Ce lundi 18 mars, le risque de grippe aviaire est passé d'élevé à modéré en France. Les producteurs peuvent de nouveau élever leurs canards dehors, après un confinement de deux mois et demi. Un soulagement pour toute la filière.
Pour certains canards, c'est leur toute première excursion à l'extérieur. Depuis 70 jours, les palmipèdes landais devaient être enfermés, face au risque élevé de grippe aviaire. Ce lundi 18 mars, le risque est passé à modéré en France, relâchant la pression sur les éleveurs et la filière.
"C'est un soulagement pour toute la profession, pour nous, éleveurs, et pour les animaux aussi", salue Adrien Lassalle, éleveur et gaveur de canards à Montaut, dans les Landes. "Un canard, c'est vraiment fait pour être dehors, donc je pense qu'ils sont aussi heureux que moi d'être dehors aujourd'hui", sourit cet éleveur landais, au milieu de ses bêtes.
Le succès de la vaccination
"C'est une délivrance, une très bonne nouvelle, qu'on attendait depuis un petit moment, abonde Eric Dumas, éleveur à Horsarrieu et président du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (CIFOG). En risque modéré, normalement, nous devons garder les animaux à l'abri, mais nous avons obtenu un allègement de cette mesure, car il y a peu d'incidence du virus au niveau national."
Seuls dix foyers ont en effet été recensés le 16 mars en France, contre 315 à la même date en 2023. Une baisse très forte de l'épidémie de grippe aviaire, qui s'explique en partie par le succès de la vaccination, lancée il y a six mois au niveau national. Dans les Landes, 1,5 million de canards ont reçu le précieux produit.
C'est une réussite collective, avec une prise de conscience de l'importance de la biosécurité en élevage, et la vaccination qui nous a permis de passer un cap.
Eric DumasPrésident du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras
Malgré le risque modéré, pas question pour les éleveurs de relâcher leur vigilance. "La grippe aviaire n'est pas derrière nous, prévient Eric Dumas. Il faut rester vigilants, assez précautionneux, car le risque est toujours modéré, donc on n'est pas à l’abri d’avoir une résurgence de foyers." Toutes les mesures de confinement ne sont d'ailleurs pas levées : les canards doivent être âgés de 42 jours avant d'être autorisés à sortir.
Un soulagement pour les distributeurs
Ce passage en risque modéré signifie tout de même un retour vers une production plus normalisée, ce qui est aussi une bonne nouvelle pour les distributeurs collaborant avec les producteurs landais. En 2021 et 2022, la maison Lafitte avait par exemple perdu plus de la moitié de sa production. "Cela fait plusieurs années qu'on est un plein cœur du réacteur de la grippe aviaire, souligne Fabien Chevalier, le directeur général. Aujourd'hui, c'est un soulagement. Et la chose positive, c'est que nos clients attendent nos produits."
On a vécu plusieurs années en pénurie, et aujourd'hui, de retrouver du volume à offrir à nos clients, c'est très satisfaisant.
Fabien ChevalierDirecteur général de la maison Lafitte
Chez les producteurs aussi, on est impatients de remettre de l'offre sur un marché demandeur. "En tant qu’éleveur, une épidémie de grippe aviaire, c'est quelque chose de traumatisant. Maintenant, l'idée est de repartir doucement en production, et de revenir au rendez-vous pour le consommateur", développe Eric Dumas.
"On espère aussi qu’on passera en risque faible le plus rapidement possible, car les beaux jours vont arriver", s'avance Adrien Lassalle. Avec l'espoir de mettre, grâce au vaccin, la grippe aviaire et les trois dernières années noires derrière soi.