Le "forcené de Dordogne" devant la justice : "je voulais qu'ils me tuent, je n'avais pas le courage de le faire moi-même"

Le procès de Terry Dupin s'est ouvert ce mardi, au tribunal correctionnel de Périgueux. Il y a deux ans, cet homme surnommé le forcené du Lardin-Saint-Lazare avait agressé la mère de ses enfants et son nouveau compagnon. Il s'était ensuite retranché dans une forêt. Il évoque désormais des envies suicidaires pour expliquer son geste.

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Il est arrivé ce mardi matin au tribunal correctionnel de Périgueux habillé d’une veste à carreaux rouges, les cheveux très courts, portant une barbe, avant de se changer et de revêtir un costume sombre pour assister à l’audience. Terry Dupin est jugé pour violences volontaires aggravées.

Dans son box, l’ancien militaire, aujourd’hui âgé de 31 ans, fixe la présidente et écoute, impassible, la lecture du rapport des faits. Puis, d’emblée, il présente ses excuses. "Je regrette beaucoup ce que j’ai fait. Je pense à la douleur physique et psychologique que j’ai engendrée sur mon ex, son compagnon et mes fils." Une attitude qui contraste avec l’homme violent et dangereux, qui a fait face aux forces de l’ordre durant de nombreuses heures en 2021.

"J'y suis allé pour mettre fin à mes jours "

Cette année-là, le 30 mai, il débarque, ivre de jalousie, dans la nuit, au domicile de son ancienne compagne, la frappe avec la crosse de son fusil et tire entre les jambes de son nouveau compagnon. Il venait de découvrir, par le biais d'une caméra contrôlée à distance, sa liaison avec un autre homme. "Elle m’avait promis, quelques heures plus tôt, que j’étais le seul à avoir compté pour elle en huit ans. J’ai senti une haine monter en moi "dit-il au tribunal.

Ce sont les voisins qui ont donné l’alerte. L’ancien militaire qui purgeait alors une peine de prison aménagée, avec un bracelet électronique et l'interdiction de s'approcher de son ex, refuse de se rendre et parvient à prendre la fuite après avoir tiré sur les véhicules des gendarmes. Il trouve refuge dans la forêt toute proche, où il se retranche.

Débute alors une traque d’un jour et demi entre les communes du Lardin-Saint-Lazare et de Condat-sur-Vézère, dans le Périgord noir. Elle va tenir en haleine la France entière. Les images sont diffusées sur toutes les chaînes de télévision. Pendant trente-six heures, plus de 300 militaires le recherchent et les 1 800 habitants du Lardin-Saint-Lazare sont confinés chez eux.

Déjà condamné pour des violences

Le GIGN, des hélicoptères, des drones, des équipes cynophiles sont mobilisés. Des échanges de coups de feu ont lieu entre Terry Dupin et les forces de l’ordre. C’est finalement un homme du GIGN qui parvient à le neutraliser. Le forcené est blessé au cou et devra subir une trachéotomie.

Blessure dont il porte aujourd’hui les séquelles et un pansement. Terry Dupin parle avec difficulté. Il est obligé de poser un doigt sur sa canule pour s’exprimer. La présidente l’interroge sur son état d’esprit cette nuit-là. " J’étais en colère, désespéré. Je voulais juste que ça s’arrête à ce moment-là" répond-il.

Lors de l’instruction, l’homme déjà condamné quatre fois pour des violences volontaires avait regretté les faits, expliquant que ce soir-là, il ne voulait tuer personne, mais qu’en revanche, il souhaitait se suicider en provoquant l’intervention des forces de l’ordre. Selon son avocat Me Arnaud Dupin, son client n'avait pas l'intention de tuer qui que ce soit. C’est d’ailleurs ce qui avait été retenu par le magistrat. Raison pour laquelle il comparaît aujourd’hui devant le tribunal correctionnel.

Mourir en uniforme

Devant les magistrats, Terry Dupin explique avoir tiré sur les gendarmes pour "qu’ils ripostent et qu’ils me tirent dessus. Je n’avais pas le courage de le faire moi-même ".
"Pourquoi être allé là-bas habillé en tenue militaire comme pour une Opex ? (opération militaire extérieure)" lui demande la présidente du tribunal. L’ancien soldat du régiment d'infanterie de Brive raconte que ce soir-là, il voulait mourir avec l’uniforme. C’est pour cela qu’il était habillé d’un treillis. Ce à quoi répond Éva Dunand-Fouillade: " Vous vous présentez comme un homme désespéré, mais une fois sur place, vous ne vous suicidez pas. Au contraire, c’est vous qui agressez votre ex-compagne et l’homme qui est avec elle".

Face aux questions, Terry Dupin reste fidèle à sa ligne de défense. Celle d'un homme suicidaire. La magistrate commente alors son attitude face aux forces de gendarmerie venues pour l’arrêter et s'interroge.
" Là non plus, vous ne vous suicidez pas. Mais vous tirez une fois sur les gendarmes. L’homme désespéré que vous étiez à ce moment-là aurait pu se rendre, non ?". Réponse du prévenu : "Je voulais les provoquer, pour qu’ils me tirent dessus ". 

Quel homme supporterait de voir sa femme dans son domicile avec un autre homme ? On est vraiment dans une réaction qui est humaine.

Me Arnaud Dupin, avocat de Terry Dupin

à France 3 Périgords

"Mon client assiste à la perte de la cellule familiale qu'il a essayé de construire. Il a vu tout ça s'effondrer, sa vie n'a plus de sens, et il bascule", renchérit son avocat Me Dupin interrogé par France 3 Périgords.  

La violence a fait partie de ce couple qui a duré huit ans

Ce mardi, son ancienne compagne est présente à l’audience. Elle est la mère de leurs trois enfants. La jeune femme, qui avait déposé plusieurs plaintes pour des faits de violences conjugales, prend des notes sur un cahier. Interrogé par les parties civiles, Terry Dupin estime que " celui qui a le plus perdu, c'est moi. J’ai perdu ma liberté, mes enfants, ma vie d’avant et ma façon de respirer comme avant".

Amandine, qui à l’époque avait décrit une relation toxique et tumultueuse, marquée par des excès de jalousie, est aujourd’hui suivie psychologiquement. Selon son avocat, Me Réda Hammouche, elle ne souhaite qu'une chose : qu'il ne l'approche plus jamais. La maman veut pouvoir se reconstruire et surtout être protégée, ainsi que ses enfants. Ils avaient 2, 5 et 7 ans au moment des faits. C'est ce qu'elle a confirmé à la barre en expliquant "se ficher de la peine", mais en réclamant " la garantie que ses enfants seront protégés demain." 

On a eu une scène surréaliste que la France a pu regarder pendant trois jours et on a l’impression que là aussi, c'est quelque chose de relativement virtuel. On a des regrets de circonstances à l’audience, mais on n'est pas pour moi dans une pleine mesure de ce qui a pu se passer, et qui aurait pu finir beaucoup plus mal.

Réda Hammouche, avocat de l'ex-compagne de Terry Dupin

à France 3 Périgords

Les débats doivent durer trois jours. Terry Dupin encourt jusqu'à 14 ans de prison et 200.000 euros d'amende. 

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