Devenue trop dangereuse, la célèbre grotte du Jugement Dernier de Brantôme doit fermer

La grotte de Brantôme l'un des lieux les plus visités de la petite cité touristique de Dordogne, mais les intempéries ont fragilisé la falaise qui la surplombe. Arbres et pierres menacent les visiteurs. Un an de chantier et une ardoise de 700 000 euros en perspective

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Elle fait partie du paysage, et du circuit touristique qu'empruntent chaque année les milliers de visiteurs français et étrangers de la célèbre petite cité touristique. La grotte du Jugement Dernier, creusée dans la falaise qui entoure l'abbaye de Brantôme est un mystère à elle seule.

1 000 ans d'occupation religieuse

Nichées derrière l’église abbatiale Saint-Pierre du Moyen Âge et les bâtiments conventuels du XVIIIe siècle, les cavités ont d'abord servi de refuge aux moines. Ils ont investi les lieux dès le VIIIe siècle, bénéficiant là d'une source réputée miraculeuse.
La légende prétend également que 
Charlemagne lui-même aurait fondé l'abbaye bénédictine en y apportant les reliques de Saint-Sicaire, enfant martyr et un des Saints Innocents. Les lieux sont restés depuis occupés par des religieux. Le village monastique se dressera, adossé à la falaise, face au village profane, de l'autre côté de la rivière, pendant un millier d'années, jusqu'à la Révolution française.

Au cours des siècles, la grotte dite du Jugement Dernier a été aménagée et agrandie par ses occupants. Un bas-relief particulier justifie le nom de l'endroit : la représentation d'un christ dominant la représentation d'un squelette tenant une faux, des anges soufflant dans des trompettes et des morts sortant de leurs tombeaux. Une curiosité dont les visiteurs vont devoir se priver pendant un an pour des raisons de sécurité.

Dérèglements climatiques

Ce qui fait la particularité du lieu en fait aussi sa fragilité. À fleur de falaise, la grotte est surplombée à quelques mètres par un couvert végétal qui ne prend racine que dans quelques dizaines de centimètres d'humus. En dessous, la roche. Les aléas climatiques de ces dernières années, alternance de sècheresses et de pluies abondantes, ont fragilisé ce couvert végétal dans lequel de nombreux arbres se sont développés.
En novembre 2022, l'alerte est donnée : un arbre d'une dizaine de mètres tombe du haut de la falaise, juste devant l'entrée de la grotte. "Ça a été une vraie surprise parce qu'en fait, il n'y avait pas d'évènement climatique particulier, on n'avait pas eu de pluie diluvienne ou de coup de vent qui ont précédé la chute", se souvient Julie Martinet, la directrice de l'Office de Tourisme Périgord Dronne Belle.

"Au moindre coup de vent, les arbres tombent"

Et les choses ne se sont pas arrangées ces derniers temps. "Avec la météo que l'on a eue, les sols sont détrempés, donc au moindre coup de vent les arbres tombent," confirme Frédéric Vilhes, président de l'Office de tourisme. "On a 80 cm de terre au mieux pour des arbres qui font 20, 25, 30 mètres. Le système racinaire ne permet pas que les arbres résistent."

Rattraper le retard

Et les arbres déracinés entraînent à leur tour la terre et les rochers. Un rocher s'est même abattu alors qu'une visite était en cours. Après 32 ans sans sécurisation en profondeur, il convenait donc d'intervenir. "Les grillages qui ont été mis ne jouent plus leur rôle," constate Jean-Paul Couvy, président de la communauté de communes, "donc on est obligés de fermer le site pour des raisons de sécurité".

Coûteux, mais nécessaire

Gros chantier de consolidation en perspective : trois cents arbres doivent être évacués, de nouveaux filets de protection posés, et l'ensemble de la zone fera désormais l'objet de contrôles et d'entretiens suivis. Mais ce n'est pas tout, la grotte elle-même doit être consolidée pour éviter les risques d'effondrement. "Il va falloir faire trois piliers, ce que les architectes des bâtiments de France n'apprécient pas trop", explique Monique Ratinaud, maire de Brantôme, "mais c'est la condition sine qua non pour préserver ce site !"
La durée du chantier est estimée jusqu'au printemps 2025 pour un coût qui devrait osciller entre 400 000 et 500 000 euros, auxquels il convient d'ajouter environ 200 000 euros de pertes de recettes liés à la fermeture du site pendant la saison. Le prix à payer pour ce joyau monastique qui participe à la renommée du lieu.

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