Cette année encore, la criée d'Arcachon, en Gironde, n'a pas le moral au beau fixe. Depuis 2015, son chiffre d'affaires ne cesse de baisser. En cause, la concurrence directe avec l'Espagne.
À Arcachon, chaque hiver, la criée doit se battre pour continuer de vivre. "Le tendon d'Achille de la criée, c'est qu'en hiver, les bateaux ne peuvent pas entrer dans le bassin", explique Yves Herszfeld, le directeur du port de pêche et de la criée d'Arcachon.
La toponymie du bassin d'Arcachon pousse en effet les bateaux à emprunter des "passes", des conduits étroits depuis l'océan Atlantique. Ces dernières sont difficilement praticables en hiver.
"Poisson à roulettes"
Alors, pour faire venir le poisson jusqu'aux étals, les bateaux doivent décharger leur marchandise à Royan, La Rochelle ou Saint-Jean-de-Luz. "J'envoie ensuite des camions pour les acheminer jusqu'à la criée", détaille Yves Herszfeld.
Ce "poisson à roulettes", comme le qualifie Yves Herszfeld, est ensuite vendu aux poissonniers de la région et sur les marchés. "Depuis que nous nous fournissons à la criée, nous avons plus de clients. Nous avons gagné en qualité et le prix est beaucoup moins cher", explique une employée de grande surface de Gironde.
Concurrence espagnole
Pour le directeur de la criée, sa santé fragile est surtout due à son principal concurrent : l'Espagne. "Notre situation n'est pas liée aux stocks en mer. Elle est due à certains bateaux qui vendent leurs produits en Espagne, plus cher."
Et si le prix est un vrai atout, les habitudes culinaires espagnoles ont aussi un poids dans leurs décisions. "Les ménages espagnols ont plus l'habitude de consommer de la seiche, du calamar", explique Yves Herszfeld. Des poissons que les Aquitains affectionnent moins.
Cette année, la criée a vendu près de 1400 tonnes de poissons, contre 1775 en 2018. Cela représente une baisse de près de 2 millions d'euros. Pourtant, le prix moyen a augmenté d'un euro depuis un an, pour atteindre 8.06 € en 2019.
La sole en emblème
Produit phare du port d'Arcachon, la sole tire son épingle du jeu. "Sur les 1800 tonnes vendues, près de 400 tonnes étaient de la sole", précise Yes Herszfeld.
Un chiffre qui fait d'Arcachon le troisième port de sole en France. Pour le président de la criée, le poisson plat fait donc office d'espoir, pour ce port qui "a encore un avenir". Le port a d'ailleurs enregistré une augmentation de ses ventes à distance.