Le but est d'encourager les consommateurs à plus se tourner vers le marché de l'occasion. Le directeur général de la Camif, installée à Niort, et celui du site le boncoin.fr défendent l'idée d'un crédit d'impôt de 15% à valoir sur les achats de seconde main.
Emery Jacquillat, le directeur général de la Camif (Groupe Matelsom) et Antoine Jouteau, celui du boncoin.fr, font cette proposition au moment où le projet de loi "anti gaspillage et pour une économie circulaire" porté par Brune Poirson, secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, est débattu à l'Assemblée nationale. La mesure concernerait les vêtements, les meubles d'occasion ou les neufs éco-conçus et made in France mais excluerait les voitures. Ils proposent que les Français puissent déduire de l'impôt sur le revenu 15% du prix des objets d'occasion qu'ils auront achetés dans la limite de 3.000 euros par an. Cette mesure viserait à favoriser l'économie circulaire et responsable au niveau écologique.
Aujourd'hui, il y a un Français sur deux qui achète d'occasion donc l'idée c'est d'accélerer et de favoriser les comportements d'achats vertueux pour que la consommation soit plus responsable.
- Emery Jacquillat, directeur général de la Camif
Idée vertueuse ou tentative de lobbying ?
Cette proposition qui favoriserait la filière du marché d'occasion est soutenue par de plusieurs ONG comme Oxfam et par le Mouvement des entrepreneurs sociaux mais elle inquiète d'autres associations. Le responsable d'Emmaüs à Poitiers, Laurent Guinebretière, estime que cette mesure favoriserait les grandes enseignes du commerce en ligne implantées dans ce créneau ainsi que les collectionneurs, souvent aisés, et les brocanteurs.La portée de cette mesure reste à définir car aujourd'hui les motivations des consommateurs, entre tendance et réelle nécessité, sont diverses. Le marché de l'occasion prend de l'ampleur mais il reste maintenant à convaincre le gouvernement de créer une nouvelle niche fiscale en pleine période d'économies. Pour financer leur proposition, les deux entrepreneurs souhaiteraient la création d'une taxe sur les plastiques non recyclés.Il va y avoir des marchands. Les marchands doivent-ils avoir un abattement fiscal quand ils achètent quelque chose pour le revendre ? Ça pose question. On va trouver un public de chineurs qui peut appartenir à une population relativement aisée et qui collectionne et puis aussi tout un public de gens qui ont besoin.
- Laurent Guinebretière, responsable Emmaüs Poitiers