"Je fais ce que j'avais annoncé aux dernières élections" : Jacques Auzou, maire de Boulazac-Isle-Manoire, quitte son poste après 36 ans d'exercice

Jacques Auzou a officiellement confirmé la nouvelle ce mardi 1ᵉʳ octobre. Il quitte ses fonctions de maire, mais conserve celles de président de l’Agglomération du Grand Périgueux, conseiller départemental et conseiller municipal. Il passe la main à Fanny Castaignede qui devrait devenir la première femme maire de Boulazac.

"Je suis encore maire jusqu'au prochain conseil municipal qui procédera à l'élection du nouveau maire, c'est-à-dire le 12 octobre". Pendant quelques jours, il faut donc encore appeler Jacques Auzou "Mr le maire". Et l'habitude sera sans doute difficile à perdre : cela fait 36 ans qu'on l'appelle ainsi. Jacques Auzou n'a jamais caché qu'il souhaitait mettre un terme à sa fonction avant la fin de son mandat.

Longévités exceptionnelles

Il aura tout de même attendu de battre le record de son prédécesseur et mentor. C'est Lucien Dutard qui a appelé Jacques Auzou, Lot-et-Garonnais d'origine et fils d'ouvrier forestier, à Boulazac en mai 1982. Lucien Dutard, instituteur communiste, avait été élu maire de Boulazac en mai 1953 et avait exercé son mandat jusqu'en janvier 1988, soit pendant 35 ans. Jacques Auzou, percepteur, lui a succédé de janvier 1988 jusqu'à ce 12 octobre 2024, c'est-à-dire durant 36 ans. "J'ai fait exactement la même chose, j'ai été élu cinq ans, et avant la fin du mandat, il m'a passé la main. C'est ce que je fais, ce que j'avais annoncé aux dernières élections. Je fais la même chose avec Fanny."

Passage de relais féminin

C'est effectivement à Fanny Castaignede, sa collaboratrice depuis 25 ans et cheffe de cabinet pendant 18 ans, que Jacques Auzou souhaite passer le flambeau. "j'ai une fierté de pouvoir passer la main à une femme, c'est la première fois que Boulazac aura une maire femme." se réjouit-il. Son adjointe en charge de la démocratie participative et de la citoyenneté, par ailleurs conseillère régionale, connaît les dossiers sur le bout des doigts. Cette cadre de la fonction territoriale est aussi une enfant du pays. Avec le soutien du maire sortant, elle est quasi-assurée de passer avec succès l'épreuve du vote de confiance de l'équipe municipale, le 12 octobre prochain.

Pourquoi maintenant ?

Pas de raisons cachées pour ce départ, Jacques Auzou évoque tout bonnement ses limites naturelles. "Très simplement, j'ai 75 ans, je suis handicapé. J'ai la chance d'avoir gardé intellectuellement mes facultés, mais je vous rappelle que je suis à la mairie, au département et à l'agglomération, ça fait beaucoup de choses." D'ailleurs, il compte bien garder ses autres mandats de conseiller municipal, pour terminer quelques dossiers, de président de l'agglomération de Périgueux et de conseiller départemental.

Aujourd'hui, sur le plan culturel, sur le plan sportif, sur le plan social, je crois que Boulazac a trouvé un statut dans ce département, et je crois y être pour un petit peu quand même...

Jacques Auzou

Maire de Boulazac-Isle-Manoire

"Je suis d'une école très basique, agricole"

Parmi les réalisations dont il tire une certaine fierté, il y a tout d'abord le quartier de l'Agora qui a donné une identité et une image de modernité à un ensemble de quartiers auparavant disparates. Il y a aussi le statut de Boulazac comme premier pôle international des arts du cirque, le plaisir d'avoir une équipe sportive professionnelle et des équipements scolaires de qualité. Sans compter les investisseurs qui ont été séduits par ces atouts et l'emploi qui a bondi sur la commune, passant de 3 200 à l'arrivée de Jacques Auzou à plus de 8 000 lorsque la commune a fusionné pour devenir Boulazac-Isle-Manoire ."Je suis d'une école très basique, agricole. Moi, on m'a toujours appris que je serai riche si je dépense l'argent que j'ai déjà gagné... C'est tout le sens de ma démarche à Boulazac", explique le maire. 

Cette démarche, c'est de susciter du développement économique qui crée de la richesse, et après, on assure une redistribution au bénéfice de tout le monde.

Jacques Auzou

Maire de Boulazac-Isle-Manoire

Une candidature en 2026 ?

N'excluant rien sur la possibilité d'une nouvelle présidence de l'agglomération en 2026, Jacques Auzou rappelle que tout dépend d'abord de qui sera élu dans les municipalités. Mais il admet "qu'il y a encore de très, très belles choses à faire dans l'agglomération". À l'heure où nombre d'intercommunalités sont en crise, la manière dont il a réussi à fédérer les élus est une recette qui" prouve une certaine efficacité" et qu'il n'exclut pas de mettre à nouveau à l'épreuve.

Interview menée par Émilie Bersars.