Charles Djob Ngoss était jugé par la cour d’assises de la Dordogne pour la tentative d’assassinat d’un couple à son domicile en 2017. Son avocat avait plaidé l’abolition de son discernement au moment des faits.
Ce fut l’objet de ces trois jours de procès aux assises. L’accusé, malade de schysophrénie, était-il responsable de ses actes au moment du drame ? Son discernement était-il altéré ou aboli ? Les jurés ont tranché. C’est l’altération qui a été retenue. Carles Djob Ngoss n’ira donc pas en hôpital psychiatrique mais en prison. Il a écopé d’une peine de 30 ans de réclusion avec les deux tiers de sureté, soit la peine maximum à laquelle il pouvait être condamné. Une décision qui a été assortie d’un suivi socio-judiciaire de 12 ans avec une injonction de soins. A l’énoncé du verdict, Charles Djob Ngoss n’a pas scillé.
L’accusé de la tentative d’assassinat de Proissans en #Dordogne reconnu responsable de ses actes. Condamne à 30 ans de réclusion criminelle avec les 2/3 de sûreté. Soit la peine maximum dans son cas. pic.twitter.com/QAWyLxfRNY
— France Bleu Périgord (@Bleu_Perigord) September 21, 2020
30 ans de prison requis par le ministère public
Pour l’avocat général, Charles Charollois, le discernement de l’accusé a été altéré mais pas aboli. Il avait donc requis ce lundi matin 21 septembre une peine de 30 ans de prison assortie d’une période de sûreté de 15 ans. L’avocate des parties civiles avait elle aussi retenu la responsabilité pénale de Charles Djob Ngoss. Tandis que l’avocat de celui-ci avait plaidé pour son hospitalisation du fait de l’abolition de son discernement. A l'annonce du verdict, Alice Delaire n'a pas caché sa déception.Il va rester dans sa cellule pendant trente ans. Il ne va strictement rien faire. Il ne va pas prendre ses médicaments, la maladie va continuer sans aucun soin. A la sortie il ne sera pas guéri, et il pourra recommencer.
L’accusé avait assumé les faits sans les regretter
Une attitude qui n’a pas facilité la tâche d’Alice Delaire, avocate de Charles Djob Ngoss, et qui plaidait pour la première fois ce matin à un procès d’assises. Son client n’a en effet à aucun moment affiché le moindre regret durant ces trois jours d’audience. Celui-ci avait même revendiqué sa pleine conscience au moment du drame. « Pour lui, il était sain d’esprit et avait tout son discernement au moment des faits », expliquait Claire Delaire, avocate de la défense à l’ouverture du procès. « Maintenant comme l’a dit sa mère, le propre des schizophrènes, c’est de ne pas reconnaître sa maladie", poursuivait-elle. Charles Djob Ngoss, ayant été jusqu’à demander à repartir en prison, l’objectif de son conseil était donc de défendre les intérêts de celui-ci malgré lui. Maître Delaire a également mis en avant l’absence d’unanimité des experts psychiatres ayant entendu son client.Les experts psychiatres divisés
Quatre experts ont rendu un avis après avoir entendu Charles Djob Ngoss durant l’instruction du dossier. Deux ont considéré qu’il présentait une altération du discernement, les deux autres ont diagnostiqué une abolition de celui-ci. Une abolition synonyme de peine de prison.Rappel des faits
Le 17 octobre, le couple habitant la petite commune de Proissans appelle la gendarmerie pour les prévenir que leur voisin, Charles Djob Ngoss, vient de les menacer de mort. Le couple appelle également la mère de celui-ci pour la mettre au courant.Dans la nuit du 17 au 18 octobre 2017, Charles Djob Ngoss s’introduit chez les deux trentenaires et les poignarde à plusieurs reprises avant de les laisser pour morts dans la salle de bain devant leurs deux enfants. Le couple est très grièvement blessé : l’homme est touché à la carotide, sa femme fait une hémorragie interne. Les forces de l'ordre arrivent rapidement sur les lieux et interpellent le suspesct. Le couple s’en sortira miraculeusement.
Le matin du drame, la mère de Charles Djob Ngoss avait tiré la sonnette d’alarme demandant à ce que son fils soit hospitalisé d’office. Une prise en charge médicale qu’elle demandait depuis 2012. Au moment du drame son fils était en sursis probatoire. Il avait été incarcéré pour agression avec arme en 2015 et était sorti de prison en mars 2017, c’est-à-dire quelques mois seulement avant le drame.