En retard en ProA et éliminé de l'Euroligue, Limoges a retrouvé des couleurs sous la férule du fameux entraîneur Dusko Vujosevic au moment de défier les Espagnols de Gran Canaria en huitièmes de finale aller de l'Eurocoupe ce 24 février 2016 à Beaublanc.
Le curriculum vitae du Serbo-Monténégrin parle pour lui : six fois champion de Yougoslavie, cinq fois vainqueur de la Ligue adriatique et un succès
en coupe Korac et meilleur entraîneur de l'Euroligue en 2008-2009.
Un peu plus d'un mois après son arrivée au CSP, le "sorcier" a déjà fortement marqué de son empreinte une équipe longtemps à la dérive. Son arrivée en France ne semble d'ailleurs pas du goût de tout le monde.
A cause du délai nécessaire à la validation administrative de ses diplômes, Vujosevic n'a managé qu'en Eurocoupe pour le moment. Mais le Syndicat des entraîneurs français, estimant qu'il avait aussi "coaché" en ProA avant d'en avoir le droit, a déposé un recours auprès de la Ligue nationale de basket.
Cette polémique n'a en tout cas pas empêché le Serbo-Monténégrin de métamorphoser le groupe que son prédécesseur Philippe Hervé n'arrivait plus à manager. Après un début de saison chaotique, marqué par le départ de l'Américain Randy Culpepper, censé être son joueur majeur, le CSP, seulement 10e de la ProA, est lancé dans une course contre-la-montre pour décrocher sa place en play-offs.
Mais sur la scène continentale, c'est l'embellie. Presque condamnés après deux défaites en deux journées d'Eurocoupe, les Limougeauds ont arraché une qualification quasi miraculeuse grâce à deux superbes succès (92-72, 82-67) sur le leader du Championnat d'Espagne, Valence, invaincu jusque-là.
« Exigeant »
"Dule", comme il est surnommé affectueusement dans son pays, était passé par là. On ne jugera pourtant de sa réussite que sur la durée. Car si l'ex-entraîneur du Partizan, âgé de 56 ans, a tout gagné dans son pays, ses expériences à l'étranger sont jusqu'à présent très modestes en terme de palmarès. Outre un passage sans relief en Italie dans les années 1990, on note aussi qu'il n'est resté que quelques mois au CSKA Moscou en 2010 avant d'être remercié.
Derrière la métamorphose du CSP, il y a une méthode, celle d'un entraîneur réputé pour son intransigeance, voire sa dureté.
Je ne sais pas si on peut dire que je suis dur, explique Vujosevic. La première chose, c'est que je suis d'abord exigeant avec moi-même et seulement après avec les joueurs. J'essaie d'être le plus juste possible et j'ai gagné le respect de mes joueurs grâce à mon travail, pas parce que je suis dur".
Un respect qui n'est pas loin de la crainte. Les joueurs savent aujourd'hui qu'il n'y a aucun passe-droit. La moindre erreur sur le terrain est souvent sanctionnée d'un retour express sur le banc. Vujosevic ne transige pas, il impose sa poigne de fer, sa philosophie et personne ne discute.
Il faut dire qu'il ne parle que le serbe et qu'il n'est pas dans ses ambitions de faire des efforts pour apprendre le français. Depuis son arrivée, il est accompagné par un jeune compatriote qui le suit partout et qui traduit, en anglais, les directives de son mentor.
Ce mercredi, Vujosevic attaque une semaine décisive. Après Gran Canaria, son équipe accueillera samedi Chalon-sur-Saône, récent finaliste de la Leaders Cup. En espérant que sa science du management ait enfin droit de cité en ProA.
Reportage ci-dessous de E.Proença et M.Saint-Jours à l'entrainement du CSP hier à Beaublanc avec Dusko Vujosevic et Léo Westermann, meneur du CSP.