Créées en 1944, les Compagnies Républicaines de Sécurité commémorent leurs 80 ans d'existence. Une branche de la police nationale un peu particulière, mobile et présente sur tout le territoire. Illustration à Périgueux.
Environ 160 hommes et femmes, dont 130 portent l'uniforme, font partie de la CRS 22 de Périgueux. La Compagnie Républicaine de Sécurité locale est commandée depuis un an par Fabrice Vazquez. L'autre compagnie du département, la CRS 17, est située à Bergerac. Et il existe neuf compagnies dans toute la Nouvelle-Aquitaine.
Issues de la seconde guerre... et du régime de Vichy
Les CRS, Compagnies Républicaine de Sécurité, ont été créées par le Général de Gaulle et par décret le 8 décembre 1944, après la dissolution des Groupes Mobiles de Réserve mis en place par le régime de Vichy. Groupes mobiles dont ils ont repris une partie des effectifs. "L'objectif était d'avoir une force d'intervention pour gérer des opérations, notamment de maintien de l'ordre, un peu compliquées que les forces locales n'étaient pas en capacité de gérer seules", explique Marie Aubert, préfète de la Dordogne.
Motards, maîtres-nageurs, montagnards et policiers de la route
Les CRS sont des policiers comme les autres, avec des missions pas tout à fait comme les autres. Chargées en priorité du maintien ou du rétablissement de l'ordre public et de la sécurité générale, les compagnies de CRS sont aujourd'hui mobilisées sur d'autres opérations. Elles sont par exemple appelées à encadrer de gros évènements festifs, culturels ou sportifs. Comme bon nombre d'autres compagnies, la CRS 22 de Périgueux a ainsi été envoyée en mission pendant trois mois, de fin juin à début septembre dernier, sur les Jeux Olympiques parisiens.
Aujourd'hui, on pense surtout manifestations quand on pense aux missions des CRS. Elles sont beaucoup plus variées que ça.
Marie AubertPréfète de la Dordogne
La sécurisation des grands évènements ou la sécurité routière sont effectivement moins associés aux CRS que les missions de contrôle des manifestations et les missions Police dans les zones sensibles. Pourtant, sur les autoroutes des métropoles, comme autour de Bordeaux par exemple, ce sont bien des CRS qui surveillent certaines portions d'autoroute. D'autres CRS participent au secours en montagne et sur les plages, il existe aussi des brigades de motards et même un ensemble musical.
75 compagnies dirigées par une femme
Il ne faut pas confondre les CRS appartenant à la force civile avec les gendarmes mobiles qui, comme leur nom l'indique, sont rattachés aux forces militaires de la gendarmerie. Soixante-quinze compagnies sont réparties à travers la France, parmi lesquelles une est dédiée à la protection des personnalités lors de voyages officiels, notamment celle du président de la République, neuf à la surveillance autoroutière et deux à la sécurité en montagne. Depuis 2020, et c'est une première, les CRS sont dirigées par une femme, Pascale Régnault-Dubois.
Voir le sujet France 3 Périgords - Léna Thobie-Gorce & Bertrand Lasseguette▼
Renforts d'urgence
Hiérarchiquement, le ministère de l'Intérieur et les préfets, responsables de l'ordre public, peuvent recourir aux compagnies de CRS ou de gendarmerie, en cas de situation grave, lorsque les forces de l'ordre locales ne sont pas en nombre suffisant. Mais une fois déployés, les CRS agissent comme renforts. "un commandant de compagnie, lorsqu'il est sur une manifestation, se met au service du gendarme ou du policier local qui mène la manœuvre en cas de violence urbaine ou de manifestation, sous l'autorité du préfet localement " explique la Préfète de la Dordogne.
Présents partout, et vite
Le déploiement des compagnies de CRS en région correspond à une volonté d'aménagement du territoire. L'objectif, c'est d'avoir des compagnies qui soient réactives pour intervenir au plus près des évènements, une manif imprévue, des violences urbaines... Le but est d'aller rapidement sur site pour pouvoir aider les forces de police locales.
Les CRS ont vocation à se déployer sur l'ensemble du territoire national et à l'étranger lorsqu'il existe un accord international
Fabrice VazquezCommandant de la CRS 22 de Périgueux
"Aujourd'hui, nous sommes à Périgueux, demain, nous irons à Strasbourg, depuis une dizaine de jours, nous revenons d'une mission transfrontière au Boulou, à la frontière franco-espagnole, sur une mission spécifique de lutte anti-immigration. Et vers le mois de mars, nous devrions aller sur Paris pour être en renfort zonal des missions de maintien de l'ordre et d'ordre public", énumère Fabrice Vazquez.
"Nous assurons des missions de sécurisation, de police générale, de renfort au profit des commissariats. Dès qu'on demande une force mobile, l'unité de coordination des forces mobiles sollicite la direction centrale des CRS et demande le déploiement d'un certain nombre d'unités."
Les CRS vivent les évènements au plus près puisque dès que les informations nous évoquent une situation de contestation quelle qu'elle soit, des compagnies de CRS interviennent.
Commandant Fabrice Vazquez
CRS voyageurs
"En moyenne, un CRS est à l'extérieur de son foyer environ 230 jours dans l'année. En 2024, la compagnie s'est déplacée sur 235 jours, dont 220 jours à l'extérieur de la Nouvelle-Aquitaine", continue Fabrice Vazquez. "Et en moyenne, chaque CRS est déplacé au minimum, entre 170 et 180 jours par an." Le reste du temps se partage entre les formations collectives, les activités du poste de police ouvert 365 jours 24h sur 24, et le maintien en service des services techniques et administratifs. "Dans toutes les compagnies, par rapport à notre effectif théorique, nous avons une obligation des 3/5 èmes opérationnels minimum déplaçables, pour assurer les missions de police." Des compagnies qui se déplacent avec leur propre logistique, nourriture, entretien des véhicules, agents techniques et administratifs...