Dans la nuit de mardi 21 novembre à mercredi 22 novembre, des dizaines de panneaux de communes périgourdines ont été retournés. L’acte, réalisé par les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA veut faire réagir les pouvoirs publics face à la “concurrence déloyale” sur le marché agricole.
Sur la route ce mercredi matin, les automobilistes se sont sentis mal réveillés ou en proie à d’étranges hallucinations. Et pourtant, rien à voir avec leur vision : les panneaux de leur ville se sont bien retrouvés sens dessus dessous.
En Dordogne, toutes les communes ont été victimes de ce renversement. “Une centaine d’adhérents ont travaillé toute la nuit pour qu’aucune commune ne soit oubliée. Les maires ont aussi joué le jeu en laissant les panneaux retournés plusieurs jours”, explique Anaïs Claudel, chargé de communication des Jeunes Agriculteurs de Dordogne.
"On marche sur la tête"
L’acte symbolique a été initié au niveau national par la FNSEA, le premier syndicat agricole. “On marche sur la tête”, c’est le slogan de cette opération coup de poing. Les militants avaient déjà sévi dans les Deux-Sèvres, et dans le Limousin. En Dordogne, le mouvement a été rejoint par les Jeunes Agriculteurs.
Hausse de la redevance pour la pollution diffuse (RPD), redevance eau, dérogation jachères, engagements de la PAC 2023-2027, les points de revendications sont nombreux. “La France a le secret pour sur-transposer beaucoup de normes qui asphyxient aujourd’hui les exploitations”, explique Anaïs Claudel. C’est aussi ce que déplore Martin Roquecave, un fraisiculteur adhérent aux Jeunes Agriculteurs. “Tous les jours, je vois les normes s’empiler, on nous supprime les produits efficaces sans les remplacer”, détaille l’agriculteur.
Concurrence déloyale
Autre volet majeur des revendications : la concurrence avec les autres pays de l’union européenne. “Il y a une forme de concurrence déloyale dans ce libre-échange, avec des pays qui ne respectent pas les mêmes normes que la France. Les consommateurs sont trompés”, explique Anaïs Claudel.
Pour les agriculteurs, ces normes ont forcément un coût sur leurs méthodes d’exploitation. “Les portes sont grandes ouvertes pour des produits qui ne respectent pas ce qu’on nous impose", souffle Martin Roquecave.
On nous demande beaucoup d’efforts, mais il n’y a aucune récompense.
Martin RoquecaveFraisiculteur en Dordogne
Les agriculteurs demandent donc la mise en place concrète de la loi Egalim, qui vise à mieux rémunérer et protéger les agriculteurs. “Les élus doivent se rendre compte que ça va mal sur les exploitations, il faut une prise de conscience des décideurs, pour qu’ils apportent des solutions qui ne passent pas par cette transition normative insoutenable”, martèle Anaïs Claudel.
En parallèle, un plan d’orientation agricole doit voir le jour “depuis six mois”. “Pour augmenter le Gaz non routier, ça se fait dans la journée, mais pour protéger les revenus des agriculteurs, même après trois ans, rien est encore acté”, souffle la chargée de communication des Jeunes Agriculteurs.