Retour en classe au collège pour les élèves de 6ème et 5ème, maintien des cours à distance pour les lycéens, préparation de l’oral du bac pour les élèves de première. La fin du troisième trimestre ne sera pas la même pour tout le monde. Élèves, parents et enseignants, dénoncent des inégalités.
Ses camarades de classe ont repris le chemin du collège. Mais Yann reste chez lui. Une décision prise en famille, comme l’explique sa mère, Nathalie
L’adolescent confirme. Même s’il aurait bien aimé retrouver ses copains, il préfère se tenir éloigné des attroupements et du virus.On préfère voir comment ça se passe au collège. On est en télétravail tous les deux, on peut s’occuper de Yann. Il y retournera peut-être en juin.
Élève en cinquième à Villenave-d’Ornon, Yann est un élève assidu, gratifié chaque trimestre des félicitations du conseil de classe. L’école à distance ne semble pas lui avoir posé problème.
De mon point de vue, je pense avoir travaillé un peu moins que si j’avais été au collège. Mais, j’ai fait ce que j’avais à faire. Deux heures de travail le matin. Une heure l’après-midi.
Les cours à distance
Les enseignants ont envoyé les cours et les devoirs via l’application Pronote. Quelques visioconférences ont aussi été organisées en SVT ( sciences de la vie et de la terre ) ou en Histoire.À la maison, il y a plein de trucs qui te déconcentrent. J’ai parfois eu le sentiment d’être en vacances, reconnaît le collégien.
Maintenant que les cours ont repris pour les élèves de sa classe, les enseignants ne sont plus tenus de proposer des cours à distance. Certains continueront à le faire, mais les consignes du ministère de l’éducation nationale sont claires.
À partir du moment où les élèves peuvent revenir en classe, les enseignants n'ont plus l'obligation de proposer des cours à distance. Les élèves qui choisissent de ne pas revenir, peuvent avoir accés au cahier de texte en ligne, et prendre connaissance du contenu de l’heure de cours..
Catherine Dudes - secrétaire départementale du syndicat enseignant SNES-FSU -
En revanche, des cours à distance ou en visioconférences sont toujours proposés aux élèves dont les classes ne sont pas encore invitées à revenir au collège ou au lycée.
L'oral du Bac en question
Un casse-tête pour les enseignants qui doivent jongler entre présentiel et cours à distance. Une angoisse aussi pour certains élèves, privés de cours depuis deux mois et demi et qui doivent préparer l’oral du bac de Français.C’est le cas de Lila, élève en première dans un établissement privé de Bordeaux, elle travaille avec les cours déposés par les professeurs sur Internet. Elle suit également les quelques visioconférences proposées par de rares enseignants.
Un peu court, pour préparer sereinement l’oral de Français prévu à la fin du mois de juin.Nous avons eu, une visioconférence en Espagnole, une autre en Français, 2 autres en Science Numérique.
Entre les élèves décrocheurs, les familles nombreuses, l'absence d'ordinateur ou les mauvaises connexions Internet, tous les élèves n’ont pas eu le même accès aux cours à distance.On nous envoie les textes, et les cours. Je fais des fiches. Je travaille moins qu’au lycée et je ne suis pas confiante pour l’oral du bac. On est moins efficace quand on fait tout par soi-même.
Des inégalités soulignées par la FCPE 33 ( fédération des parents d'élèves ) :
Nous réclamons la suppression de l’oral de français. C’est la seule épreuve maintenue à ce jour, alors qu’aucune date n’a été fixée pour le retour des élèves en classe. Et, quand bien même ils reviendraient début juin, comment pourraient-ils préparer une épreuve prévue à la fin du mois ( à partir du 26 juin NDLR ) ?
Déclaration liminaire #FCPE lue en #CSE par @carladugault (...)Nous sommes de nombreux membres présents à demander l’annulation de l’oral de français (...)https://t.co/QLheiBvZi0 pic.twitter.com/AFxWfA3LEo
— FCPE_nationale (@FCPE_nationale) May 18, 2020
Pour l’instant, Jean-Michel Blanquer estime que cette épreuve est essentielle. Le ministre de l’Education Nationale entend la maintenir, si les lycées rouvrent. Une décision définitive devrait être prise à la fin du mois de mai.
