Grippe aviaire. Elevés en plein air, ses canards n'ont jamais été contaminés : un éleveur veut défendre son modèle agricole

Un éleveur périgourdin laisse ses canards à l'air libre. Convaincu que sa méthode ne favorise pas la propagation du virus de la grippe aviaire, il participe à une expérimentation en lien avec le ministère de l'Agriculture.

Au dos de son tee-shirt, le ton est donné : "sauvons l'élevage de plein air". Pour Jean-François Roudier, plus qu'un slogan, c'est un mode de vie et son modèle agricole. Dans sa ferme de Saint-Avit, qu'il gère avec son frère, c'est ainsi "depuis plus de 40 ans". 

"Je fais partie des fermes qui ont pratiqué la désobéissance"

Ici, les canards font partie du paysage. Derrière des grillages que nous ne pourrons franchir, sécurité sanitaire oblige, on peut voir des centaines de palmipèdes s'ébrouer sur l'herbe et près des abris. Grippe aviaire ou pas, les canards de Jean-François sont et resteront à l’extérieur. Cet irréductible défenseur du plein air veut démontrer, coûte que coûte, que sa méthode n’influe pas sur la propagation de la maladie ou le risque sanitaire.

"Je fais partie des fermes qui ont pratiqué la désobéissance et possède le seul élevage sur 30 kilomètres qui n'a pas été contaminé".

Je n'ai jamais enfermé mes animaux et... ça a marché !

Jean-François Roudier

Eleveur de canards à Saint Avit-de- Vialard (24)

Des règles très strictes

Alors que le risque de grippe aviaire vient d’être abaissé, cet éleveur tient à maintenir ses règles de biosécurité. Seuls lui et son frère peuvent intervenir sur le site auprès des animaux. Ils se sont partagés les cycles d'élevage. Lui s'occupe des canetons et son frère prend sa suite. L'organisation est telle que "tout se fait de l'extérieur : l'alimentation, la boisson, le paillage, sans qu'on entre dans les bâtiments, assure l'éleveur. 
Même le vétérinaire est gardé à distance. "Quand on a eu la crise l'a dernier,  avec les analyses obligatoires, le vétérinaire ne rentrait pas sur l'exploitation. C'est moi qui allais chercher les animaux pour qu'il fasse le prélèvement".

Il faut dire que depuis la  crise épidémique de 2016, ils ont investi près de 160 000 euros dans le cadre d'une dérogation, à l'époque qui permettait de garder les volailles en plein-air moyennant des aménagements... Dérogation devenue caduque au fil des crises à répétition et des changements de ministres.

Dernier aménagement, un tapis de pierres à l’entrée du hangar des canetons, par mesure d’hygiène. Ainsi, les canetons ne restent pas dans la terre qui peut être boueuse selon la météo et surtout, ils peuvent être sortis dès trois jours d'existence. Car selon Jean-François, "c'est comme ça qu'ils deviennent robustes!"

18 mois d'expérimentation


L'expérimentation lancée par Jean-François se mène au niveau national avec le ministère de l’agriculture. Sur un échantillon de 140 fermes, le but est d’éviter à terme, les confinements des animaux et leur abattage systématiques. Pour l'éleveur, c'est aussi surtout démontrer que ce modèle d'élevage n'est pas plus responsable des contaminations.

"Depuis la crise de 2016, l'élevage de plein-air a été montré du doigt, accusé". Alors que pour lui, "rien n'a été prouvé scientifiquement !"
Il veut aussi montrer le décalage avec les grosses structures, et les élevages fermiers plus modestes expliquant que, chez lui, il n'y a jamais plus de 600 bêtes à l'hectare.

Jean-François participe à cette expérimentation qui concerne les filières avicoles et porcines en tant que référent terrain avec deux autres éleveurs, en Dordogne et dans le Lot. Son exploitation, ainsi qu'une autre de Dordogne, sont entrées en phase de test ce mois-ci.

Et pour Jean-François Roudier, l'enjeu est clair. Il espère que cette expérimentation va permettre de "sauver l'élevage paysan de plein-air et démontrer que toutes les contraintes et abattages n'ont servi à rien." L'expérimentation devrait durer 18 mois. Les résultats sont attendus en 2025.

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