Nénette, Rintintin et Petit Lardon, les poupées héros de la résistance

Ces modestes petites poupées ont été les porte-bonheurs des français pendant les deux guerres mondiales. Des héros de laine que fait revivre JL Aubarbier dans un roman historique

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Elles ont fait le bonheur de milliers d'enfants pendant des générations, et soutenu le moral des français à travers deux guerres mondiales. Elles sont encore confectionnées par certaines maman, dont la plupart ignorent l'histoire étonnante. Nénette, Rintintin et Petit Lardon, ou Radadou, sont nés de la résistance française à l'envahisseur allemand.

Poulbot, père de Nénette et Rintintin

C'est une histoire qui commence peu avant la guerre de 14. À l'époque, les Allemands produisent des poupées moins chères qu'en France. Et leurs jouets envahissent le marché hexagonal. Un constat qui révolte Francisque Poulbot, L'affichiste-dessinateur Montmartrois qui donnera son nom aux fameuses caricatures de gamins parisiens. Celui qui dessinera aussi des affiches de propagande anti-allemande organise la riposte. Il crée deux poupées françaises, deux petits personnages qu'il baptise Nénette et Rintintin.

Poupées résistantes

Symbole de résistance de la première heure, Nénette et Rintintin connaissent une grande popularité auprès des français, face à l'envahisseur. La légende de Nénette et Rintintin, héros unis par un brin de laine, prend corps. Un couple parfois accompagné du fruit de leur union, Petit Lardon ou Radadou, que leur amour rend indestructible.

Gri-Gri populaire

Ces petites poupées sont des porte-bonheur. Ils protègent du mauvais sort et des tirs ennemis. Dans l'intimité, à l'abri des regards de l'envahisseur, on les confectionne avec de la laine, puis on les offre à l'être aimé pour le protéger des bombes et du malheur. Ils inspirent des chansons, se retrouvent dans la besace du père ou du fils soldats partis au front, se nichent près du cœur de la fiancée, dans la poche de l'enfant.

Le succès populaire est immense, à la hauteur du besoin de réconfort des français. Nénette, Rintintin et Petit Lardon se déclinent dans les revues illustrées, sur les cartes postales, s'habillent en versions étrangères pour les soldats alliés. Ils iront jusqu'à orner les kilts écossais.

Les héros de deux guerres mondiales

Ces petits héros réconfortants joueront leur rôle lors de la première guerre mondiale, et lui survivront pour soutenir le peuple et les soldats lors de la deuxième. Familiers et populaires, fabriqués de quelques bouts de laine, ils seront dans tous les foyers jusque dans les années 50, avant d'être remplacés par d'autres poupées, plus commerciales et attrayantes, mais beaucoup moins chargées d'affect.

Exporté aux États-Unis, Rintintin devient... un chien

Le nom de Rintintin, lui, continuera à vivre à travers un couple de chiens recueillis en France par un soldat américain en 1918, baptisé Nénette et Rintintin. De retour aux États-Unis, le chien exceptionnel deviendra une vedette de cinéma à Hollywood. Son rôle et son nom seront repris par plusieurs descendants.

L'étonnante histoire du kibboutz juif en Corrèze

Dans son dernier roman "Un Kibboutz en Corrèze" paru en fin d'année dernière,le sarladais Jean-Luc Aubarbier évoque ces petits personnages traversant l'histoire étonnante d'un Kibboutz, village collectif juif, qui a effectivement vu le jour en Corrèze avec le soutien du baron de Rothschild. Ancien libraire passionné d'histoire, Jean-Luc Aubarbier a écrit une vingtaine d'ouvrages. L'originalité de celui-ci tient à la description de cette expérience peu connue menée par des réfugiés juifs allemands avec l'aide des Pionniers communistes, qui fuient l'arrivée d'Hitler au pouvoir.

Le kibboutz opportunément basé dans le petit village de Jugeals-Nazareth à 10 km au sud de Brive a abrité, de 1933 à 1935, le plus grand kibboutz de France. Il accueillera jusqu'à 800 jeunes. C’est là qu’avant la Seconde Guerre mondiale, se sont réfugiés de jeunes Juifs, principalement allemands, venus pour apprendre le métier d'agriculteur avant de partir vers la Palestine. Ils ont vécu au sein du kibboutz Mahkar pendant deux ans, de 1933 à 1935, jusqu’à la dissolution de la communauté par le Ministère de l'Intérieur.

Nénette et Rintintin, résistants

Le rôle de Nénette et Rintintin dans cette histoire ? C'est l'œuvre de Jeanine, la mère de l'auteur qui les a confectionnées avec d'autres jeunes femmes entre 1943 et 1944, en cachette dans une maison de Sarlat. Une maison qui était aussi une cache de la résistance. Une activité en apparence innocente, mais qui revêtait un véritable caractère d'acte de guerre, les jeunes femmes d'une vingtaine d'années risquaient alors la déportation pour avoir fabriqué ces simples poupées.

Un Kibboutz en Corrèze

21€, 480 pages

Jean-Luc Aubarbier

Presses de la Cité

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