Les agriculteurs du Limousin ne veulent plus être pris au piège de la sécheresse. Depuis plusieurs étés, l'eau manque, pour les cultures et le bétail. Et les prévisions sont pessimistes, alors ils cherchent des solutions alternatives.
Les étés s'enchaînent et se ressemblent. Les sécheresses qui faisaient figure d'exception il y a quelques années, sont aujourd'hui devenues la norme. Pour ne plus déplorer la perte de leurs récoltes, ou le manque d'eau pour abreuver leurs bêtes, les agriculteurs du Limousin cherchent des solutions.Maïs ou pas
Le maïs est par excellence la céréale décriée pour sa consommation en eau. Dans le Limousin, on cultive essentiellement le maïs fourrage, moins gourmand que le maïs grain, il nécessite 238 litres d'eau par kg contre 454 litres pour le maïs destiné à la consommation humaine.Les agriculteurs ont cependant cherché des céréales pour le remplacer. Comme le sorgho.
Le sorgho, ce n'est pas la panacée
En effet, le problème rencontré avec le maïs, c'est son besoin en eau en plein été, quand il en manque. Comme pour le sorgho.
La variété des cultures
En raison des sécheresses, et du déficit en eau, les prairies ne peuvent plus suffire à la production de fourrage.Une des solutions serait de varier les cultures, et les enchaîner. La luzerne, le maïs, le ray-grass, le méteil (mélange de céréales et de légumineuses) se sèment et se récoltent à différents moments de l'année. Et si une des cultures n'est pas assez productive, à cause des conditions climatiques, une autre le sera davantage.
Une autre culture fait son apparition dans la Creuse : le teff grass, habitué aux chaleurs africaines.
Ce système permet donc de s'assurer des récoltes, mais nécessite plus de temps et d'énergie.
Abreuver les animaux
Dans notre région tournée vers l'élevage, la plus grosse consommation en eau est destinée au bétail. En cas de forte chaleur, et quand il n'y a plus d'herbe dans les pâtures, une Limousine peut consommer jusqu'à 100 litres d'eau par jour.Problème : comment faire quand les cours d'eau sont à sec ? Une des solutions, c'est l'utilisation de l'eau du réseau, l'eau potable, mais ça coûte cher, et cette consommation supplémentaire provoque parfois des pénuries.
Aujourd'hui, les agriculteurs s'orientent vers la retenue collinaire.
La retenue collinaire
En apparence, la retenue collinaire ressemble à un étang, à la différence qu'elle n'a aucune connexion avec le réseau existant, elle n'est pas dépendante d'un cours d'eau, mais elle stocke les pluies et les eaux de ruissellement.
Il tombe en moyenne chaque année 1000 mm d'eau sur le Limousin, de la pluie concentrée sur la période hivernale, de novembre à avril. Ces retenues collinaires, prisées par les chambres d'agriculture, permettent donc de stocker cette eau, pour la redistribuer l'été, quand elle manque.
Mais les retenues collinaires ont leurs détracteurs. L'association "sources et rivières du Limousin" précise que l'eau de la pluie tombée l'hiver n'est pas perdue, elle sert à l'ensemble de l'éco-système.
A la chambre d'agriculture de la Haute-Vienne, Joannes Knies rétorque : "cette eau de pluie part vers la mer, elle n'est pas utile".
En 2019, la capacité de stockage du département de la Haute-Vienne a augmenté de 8%.