"J'ai quand même tué l'enfant que j'ai mis au monde" : dix à douze ans requis contre Nathalie B., jugée pour infanticide

Depuis jeudi 23 janvier, la cour d'assises de la Dordogne juge une jeune femme de 22 ans, accusée d'infanticide sur un nourrisson dont elle venait d'accoucher dans la gare de Bergerac en avril 2022. Ce lundi, l'heure était à la plaidoirie et réquisitoire. La décision de justice sera rendue mardi.

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Entre dix et douze ans de réclusion, c'est la peine demandée par l'avocat général à l'encontre de Nathalie B. Dans un long réquisitoire de plus d'une heure, il a justifié l'entière responsabilité de la jeune femme dans le meurtre de son bébé. Pour lui, elle était pleinement consciente de ce qu'il se passait.
La défense a ensuite pris la parole comme c'est la coutume. Dans sa plaidoirie, l'avocat de la jeune femme a mis en avant le déni, non pas de grossesse, mais celui de Nathalie, mettant en avant son immaturité au moment des faits.

Rappel des faits

Le 29 avril 2022, une femme de ménage découvre des traces de sang dans les toilettes de la gare de Bergerac, puis le corps sans vie d'un nourrisson dans la cuvette des WC, à peine recouvert de papier toilette. Ce sont le placenta et le cordon ombilical, trouvés au même endroit, qui feront comprendre aux enquêteurs que l'enfant était né sur place.

Le corps d'un nouveau-né retrouvé dans les toilettes de la gare de Bergerac ce vendredi 29 avril 2022. © FTV

Très vite, les enquêteurs remonteront très vite la piste de la mère et de son compagnon, puisqu'ils seront interpellés moins d'une semaine après la découverte du corps. Âgée de 19 ans à l'époque, Nathalie Bost reconnaît les faits. 

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"Je ne me rendais pas compte"

"C'est un bébé qui était formé, il bougeait, il était forcément attendrissant et vous lui avez jeté du papier toilette dessus comme un déchet", avance l'un des assesseurs. "Je ne me rendais pas compte", explique Nathalie Bost lors de sa dernière audition ce lundi 27 janvier. 

Je ne sais pas, je ne m'en souviens pas. Je n'ai pas la notion du temps.

Nathalie Bost

La présidente a pourtant tenté pendant plus d'une heure d'éclaircir des versions qualifiées de mensongères pendant l'instruction, mais aussi durant ce procès. "Que pensez-vous de cet acte ?", lui a-t-elle demandé. "J'ai quand même tué l'enfant que j'ai mis au monde, répond l'accusée en larmes. Ce que j'ai fait est immonde. Je devrais être à la place du gamin au lieu d'être ici.

La prison m'aura servi de leçon.

Nathalie Bost

Jugée pour infanticide

 

Le rôle de l'ex-compagnon

Ce lundi, Nathalie Bost est aussi revenue sur le rôle joué par Cedric Linares, son ex-compagnon, de vingt ans son aîné. Sait-elle pourquoi il n'a pas appelé les pompiers ? "Non, c'est une des questions que je me pose et j'aimerais bien avoir des réponses", répond-elle dans le box des accusés. 

Son conjoint de l'époque est poursuivi de son côté pour "abstention volontaire d’empêcher un crime et non-assistance à mineur de 15 ans en danger". Il encourt une peine de sept ans de détention et de 100 000 euros d'amende.

Cédric Linares a, lui aussi, été longuement entendu ce lundi 27 janvier. L'avocat général a requis à son encontre cinq ans d'emprisonnement dont deux avec sursis. Son avocate a plaidé la relaxe. 

"Un torrent d'émotion"

Vendredi 24 janvier, lors du deuxième jour d'audience, des clichés du bébé retrouvé mort dans la cuvette des toilettes de la gare de Bergerac avaient été projetés sur les écrans de la salle d'audience. Un nouveau-né qui a été noyé. "Il aura eu quelques instants de respiration", dira le médecin légiste d'après l'autopsie.

"Il y a un torrent d'émotion à l'intérieur de cette jeune femme", expliquait son avocat Reda Hammouche. "Simplement, elle est contenue dans sa manière de l'exprimer. Elle ne veut pas être dans la théâtralité. Le fait de l'avoir exposée à ces photos lui a rappelé ce qu'il s'est passé, lui a montré ce qu'il s'est passé. Vous avez vu une enfant qui s'est effondrée en larmes et qui réalise la portée de son crime.
Et qui, contrairement à ce qu'on a pu entendre parfois, a bien des émotions, et même des émotions extrêmement épouvantes à vivre pour elle
". 

Les jurés se sont retirés en fin d'après-midi pour délibérer. Leur décision sera rendue mardi 28 janvier. 

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