En février 2020, L214 diffusait une vidéo tournée à l'intérieur de l'abattoir Sobeval de Boulazac. L'association dénonçait la maltraitance des veaux et le non-respect de la réglementation par la société. Les deux parties se sont retrouvées devant e tribunal correctionnel de Périgueux ce vendredi.
C'est un nouveau procès de la maltraitance animale. L214 et l'abattoir Sobeval se retrouvent ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Périgueux L'association antispéciste reproche à l'entreprise de mauvais traitements envers les veaux, avant et au moment de leur mise à mort.
Sans étourdissement préalable
Les faits remontent à l'hiver 2020. La Sobeval de Boulazac, propriété du groupe hollandais Van Drie, est l'un des plus gros abattoir de veaux en France. Une vidéo, captée à l'intérieur des locaux de l’entreprise, est diffusée par l'association L214.
Sur les images, particulièrement choquantes, sont visibles des veaux saignés, ou égorgés, sans étourdissement préalable. L214 signalait également des contrôles inexistants et des étourdissements, quand ils avaient lieu, "avec des tirs mal ajustés", "en violation de la réglementation".
Classée sans suite
La justice avait, dans un premier temps, classé l'affaire sans suite, estimant que l'abattoir s'était mis en conformité, après avoir été mis en cause par les militants. Mais L214 a opté pour une procédure de citation directe. "On était très étonnés de la décision de la procureure de classer l'affaire sans suite, alors qu'elle a reconnu que les faits étaient caractérisés, affirme Brigitte Gothière, porte-parole de L214. (...) Il y a eu une infraction à la réglementation,et les abattoirs doivent être jugés".
Dans un abattoir les animaux vivent du stress et de la douleur. En cas de non-conformité, cela veut dire que ce stress et cette douleur se retrouvent à un niveau plus élevé. Ne pas respecter la réglementation c'est délibérément faire souffrir les animaux.
Brigitte Gothière, porte-parole L214France 3 Périgord
"On attend une justice quelque part, qu'on reconnaisse les non conformités et qu'il en résulte la sanction qui correspond. Il s'agit d'un professionnel qui a eu moult rappels pour lui dire qu'il était hors des clous de la réglementation", poursuit la militante antispéciste.
"Le dirigeant de Sobeval n'a pas découvert la non-conformité au moment où on montre les images. Sans celles-ci, sans doute que cette situation perdurerait aujourd'hui", estime Brigitte Gothière. L214 a demandé des indemnités à hauteur de 25 000 euros pour couvrir les frais de procédure, ainsi que le préjudice matériel et moral.
Aucun dirigeant de la Sobeval n'était présent au tribunal ce vendredi. L'avocate de la société, Me Caroline Péchier, a refusé de s'exprimer auprès de notre équipe de France 3 Périgord.
Dans sa plaidoirie, elle a dénoncé dans les méthodes de vidéo cachée de L214, qualifiées de "déloyales" et de "violation de domicile". La défense a également estimé qu'il n'y avait pas d'acte volontaire de cruauté et que L214 ne subissait aucun préjudice personnel. Elle a donc demandé la relaxe de son client et réclamé 10 500 euros à l'association.
Agrément suspendu
A l'époque des faits, l'association avait immédiatement demandé la fermeture de l'abattoir. Mais après visionnage de la vidéo, la préfecture et le ministère de l'Agriculture, sous la houlette de Didier Guillaume, avaient estimé que la "non conformité à la réglementation n'était pas établie". Avant ensuite d'ordonner sa suspension temporaire après une enquête vétérinaire.
Entre temps L214 avait déclaré avoir en ses mains des mails du ministère, confirmant le non-respect de la réglementation au sein de l’abattoir et évoquant une stratégie de communication pour décrédibiliser l'association.
La décision du tribunal de Périgueux a été mise en délibéré au 6 mai.
Voir le reportage de France 3 Périgord :