En Gironde, le Bassin d'Arcachon souffrait depuis plusieurs années d'une incapacité à prendre en charge les urgences médicales. Pour pallier ce manque, un centre de santé vient d'ouvrir ses portes à Mios, et ne désemplit pas, mais ne règle que la question du désert médical.
Comme chaque jour, la salle d'attente affiche complet. C'est un véritable succès pour ce centre médical de soins immédiats, installé à Mios, sur le bassin d'Arcachon. Cette structure privée est la 25ᵉ conçue sur le même modèle, preuve de sa pertinence. Elle prend en charge les actes d'urgence et les examens inhérents à ceux-ci
"Nous offrons la possibilité aux patients, si leur état le nécessite, d'avoir des examens de biologie, et de radiologie standard, ou un électrocardiogramme, explique Stéphane Lemoine, médecin généraliste et urgentiste de la structure. Nous avons également la possibilité de faire des sutures, de faire des immobilisations, des plâtres, des résines ou des immobilisations avec des attelles."
Près de 10 000 patients en six mois
Le succès de cette nouvelle structure de soin est aussi lié à la souplesse qu'elle propose. Ouverte 7 jours sur 7, de 9 h à 19 h et sans rendez-vous, elle fait quotidiennement le plein. Depuis son ouverture en milieu d'année dernière, il a déjà pris en charge près de 10 000 patients.
"Ça évite d'aller chez le médecin, de prendre rendez-vous pour la radio, sachant que c'est compliqué d'avoir des rendez-vous", explique une des patientes.
Ça fait gagner du temps !
Une patiente du centre de soins de Mios (Gironde)
Une autre jeune femme fréquentant l'établissement explique par ailleurs "qu'il y a un désert au niveau médical ici, qui fait qu'il y a beaucoup de patients qui se présentent pour avoir des soins et une accessibilité".
Urgences non vitales et pas de suivi des maladies chroniques
À la croisée de la médecine de ville et des urgences hospitalières, ce centre ne peut pour autant pas prendre en charge toutes les pathologies, et notamment celles nécessitant un suivi. Il répond à un besoin de soins simples et ponctuels, dont sont exclues les maladies chroniques.
"On est vraiment là ponctuellement pour prendre en charge le patient" insiste Stéphane Lemoine, "On n'a pas vocation à faire de suivi de pathologie chronique, donc pas de déclaration de médecin traitant."
Le problème du désert médical pas résolu
Cette limite dans les soins et le suivi du centre de soin est d'autant plus cruciale que Mios et ses 12 900 habitants ne comptent que quatre médecins généralistes. Leur doyen, Jean-Claude Carminati va, à 70 ans, prendre sa retraite.
Après deux ans de recherche, il pensait avoir enfin trouvé un successeur, mais le jeune médecin a décliné l'offre et préféré s'installer ailleurs, comme l'explique le généraliste futur retraité, la mort dans l'âme. "Il part à Roquefort, où il a 50 000 euros d'aides de la CPAM et 8 000 euros du département". Avant d'ajouter, "la mairie lui paye le loyer du cabinet, elle exonère les taxes foncières pendant 10 ans."
Comment voulez-vous lutter. Ici, on n'a rien, donc tant qu'on n'aura pas d'argent, on n'aura pas d'emploi.
Jean Claude CarminatiMédecin généraliste bientôt à la retraite
Une réunion d'urgence le 24 janvier
Cette vacance de médecins pourrait avoir des conséquences désastreuses. Car si le docteur Jean-Claude Carminati quitte ce cabinet, il créerait un déséquilibre économique difficilement compensable. Les charges ne sont supportables qu'avec trois médecins associés. S'il en manque un, les deux autres pourraient devoir cesser leur activité.
Quand on pense à tous nos patients à domicile, grabataires, âgés, qu'est-ce qu'ils vont devenir si on n'est plus là ?
Clémence SilvestriMédecin généraliste du cabinet de Mios
Près de 6 000 patients sont concernés par la fermeture de ce cabinet. Afin d'éviter le drame que cela augurerait, une réunion avec la mairie et l'agence régionale de santé est prévue le 24 janvier prochain, pour tenter de trouver une solution.