Entre impatience et inquiétude, les salles de concerts de Poitou-Charentes font leur rentrée

Après presque dix-huit mois de mise en sourdine, les salles de musiques actuelles vont retrouver leur public, enfin. Du spectacle vivant pour des spectateurs toujours debout et c'est bien là le problème. Protocole sanitaire, jauge, vaccination ; les organisateurs s'interrogent. Pas très rock'n'roll.

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"Motivée plus que jamais à te retrouver, cher public", s'exclame la salle Diff'Art de Parthenay. "Le premier jour du reste de ta saison" pour La Nef d'Angoulême ou une "rentrée canon" pour le paquebot de La Sirène à La Rochelle. Sur internet en tout cas, on sent bien que les amplis grésillent d'impatience et que les sonos ont déjà été mises en chauffe. Il faut dire que, depuis le 16 mars 2020 ( vous savez "le monde d'avant"), elles ont été rares les occasions de se dégourdir les tympans dans les salles de concerts de Poitou-Charentes. Mais quid de cette rentrée alors que, à l'heure où s'écrivent ces lignes, ces drôles de gens qui se tiennent debout pour écouter de la musique sont encore toisés avec circonspection par les autorités ? 

"C’est un peu flou encore. On attend le dernier moment pour les directives", confesse David Sauvignon, le programmateur artistique de l'association Diff'Art. N'en reste pas moins que du 23 au 26 septembre, on ne va pas s'ennuyer à Parthenay. Pour la troisième édition de "Qui sème le son", dedans comme dehors, on va pique-niquer en musique, mater des films et surtout retrouver le plaisir du live avec Mike Noegraf ou le punk rock de Forest Pooky. A venir également un concert en mode assis d'Aldebert pour les minots au palais des congrès. "Ce n’est pas satisfaisant mais c’est mieux que d’être fermé. Il va falloir en même temps retrouver les vieilles habitudes tout en les modifiant. En jauge debout, de toute façon pour l’instant on ne vend pas à 100% des places. Pour l’instant, c’est 75% de la jauge, pass sanitaire et port du masque recommandé. De toute façon, en termes de programmation, on s’est basé là-dessus".

Au programme également, une conférence des inusables Burning Heads. Covid oblige, les vétérans de la scène punk française avait imaginé cette formule pour garder le lien avec le public. Finalement, il ne serait pas complètement inenvisageable qu'ils ne branchent pas les amplis après cette instructive causette... Fra, le chanteur, nous confiait au téléphone le bonheur d'avoir retrouvé la scène cet été. "On a fait notre premier concert à Sète face à la mer devant 1500 personnes et c’était la liesse", confirme-t-il, "une semaine après à Albi en intérieur, c’était la même malgré un protocole un peu strict. Ce que j’ai ressenti, c’est qu’il y a une urgence. Alors oui les organisateurs attendaient plus de gens, mais ceux qui étaient là étaient vraiment là". 

Car, au-delà, des contraintes sanitaires, elle est là la véritable inquiétude des responsables des salles de concerts "debout". "On avait un réseau de public fidèle d’abonnés mais là, il y a tout à reconstruire et à recréer la confiance dans le nouveau protocole", avoue Benjamin Jardinier, programmateur de La Nef. Du coup, on se la joue "local" pour la rentrée à Angoulême avec une programmation 100% du cru samedi 18 septembre, une foire aux images avec des illustrateurs du coin et un "speed banding" pour permettre aux musiciens amateurs de se retrouver pour former de nouveaux groupes. 

Pour le reste, on attend de pied ferme des Gaëtan Roussel, des John Butler ou des Yseult en mode piano-voix pour ne parler que des têtes d'affiche de cet automne. Pour les artistes internationaux, il faudra encore être un peu patient du fait de la difficulté de voyager sur cette drôle de planète. "Mais il va y avoir des concerts incroyables dans les mois à venir avec la reprise", s'enthousiaste Benjamin Jardinier, "les artistes vont avoir tellement envie de faire écouter leur musique et de partager un moment qu’ils n’ont pas plus partagé depuis des mois voire des années maintenant ! On espère juste qu’on ne va pas se couper d’une partie de notre public à cause du pass sanitaire. Mais on voit quand même le bout du tunnel et c'est tant mieux".

Même son de cloche du côté de La Pallice. "Ça a été une telle privation que, pour bon nombre de personnes, se retrouver devant un concert avec du son avec la sensation de l’enveloppe sonore qui vient s’emparer de ton corps... ça a manqué beaucoup, beaucoup, beaucoup", confirme David Fourrier, le boss de La Sirène, "on est tous conscient que ce n’est pas un retour à la vie qu’on a connu avant, mais on commence à s’en rapprocher un peu".

Cet été, la désormais mythique salle rochelaise avait goûté au plaisir de retrouver du public pour deux soirées pendant les Francofolies. Il y avait eu auparavant une émouvante soirée "en mode assis" pour le très délicat hommage de H-Burns à Léonard Cohen. Mais, jeudi prochain, c'est open bar ! Soirée gratuite sur réservation (avec pass sanitaire) pour se remettre en jambe. Le folk-blues de Théo Charaf et Képa comme toujours en one-man-band, tous deux en sortie de résidence, ouvriront le bal avant l'explosion latino-balkanique (ça existe ça ?) des Bordelais de Opsa Dehëli. 

Même avec une jauge à 75%, la grande salle peut accueillir près de 950 personnes. Ca devrait être le cas pour Feu ! Chatterton, Gaël Faye ou Groundation. Le boss reste cependant prudent : "On est dans l’attente de savoir si le public nous suit et s’ils nous suivent à fond. Ça sera au bout du premier trimestre qu’on pourra dire si on est dans les clous ou pas en termes d’affluence. Pour l’instant, le redémarrage des billetteries n’est pas totalement dingue. Il faut que ça reparte et ça prendra un peu de temps. Mais même pour les équipes, il y a un besoin de se retrouver autour du projet et de refaire notre métier : faire des concerts et accueillir du monde".

Diff'Art, La Nef, La Sirène : toutes ses structures ont mis à profit cette maudite parenthèse pour améliorer l'accueil du public et des musiciens. Ils vous attendent nombreux avec une certaine impatience...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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