceux qui ont du mal à supporter le confinement :
Ça fait du bien de ne pas avoir cette frénésie perpétuelle d'activité, de préoccupations, de distractions... [cela peut être l'occasion] d'une reconnexion avec les êtres chers, et pour ceux qui ont la chance d'être dans un lieu naturel, d'une reconnexion avec la nature.
Un point de vue que l'on peut retrouver dans les pages de son dernier livre, co-écrit avec le psychiatre Christophe André et le philosophe Alexandre Jollien, sorti au début du mois de novembre.
Abécédaire de la sagesse
A comme Altruisme, B comme Bonheur, C comme Colère… ce nouvel ouvrage égraine les concepts clés chers aux auteurs. Des pistes pour cheminer vers la sagesse.Confinement oblige, Matthieu Ricard ne se rend pas sur les plateaux de télévision pour assurer la promotion de l’ouvrage, mais il se plie parfois à l’exercice des interviews par téléphone :Sans discernement et sans sagesse, vous êtes prisonnier de vos propres fabrications mentales. Vous êtes le jouet de toutes vos pensées errantes, de vos peurs et de vos craintes !
Il y a quelques jours, j’étais en direct sur France Inter depuis ce petit chemin, dans la nature, à deux pas de chez moi !
En attendant de pouvoir retrouver son ermitage népalais, Matthieu Ricard prend du temps pour s’occuper de sa mère, l’artiste-peintre Yahne Le Toumelin, âgée de 97 ans. Il travaille aussi à la traduction de textes, à l’écriture, à la préparation d’expositions photographiques… des tâches dont les revenus seront reversés à son association humanitaire Karuna Shechen.