Alors que les réservations de gîtes ont explosé lors des deux derniers étés, la saison 2022 s’ouvre sur une baisse de leur fréquentation. Comment l’expliquer ? Quel est l’état d’esprit des professionnels ? Illustration en Dordogne où le nombre de Gîtes de France a fortement augmenté depuis 2019.
"‘Explosion’. Oui, c’est un mot que l’on peut employer", estime Dominique Imberty. Ce propriétaire d’un éco-hameau du Sentier des Sources à Sarlat (Dordogne) confirme l'importante fréquentation de son établissement lors des deux derniers étés, marqués par le covid et les restrictions sanitaires liées au virus. Cette année, le début de la saison touristique est légèrement différent pour Dominique. "On arrive à faire le plein, mais on sent qu’il y a un essoufflement par rapport à 2020 et 2021", indique-t-il. "Essoufflement", c’est le même terme qu’emploie Laure Jamain, directrice des Gîtes de France en Dordogne, pour décrire les deux premières semaines de juillet 2022. "On a un début de saison plus ralenti que 2019 et 2021. La première quinzaine de juillet a été dynamique les deux dernières années", décrypte-t-elle.
Avec les mesures restrictives de déplacement durant la crise sanitaire et la fermeture des frontières internationales, et après les confinements successifs, de nombreux Français se sont tournés vers un tourisme "vert", c’est-à-dire centré sur la proximité avec la nature, la découverte des activités rurales et le respect de l'environnement, offert notamment par les gîtes.
Un démarrage difficile pour le tourisme en Dordogne
Cette baisse des réservations du début du mois de juillet est partagée par les autres professionnels du tourisme en Dordogne. Les restaurateurs, les hôteliers et les patrons des campings du département dressent un bilan mitigé du début de la saison estivale.
Ce "faux-départ" est lié, selon Dominique Imberty, à la réouverture des frontières : "Je pense que les Français sont repartis à l’étranger et les étrangers qui viennent ici ne compensent pas. Les familles qu’on avait vu parce qu’elles ne pouvaient pas aller à l’étranger y sont allées cette année." "C’est peut être lié à l’actualité, aux examens avec des rattrapages de plus en plus tard. Les vacanciers attendent vraiment la fin de l’année scolaire pour réserver", interprète de son côté la directrice des Gîtes de France de Dordogne.
Toutefois, ces deux professionnels tempèrent: les gîtes font le plein pour le reste de la saison.
Là on est rentrés sur la très haute saison, c’est la période où on doit faire le plein et on fait le plein. On est sur un schéma habituel (…) On a du monde jusqu’au 10 septembre.
Dominique Imberty, propriétaire d’un éco-hameau du Sentier des Sources à SarlatFrance 3 Nouvelle-Aquitaine
Ce qui est moins habituel en revanche, ce sont les pratiques de réservation des clients: elles interviennent à la dernière minute. "Avec la situation économique, les incertitudes sur l’avenir… Cela incite les gens à ne réserver qu’au dernier moment", souffle Dominique. Ce manque de visibilité perturbe le travail du propriétaire sarladais. "On sent qu’il y a quelque chose qui se passe et donc clairement les investissements - j’ai des projets sur le solaire - on va les reporter car je veux voir si la tendance de cette année se confirme ou si c’est juste un épisode qui s’efface."
Une augmentation importante de Gîtes de France en Dordogne
Face à ces premiers constats, on n’est pas encore tout à fait sur un engouement global et installé du tourisme vert. "Depuis 2/3 ans pas mal d’acteurs et de plateformes de réservation en ligne se sont mis en place en s’appuyant sur le slow-tourisme (voyager en prenant son temps, en s’imprégnant de la nature et du patrimoine) et finalement elles ont du mal à émerger. La visibilité qu’on a nous, et nos réservations se font via les sites classiques types Airbnb et Booking et pas encore sur les plateformes de slow-tourisme. Il y a encore du travail à faire", indique Dominique Imberty.
Toutefois, preuve que le secteur se développe, en Dordogne, le nombre de gîtes labellisés Gîtes de France a fortement augmenté passant de 550 hébergements en 2019 à 830 en 2022. "Il y a un engouement pour l’ouverture mais aussi il y a des propriétaires qui veulent être accompagnés par des experts", précise Laure Jamain, directrice de Gîtes de France en Dordogne.
Reste à savoir si ces nouvelles structures trouveront leur clientèle. Selon Laure Jamain, 100% des gîtes sont actuellement occupés dans le département avec quelques disponibilités la dernière semaine du mois d’août.