Lecta, le groupe auquel appartiennent les papèteries de Condat vient d'annoncer la suppression d'une des deux lignes de production de l'usine de Dordogne. Un énorme coup dur pour les salariés, dont près de la moitié des emplois seraient menacés, mais aussi pour le territoire qui dépend beaucoup de l'activité. Face à cela, les élus se mobilisent.

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Depuis deux jours au Lardin-Saint-Lazare et aux alentours, l'ambiance est morose. "On est tous très tristes pour toutes les familles qui vont être impactées suite à cette annonce. On sent que les gens sont touchés", observe Sandra Vezolle, boulangère au Lardin-Saint-Lazare. La nouvelle est tombée le 20 juin dernier : les papèteries de Condat, premier employeur privé de Dordogne, vont réduire leur activité de moitié.

C'est le groupe espagnol Lecta qui l'a indiqué à travers un communiqué annonçant "un projet de cessation de la production de papier couché deux faces de l'usine de Condat pour concentrer son savoir-faire et ses ressources sur la ligne 8 dédiée à la production de papiers spéciaux." Près de la moitié des emplois des papèteries seraient menacés. Un coup dur pour le territoire, dont l'usine est un moteur d'activité, mais les élus locaux annoncent vouloir se battre pour le maintien de toute la production.

La détresse de tout un territoire

Depuis l'année dernière, les papèteries de Condat sont dans une situation délicate. Les baisses de commandes font tourner l'usine au ralenti. Depuis trop longtemps, selon le groupe Lecta, qui a annoncé la fermeture de la ligne 4 de l'usine de Condat. "J'ai appris la nouvelle par la presse et pas par l'entreprise dans un premier temps. L'entreprise m'a appelé dans un second temps. On s'y attendait, avec tout ce qu'on vit maintenant depuis plus d'un an, tout ce que ces salariés subissent depuis plus d'un an", réagit Francine Bourra, maire du Lardin-Saint-Lazare et conseillère départementale de Dordogne.

Les retombées sont énormes, c'est non seulement un drame pour la communauté de communes, mais bien au-delà, pour l'ensemble du département ! On avait l'habitude de dire que Condat c'était 2 500 emplois induits.

Francine Bourra, maire du Lardin-Saint-Lazare et conseillère départementale de Dordogne

à France 3 Périgords

Dans le village du Lardin-Saint-Lazare, à l'annonce de la fin de la production de papier couché, la tristesse est grande. "Je suis choqué. On s'y attendait un petit peu, car les commandes étaient en bernes, mais d'un coup, qu'une personne sur deux soit sur le carreau, c'est un gros choc pour tout le monde. Je pense que l'avenir à Condat va être de plus en plus inquiétant", déplore un salarié. Sur les 420 salariés que compte l'entreprise, 186 seraient concernés par des licenciements.

On a pris ça comme un coup de fusil.

Un salarié d'un sous-traitant des papèteries de Condat

à France 3 Périgords

"Les retombées sont énormes, c'est non seulement un drame pour la communauté de communes, mais bien au-delà, pour l'ensemble du département, alerte Francine Bourra. Toutes les entreprises qui vivent avec la papèterie seront directement impactées." Au-delà de son nombre de salariés, l'usine de Condat fait vivre de nombreux sous-traitants et les commerces alentours. Les papèteries de Condat représentent 2 500 emplois induits. "C'est toute une région qui part en carafe ! On a tous des amis et de la famille qui y travaillent, c'est une catastrophe", s'attriste un habitant.  

Un premier pas vers une fermeture définitive ?

Plus que des emplois qui seraient directement menacés, c'est à présent tout un territoire qui craint les prémices d'une fermeture définitive. Beaucoup s'interrogent sur le fait que la ligne 8 de production, la dernière subsistante, puisse survivre seule. "D'autant plus que la rentabilité à la tonne du papier glassine, sur la ligne 8 est trois fois moins importante que celle de papier couché d'édition de la ligne 4", assure Francine Bourra. L'édile craint le pire : "en s'appuyant sur des éléments techniques que l'on nous a fournis, ça ne sera pas viable, donc ça veut dire que d'ici à deux ou trois ans peut-être, ça sera l'arrêt total du site."

C'est de la casse sociale et financière. Au moment où l'on parle de réindustrialisation de la France, c'est un vrai scandale !

Dominique Bousquet, le président de la communauté de communes du Terrassonnais Haut Périgord Noir

France Bleu Périgord

La décision fait d'autant plus grincer des dents qu'en 2019, 80 millions d'investissements avaient été faits, dont 19 millions provenant de la région et 13 de l'État. "Il va falloir demander des comptes, il y a eu de l'argent public et un projet établi, pointe un salarié de sous-traitant. Ce dernier dit ne "pas être surpris" car il observait des retours de stock en Italie et en Espagne, où se trouvent les autres usines du groupe.

Derrière, ces annonces du groupe, la crainte d'une délocalisation se fait ressentir. "C'est particulièrement scandaleux que ce papier soit fait en Espagne, avec des aides françaises. Aujourd'hui encore, il y a des aides à l'énergie importante pour Condat, donc c'est le paradoxe. Avec nos impôts, on paye le développement d'entreprises en Espagne et en Italie et on continue à le financer", dénonce Dominique Bousquet, le président de la communauté de communes du Terrassonnais Haut Périgord Noir, au micro de France Bleu.

Des élus déterminés à empêcher la fermeture

"À l'heure où on parle beaucoup de réindustrialisation, j'attends beaucoup et notamment de l'État", déclare de son côté la maire du Lardin-Saint-Lazare, Francine Bourra. L'élu demande par ailleurs à être reçu par le gouvernement afin de "pouvoir expliquer ce qu'il en est". Elle annonce déjà "mettre tout en œuvre" avec la communauté de communes pour maintenir la ligne 4 et assure avoir le soutien du président du département, Germinal Peiro ainsi que la sénatrice Marie-Claude Varaillas.

Avec les autres élus locaux, la maire Francine Bourra veut "se battre" afin de "montrer qu'il ne faut absolument pas arrêter cette ligne 4". Elle promet : "On ne lâchera pas. On l'a fait il y a quelques années et on a réussi. On croyait qu'à ce moment-là, l'entreprise était sauvée, mais aujourd'hui ça recommence." Pour beaucoup, il en va de la survie du territoire.

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