Son rêve de vivre une retraite paisible dans le Périgord est enfin exaucé. À quelques jours de Noël, Bernard Martin-Mourey vient d'emménager dans sa petite maison construite grâce à la solidarité des habitants de son village. Le septuagénaire pensait avoir tout perdu après avoir été victime d'une escroquerie à la construction.
"Bonjour, bienvenue dans ma nouvelle maison !" En passant la tête par la porte, Bernard Martin-Mourey affiche un large sourire. À quelques jours de Noël, ce septuagénaire enjoué vient d'emménager dans la maison de ses rêves. Le lit est installé, quelques peintures personnelles sont accrochées aux murs, mais la plupart de ses affaires sont encore dans les cartons. Qu'importe. Bernard vit enfin dans son "petit coin de paradis", après avoir connu l'enfer.
Une escroquerie à 34 000 euros
Son cauchemar débute en 2021. L'historien en art, domicilié à Paris, se lance dans l'achat d'une tiny-house. Tout est pensé pour ce terrain de trois hectares, près d'un plan d'eau, qu'il a acquis dans la commune de Chalais, 400 habitants au nord-est de la Dordogne. C'est ici qu'il souhaite passer une retraite paisible et verdoyante. L'accord de construction est finalement conclu en 2022 avec une société basée dans le département voisin.
Cette nouvelle maison est comme celle que j'avais imaginée, il y a trois ans. La différence est que celle-ci baigne encore plus d'amour. C'est impressionnant.
Bernard Martin-MoureyVictime d'une escroquerie
Bernard verse un acompte de 34 000 euros pour payer les huisseries, le bois de structure et de bardage ainsi que le plancher de sa future demeure. La livraison de la cabane écoresponsable est prévue pour l'automne 2023. Le délai est sans cesse repoussé, jusqu'au jour où le constructeur cesse de répondre aux appels. Bernard ne recevra jamais sa commande. Il ne reverra pas non plus la somme déjà versée quelques mois plus tôt.
Élan solidaire
Dans un élan de solidarité, des habitants de la commune, amis ou anonymes, se retroussent les manches pour lui venir en aide. À la force de leurs bras, ils bâtissent bénévolement l'habitation de 40 m² en quelques semaines. Aucun d'entre eux n'a réalisé un tel projet avant celui-là. "On a eu beaucoup de travail, mais aussi de très beaux moments de fête, de repas. C'était formidable. Ils ont fait de moi un homme heureux", confie-t-il, confortablement assis sur un coussin moelleux de son salon.
Le terrain et la maison appartiennent à l'association "Ensemble une maison pour Bernard", fondée par la quinzaine de bénévoles du village. En lançant une cagnotte, ils sont parvenus à récolter plus de 20 000 euros nécessaires au financement des travaux. Des commerçants du coin avaient même fait don de matériaux.
Noël dans son cocon
Après avoir dormi trois ans dans une caravane, l'usufruitier n'a qu'une seule envie : profiter de son nouveau cocon. Il passera Noël et le réveillon du 31 décembre à choyer son intérieur. "Je n'ai jamais beaucoup aimé les fêtes. Tous mes copains sont partis dans leur famille respective. Je crois que je vais jouir pleinement d'ici", sourit-il.
Je suis heureux, car j'ai de la place, je suis au chaud... Et je retrouve tous mes objets. Cela faisait cinq ans que tout était dans des boîtes.
Bernard Martin-Mourey
L'année 2024, celle de ses 72 ans, a été la plus marquante de sa vie. "C'est une grosse métamorphose, ça m'a transformé et bouleversé. Il y a eu beaucoup d'émotions à gérer... C'était comme un feu d’artifice", avoue le néo-Périgourdin. 2025 s'annonce toute aussi riche en partage et en travaux. "J'ai hâte que tout soit terminé pour pouvoir prêter la maison à toutes les personnes qui ont participé à sa concrétisation, ajoute Bernard. Finalement, que cela ne soit pas ma maison, mais la maison de tous."