Nous multiplions les interventions auprès du ministère, pour leur faire entendre raison, explique Catherine Dudes. L’enseignement à distance a montré ses limites. Les élèves n’ont pas les mêmes conditions de travail, pas le même accès à l’informatique. Ils sont seuls face à leurs interrogations.
De grandes inégalités
S'il n'obtient pas l'annulation de l'épreuve anticipée de français, le syndicat enseignant espère, au moins, son reportUne hypothèse qui semble bien compliquée à mettre en œuvre.Pourquoi ne pas imaginer de donner une heure de français par semaine, l’année prochaine aux élèves de terminale pour leur permettre de passer l’épreuve en juin 2021 ?
En attendant, un éventuel report, c’est à distance que les lycéens de première préparent l’examen.
Un absentéisme constaté dans tous les établissements. Quel que soit le niveau scolaire.En visioconférence nous étions seulement entre 12 et 20, alors que nous sommes 38 élèves dans la classe.
Même constat pour Enzo, en première professionnelle option graphisme, ou Naoual, élève en seconde professionnelle vente. Avec, pour certains, après deux mois de confinement et de travail à distance, une baisse de motivation, comme le concède Tristan, élève en seconde générale à BèglesEn physique-chimie, on a des visioconférences tous les mardis après-midi, explique Floriane, élève de 4ème à Blanquefort. Mais il y a beaucoup d’élèves qui manquent. Sur 30 élèves, habituellement, nous n’étions qu’entre 15 et 18 pour les visioconférences.
Au début, ça allait. Mais tout le monde commence à se lasser. Certains profs nous donnent des devoirs, mais après, on n’a pas de nouvelle. On n’a pas toujours les corrigés, ou il faut parfois les attendre longtemps. On a l’impression de travailler pour rien, et ça ne motive pas beaucoup.
Le difficile retour en classe
Et même, quand ils sont de retour en classe, les conditions d’apprentissage ne semblent pas idéales selon Catherine Dudes, professeur d'histoire-géographie dans un collège en zone d'éducation prioritaire.C’est très compliqué. Avec le port du masque obligatoire, les élèves ne nous comprennent pas bien. Nous les entendons mal. Et c’est très bruyant.
Nous devons garder les portes des classes ouvertes. Et, comme les sorties et les récréations sont échelonnées il y a beaucoup de va-et-vient dans les couloirs.
C’est très difficile et très loin d’une reprise classique.
Dans ces conditions, l’année scolaire semble en partie perdue. Et certains élèves s’inquiètent des lacunes qu’ils vont cumuler après avoir été éloignés si longtemps de leurs professeurs.
La fin d’année est compliquée et les répercussions se feront sentir l’année prochaine. Parents d’élèves et enseignants, le savent :Ça me fait un peu peur pour le brevet, l’année prochaine, car il faut avoir des bases, explique Floriane, élève de 4ème.
Le programme de troisième sera peut-etre adapté ? Les profs essaient de nous faire tout voir, mais on avance plus lentement, et on ne finira sans doute pas le programme, reconnaît Tristan élève en seconde à Bègles.
Nous demandons des heures supplémentaires en septembre pour permettre aux élèves de rattraper ce trimestre blanc.
Catherine Dudes, secrétaire départementale du SNES FSU
Des aménagements pour la rentrée prochaine
La fédération des parents d’élèves FCPE est sur la même longueur d’onde :
Une rentrée de septembre qui sera conditionnée à l’évolution de la situation sanitaire. On ignore encore à quoi, elle ressemblera… Probablement à aucune autre.Nous demandons un accompagnement psychologique, et une bienveillance des enseignants dans les décisions d’orientation ainsi qu’un aménagement des programmes pour la rentrée prochaine.