Pour sauver leur usine de papeterie, les élus locaux demandent une nationalisation temporaire

Le plan social des papeteries de Condat, en Dordogne, se termine le 11 octobre. Il signera la suppression de 187 postes. Pour éviter cette issue, les élus locaux demandent la nationalisation de l'usine. Les salariés, eux, réclament la réouverture d'une des lignes de production.

"Je demande une nationalisation temporaire du site". Francine Bourra, maire du Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne, a lancé hier cette demande à destination du gouvernement, dans l’hémicycle du Conseil départemental de la Dordogne. Ce serait la dernière chance de sauver l'entreprise des Papeteries de Condat et les emplois. Elle s'en explique ce jeudi devant la presse.

Pourquoi une nationalisation temporaire ? 

Le PSE - plan de sauvegarde des emplois -  est en négociation jusqu'au 11 octobre. Francine Bourra, conseillère départementale de Dordogne et maire du Lardin-Saint-Lazare, demande à l'État de nationaliser temporairement le site des papeteries de Condat pour trouver une autre entreprise qui reprenne l'activité. "Il y a une vie pour Condat avec les deux lignes de papier, il y a le marché, tout y est, donc on ne voit pas pourquoi, feint de s'étonner l'élue. Ou plutôt oui, on comprend que Lecta veut ramener tout cela en Espagne ! il y a même des repreneurs". 

Moi, je dis que la seule chose qu'il faut, une intervention de l'État !

Francine Bourra, maire du Lardin-Saint-Lazare (24)

à France 3 Périgords

La maire n'en démord pas. "Lecta ne veut pas vendre donc il faut l'intervention de l'État. Soit au niveau des fonds de pensions (l'industriel est détenu par les fonds d'investissement anglo-saxons Cheyne Capital et Apollo, NDLR), soit par une nationalisation temporaire, le temps que les repreneurs puissent être mis en place. Moi, j'y crois !"  La demande de nationalisation a été adressée au préfet de la Dordogne.

"Le papier n'est pas mort"

L'élue estime que "le papier n'est pas mort et qu'il y a encore un marché". "C'est dommage que nos grands éditeurs soient obligés de s'approvisionner dans des pays étrangers", poursuit-elle. Une théorie appuyée par le cabinet d'experts SECAFI lors du point presse.
"Le choix stratégique de Lecta, il est fait selon le prisme de Lecta qui a un intérêt industriel. Nous, on regarde le prisme de l'intérêt premier de l'usine de Condat et des salariés. On envisage un scénario alternatif de relance de la production du papier couché, avec tous les effets bénéfiques en termes d’absorption des coûts fixes et de maximisation de l'apport de la nouvelle chaudière. Ces éléments nous ont amenés à un scénario positif", justifie Florian Fauchon du cabinet d'experts SECAFI.

Dans ce scénario, le nombre de suppressions d'emploi serait de soixante-dix postes. Avec les départs à la retraite et les départs anticipés, ce serait indolore pour le personnel.

Relancer la production 

La proposition de la maire fait débat. Eric Pestourie, élu syndical CGT, ne croit pas à la solution de nationalisation temporaire. "Je ne suis même pas sûr que ce soit possible au plan juridique". "En revanche, le souhait des représentants des salariés est que le PSE soit suspendu et que la ligne 4 de fabrication de papier couché double face, soit relancée. Cela peut préserver un maximum d'emplois et relancer la production à hauteur de la production nationale, qui est 330 000 tonnes de papier couché en France".

Le groupe Lecta, propriétaire des papeteries Condat, a stoppé la production de la ligne 4 le 28 février dernier, à la surprise des salariés et des élus locaux. Cet arrêt de production menace 187 emplois sur les 420 que compte l'usine. Cet été, Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, a écrit aux dirigeants de Lecta leur indiquant que cet arrêt était "une catastrophe économique et sociale pour le territoire", plusieurs sociétés étant dépendantes des commandes des papeteries Condat. Ce mardi, c'est l'atelier de transformation qui a définitivement fermé selon la CGT. Cet atelier mettait en palettes le papier couché fabriqué en Espagne et en Italie.

100 millions d'euros de dettes

Le papier couché sert notamment à la fabrication de livres, magazines, albums, et autres parutions de qualité qui se vendent encore en France. "Aujourd'hui, Lecta fait fabriquer ce type de papier en Espagne et en Italie, puis le vend avec la mention "papier Condat". Pourquoi avoir arrêté cette ligne de fabrication ? Lecta fait de la marge avec des coûts de production réduits", déplore le syndicaliste.

À ce jour, Lecta n'est pas vendeur de son site, qui est endetté à hauteur de 100 millions d'euros. Et le groupe a même investi dans une chaudière biomasse pour décarboner la production de vapeur. Les efforts du groupe portent sur l'autre ligne de production, la ligne 8 qui fabrique du papier glassine pour le marché des étiquettes de l’e-commerce, marché qui se développe fortement. Cette ligne de fabrication a reçu l'aide de la région Nouvelle-Aquitaine, qui a accordé un prêt de 19 millions d'euros à Lecta et de l'Etat avec une subvention de 14 millions d'euros.

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