"Souvenir" du Belge Bavo Defurne, en compétition au Festival du film d'Angoulême, met en scène sur un ton tragi-comique Isabelle Huppert en ancienne gloire de la chanson devenue ouvrière dans une usine de pâté, qui va tenter de relancer sa carrière.
Liliane, connue autrefois sous le nom de scène de Laura, travaille désormais à la chaîne dans l'usine Porluxe. Vêtue d'une combinaison blanche de la tête aux pieds, charlotte sur la tête, elle dispose des feuilles de laurier sur des pâtés industriels, sans jamais plus évoquer son passé.
Mais un jour, elle rencontre Jean (Kévin Azaïs), un jeune intérimaire qui rêve de devenir boxeur professionnel. Il reconnaît immédiatement en elle l'ancienne gloire qui a participé à l'Eurovision. Il se met en tête de l'aider à faire son come-back, alors que se noue entre eux une histoire d'amour.
Entre mélodrame à la Douglas Sirk, nostalgie, réalisme social et moments de comédie, ce film à l'esthétique soignée, dont la musique est signée par le groupe Pink Martini, joue sur l'image de la star Isabelle Huppert pour offrir ce portrait d'une étoile déchue qui tente de se remettre dans la lumière.
La comédienne de 62 ans, remarquée cette année au Festival de Berlin dans "L'Avenir" de Mia Hansen-Love et à Cannes dans "Elle" de Paul Verhoeven, provoque les rires du public dans ses prestations de chanteuse sur scène à l'ancienne, où Liliane s'accompagne d'une gestuelle démonstrative cocasse.
Pathétique au départ quand elle se produit devant des parterres de militaires ou dans une maison de retraite, l'héroïne va peu à peu regagner son aura perdue, alors qu'elle se met à revivre au contact de Jean.
"Ce qui m'intéresse, ce sont les contrastes. Au début du film, Liliane est froide et distante, mais on devine tout un vécu. Il fallait alors faire revivre la star derrière la vedette oubliée. Jean va ouvrir la boîte de Pandore", explique le flamand Bavo Defurne, dont c'est le deuxième film après "Sur le chemin des dunes" (2011).
"Mon but était que l'on croie au personnage de Liliane. C'est un personnage assez simple, qui s'est trouvé face à un échec", souligne de son côté Isabelle Huppert.
"Au début, je le prenais pour ce qu'il était, c'est-à-dire très loin de moi. Mais même quand on envisage un personnage comme loin de soi et que l'on travaille sur cet éloignement, il y a toujours un moment où le personnage rattrape la personne", ajoute-t-elle.