Jeux vidéo. Grâce à la fibre optique, une entreprise à succès et ses salariés choisissent la campagne plutôt que Paris

Evocati a traduit certains des plus grands jeux vidéo en français. Fortnite, League of Legends ou Zelda en VF, ce sont eux. La petite société née à Paris s'est délocalisée en Dordogne.

C'est une référence mondiale dans le domaine. Evocati a été créée en 1999 par Geoffroy Marty, un ancien journaliste de la presse informatique, pour occuper un créneau bien particulier : la traduction et l'adaptation de jeux vidéo à l'espace français. En un quart de siècle, Evocati s'est taillé une place de choix dans le milieu, traduisant dans la langue de Molière des jeux mondialement connus tels que League of Legends, Fortnite, Killzone, Zelda ou Warcraft 3. Et depuis le mois d'octobre dernier, cette référence mondiale s'est délocalisée à Hautefort, au nord-est de la Dordogne, à mi-chemin entre Brive et Périgueux.

Stress urbain

Le travail d'Evocati ne consiste pas qu'à traduire mot à mot, il s'agit aussi d'adapter les références à la culture française, de trouver les codes qui parleront aux gamers de langue française. Un travail exaltant, prenant, dynamique... et épuisant. "On travaille dans une industrie qui est toujours pressée, dans des délais qui sont extrêmement brefs", explique Jean Bury, un des traducteurs, par ailleurs écrivain de Science-fiction. "On a eu des cas où on a dû travailler dur, tard, beaucoup pour pouvoir être dans les temps". Une source de pression au quotidien dans la grisaille et le stress de la banlieue parisienne, des bureaux de Boulogne-Billancourt. Jusqu'à ce que, un beau jour de télétravail pour cause de covid, Geoffroy Marty qui avait des attaches et une maison familiale en Dordogne, se décide à délocaliser son petit monde à Hautefort. C'était en octobre dernier. Transfert aussi radical que salvateur.

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La société Evocati traductrice de jeux vidéo a quitté la vie parisienne pour s'installer en Dordogne, un choix de vie assumé ©France 3 Périgords - Bertrand Lasseguette & Pascal Tinon

Changement de paradigme

"La lassitude se faisait vraiment sentir ! Moi, j'ai vécu en ville pendant toute ma vie d'adulte et j'éprouvais un sentiment de lassitude. Le même qui a été exprimé par mes collègues", explique Jean Bury, qui travaille pour Evocati depuis les débuts. "Trop de bruit, trop d'agitation, on est un peu compressés, les uns sur les autres, la place est chère, donc on vit dans des petits appartements."

Un peu d'air frais, du vert, de la nature, un petit peu plus d'espace pour pouvoir vivre, c'est quelque chose à quoi j'aspirais.

Jean Bury

collaborateur d'Evocati

Une conversion radicale pour le collaborateur qui, dans la foulée, s'est acheté une maison à rénover et a dû trouver un moyen de locomotion ! Il n'avait jamais eu de voiture, luxe coûteux et inutile à Paris. Il a donc pris un petit véhicule électrique sans permis. "Ça me suffit, tout se trouve dans un rayon de dix kilomètres, finalement, on n'est pas si isolés que ça !", sourit-il. Ses collègues renchérissent avec une vie trop chère et un "stress incessant" généré par la ville. 

Game au vert

Pas de stress ni de rush à la sortie des bureaux, du ciel et la lumière du jour aux fenêtres plutôt que la façade des immeubles, la possibilité de marcher dans la nature quand on veut, le calme, tout en gardant son activité : la longue liste des avantages a décidé sept des onze collaborateurs à sauter le pas. Un changement d'habitudes à opérer, mais déjà une réussite pour Jean Bury. "En région parisienne, on sort, on va boire un verre avec des copains, dans un bar, etc. On peut faire ça ici aussi, mais c'est vrai que c'est beaucoup plus facile dans Paris. Mais maintenant, peut-être parce que je suis plus âgé, ça me branche nettement moins et, au contraire, retrouver le calme, la verdure, entendre à l'extérieur non pas des camions qui passent, mais des oiseaux qui chantent, pour moi ça fait une grosse différence, vraiment."

Transfert de données

La téléportation s'est faite grâce à l'arrivée de la fibre optique à Hautefort, un village de 800 habitants. Pour son activité, Evocati a juste besoin d'un local, de ses ordinateurs, d'une adresse IP fixe, et d'une connexion musclée à internet. C'est peu, mais essentiel pour garantir le lien avec des clients très exigeants avec qui la liaison ne doit pas s'interrompre. 

La petite société réalise en effet 1,5 million de chiffre d'affaires chaque année, presque exclusivement avec des concepteurs étrangers. La délocalisation des collaborateurs, des postes de travail et des ordinateurs s'est faite en souplesse. Mais ensuite, quitte à vivre à Hautefort, autant en profiter. L'équipe s'est installée dans une spacieuse maison périgourdine avec vue sur le château d'Hautefort et la forêt voisine. Un cadre de carte postale.

Prendre racine dans la campagne

Il faut bien sûr confirmer la greffe pour cette équipe d'urbains qui va désormais vivre les charmes tranquilles de la campagne, dans la longueur, au fil des saisons. "Ça a été un changement intéressant parce que j'avais jamais vraiment vécu à la campagne, mais j'y avais passé beaucoup de vacances", confie Mélanie Gibert. Et la jeune traductrice d'ajouter dans un sourire," il y a beaucoup de calme, les gens sont très détendus... et de manière générale, tout le monde est très agréable, ce qui change beaucoup de Paris, où personne ne veut se croiser le regard."

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