Fermé depuis 2002 et classé zone naturelle, un camping vient d'être réaménagé à Lège-Cap-Ferret. Une mesure spécifique destinée à combler le déficit de logements à destination des travailleurs saisonniers. Une solution temporaire qui permet à l'activité touristique de se maintenir au plus fort de la saison.
Se loger à Lège-Cap-Ferret avec un petit budget est mission impossible en juillet et août. Depuis quelques années, les commerces ont de fortes difficultés à recruter des travailleurs saisonniers, faute de logements accessibles. La mairie a décidé de prêter main-forte, de peur de voir son activité touristique en berne. Pour la deuxième année consécutive, un terrain de camping fermé depuis 2002 et classé zone naturelle est utilisé pour l'accueil des saisonniers durant le pic de la saison estivale. Une solution prise en charge par certaines entreprises et qui semble satisfaire tout le monde.
Une pénurie de logement pour les saisonniers
Tous les ans, la région Nouvelle-Aquitaine fait appel à plus de 200 000 emplois saisonniers, auxquels se rajoutent 191 000 contrats saisonniers intérimaires, selon les données de l'Insee. Des besoins forts en main d'œuvre, notamment l'été en période touristique. Avec ces nombreux travailleurs saisonniers et l'afflux de touristes, trouver un logement à un prix raisonnable est un véritable défi, notamment pour les plus jeunes qui n'ont pas forcément les moyens. Ainsi, ils seraient 10 à 20 % de saisonniers à avoir des difficultés à se loger pour travailler en Nouvelle-Aquitaine, d'après les chiffres de la région.
Sur le littoral, il y a une capacité de logement, mais c’est très, très cher.
Michel Durrieu, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, en charge du tourisme
Proche du littoral, là où sont concentrées les activités touristiques et où le foncier manque, trouver un logement abordable est encore plus compliqué. C'est le cas à Lège-Cap-Ferret. Afin de tenter d'aider les entreprises locales à loger leurs saisonniers, la mairie a décidé d'agir : le réaménagement du terrain du camping fermé depuis 2002 est une solution, financée par la collectivité.
"Autrefois, c'était un camping et maintenant, c'est un espace boisé classé. Les services de l'État nous ont accordé l'autorisation d'utiliser cet espace pour loger temporairement nos saisonniers. Bien évidemment, il faudra restituer l'espace dans l'état initial dès que les saisonniers seront partis, c’est-à-dire début septembre", détaille le maire de Lège-Cap-Ferret, Philippe De Gonneville. L'expérience a déjà été tentée l'an passé, avec succès. Face à la hausse des demandes, la mairie la reconduite, avec une plus grande capacité d'accueil : 120 travailleurs saisonniers vont pouvoir y vivre pendant deux mois.
Un compromis salué par les saisonniers et les entreprises
Paul Andrade est l'un d'eux. Il travaille tout l'été dans un supermarché de la commune et s'est vu payé l'emplacement de tente par son employeur. "Ce n'est pas trop mal cette formule parce que ça permet de se loger pour les gens qui n'ont pas forcément les moyens. On est bien placé, pas trop loin de la plage et puis c'est convivial", sourit-il.
Même son de cloche pour Victor Chodernic, saisonnier dans un restaurant. Il est heureux de pouvoir se loger à moindre coût. Comme lui, ils sont trois à avoir à disposition une caravane sur ce terrain pour l'été. "Cela permet à beaucoup de saisonniers de pouvoir se loger sur le bassin d'Arcachon, car c'est quand même compliqué au vu des prix des loyers durant la saison estivale. C'est l'employeur qui paie tout. L'emplacement est sympa, il y a des douches et des toilettes, tout est niquel", se réjouit-il en s'installant.
C'est l'entreprise qui m'a proposé un emplacement de camping, c'est elle qui paie. On devait juste ramener nos propres tentes.
Paul Andrade, saisonnier dans un supermarché à Lège-Cap-Ferret
La solution séduit les employeurs. À tel point que tous les emplacements ont rapidement trouvé preneur. "C'est la première fois que l'on fait ça. On a déjà un logement qui permet d'accueillir deux saisonniers, mais comme on a besoin de plus de monde au cœur de la saison, on a saisi cette opportunité avec la mairie. Là, on a deux jeunes saisonnières qui sont étudiantes et qui n'ont clairement pas le budget pour louer quelque chose sur la presqu'île", raconte Karine Tiphagne-Hecquet, propriétaire de l'Hôtel des Dunes. Elle met en avant une solution peu onéreuse et sécurisée. Un gardiennage est effectué 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sur le site.
Une solution temporaire
"Ce n’est pas une opération sur laquelle la collectivité fait du bénéfice, expliquait en avril dernier, au moment de la préparation, l’adjoint à la mairie de Lège-Cap Ferret, Gabriel Marly. Le coût de l’implantation, du gardiennage 24h/24 et 7j/7, de l’entretien et de la mise en place est supérieur au revenu des locations." Pour pouvoir s'installer sur le terrain, une participation de 300 euros est demandée pour une tente, 350 euros pour une caravane ou un camping-car.
Certes, ce n'est pas la solution idéale, une fois que nous aurons adopté notre futur PLU, nous pourrons avoir des solutions plus pérennes. Mais aujourd'hui, c'est une solution qui rend service à nos entreprises, à nos salariés saisonniers et finalement à tous.
Philippe De Gonneville, maire de Lège-Cap-Ferret
Selon le maire Philippe De Gonneville, le coût pour la commune se situerait entre 50 000 et 80 000 euros. "La collectivité doit aider nos entreprises à loger ses saisonniers de façon à ce que la saison touristique se passe au mieux, assure l'édile. Nous manquons cruellement de solution d'accueil pour les saisonniers qui font vivre nos entreprises." S'il concède volontiers que la solution n'est "pas idéale", il assure toutefois qu'elle est temporaire.
"C'est vrai qu'on a un prix du foncier qui est exorbitant sur la presqu'île de Lège-Cap-Ferret et nous avons du mal à trouver des solutions pour les saisonniers, pour les logements sociaux ou pour l'accession à la propriété", avoue Philippe De Gonneville. Mais il le promet, la municipalité y travaille et compte bientôt trouver des réponses pérennes : "Le Plan Local d'Urbanisme (PLU) sera révisé d'ici à un an et demi ou deux ans. À ce moment-là, nous mettrons en place d'autres solutions comme des studios ou des chambres d'accueil en partenariat avec le privé." En attendant, l'essentiel est assuré.