Même si elle a été rattrapée au fil des siècles par la dinde, l'oie de Noël est une coutume qui perdure. Dans le Périgord, une poignée de producteurs fermiers continuent d'élever ces volailles dans la tradition, sans parvenir à satisfaire à la demande importante des consommateurs pour les fêtes.
"Allez les filles, on rattrape le groupe. On avance, on va dire bonjour." Par-dessus le bruit des cacardements, Albin Meynard tente de guider son troupeau d'oies. Elles sont plusieurs dizaines à le suivre, en groupe, tantôt d'un côté, puis de l'autre. Passionné par son métier, Albin Meynard est l'un des rares à élever des oies dans le Périgord. Pourtant, l'espèce est l'une des spécialités de la région, au même titre que le canard.
Une tradition de plusieurs générations
À une quinzaine de kilomètres de Périgueux, les oies d'Albin Meynard sont élevées dans la tradition locale depuis trois générations. Elles grandissent en plein air et sont nourries avec les céréales de l'exploitation."On achète des petits oisons âgés d'un jour, on assure le démarrage avec les poussinières chauffées et on les élève jusqu'à l'âge de quatre mois et demi. Sur la ferme, on a aussi une salle d'abattage et de transformation. Tout est fait sur place", développe l'éleveur.
Le Périgord est l'un des principaux territoires producteurs d'oies, principalement dans des petits élevages fermiers et familiaux.
Albin MeynardEleveur d'oies à Sorgues
La grand-mère d'Albin Meynard a commencé à vendre des conserves en direct à la ferme dans les années 50. Ses parents, à leur installation en 1975, se sont spécialisés dans la production d'oies et la nuciculture. Il s'est associé à eux en 2010, en développant la production du foie gras d'oie. D'année en année, la demande ne faiblit pas. "Avant les fêtes, il y a des ruptures de stock sur plusieurs produits", constate le producteur.
L'oie a toujours été la volaille traditionnelle de Noël. Plus charnue et grasse qu'un poulet, elle avait coutume de "garantir la protection à celui qui en mangeait". Même si elle a depuis été détrônée par la dinde aux marrons, moins onéreuse, l'oie a encore la préférence de nombreux consommateurs. "C'est plus fin comme viande. Chaque année, on achète notre pâté et notre foie gras, pour améliorer l'ordinaire et satisfaire nos invités", témoigne ce couple de Périgourdins, venus faire leurs emplettes à la ferme Meynard.
Une production limitée en France
En Dordogne, l'élevage d'oies reste peu développé. On compte seulement une trentaine de producteurs fermiers. "Les produits de l'oie et du canard sont très demandés lors de la saison estivale, qui est très touristique chez nous, mais la meilleure période reste l'hiver. Le problème est qu'il s'agit d'une toute petite production... Elle est rare, donc l'offre ne permet pas de répondre à la demande", explique Alexandre Léon, animateur de l'association Foie Gras du Périgord. Et cela se répercute sur les tables de fêtes : deux tiers des oies consommées proviennent de l'étranger.