Pendant tout le mois de février, les plages d'Arcachon et du Pyla seront réensablées. Cette campagne, qui intervient tous les deux ans, permet de ralentir une érosion, pourtant inéluctable
Des jets continu de sable, projeté depuis des bateaux, jusque sur le littoral. Ce spectacle, sera donné pendant un mois aux abords d'Arcachon, avec un objectif : réinjecter 175 000 mètres cubes de sable sur le site, afin de le consolider.
Des cellules sédimentaires inchangées
L'opération n'est pas inédite : tous les deux ans, les plages autour d'Arcachon, éprouvées par les tempêtes hivernales, nécessitent un réensablement. La matière provient d'un banc de sable sous marin avant d'être propulsée sur la côte.
"Pour le banc d'Arcachon, le sable vient du flanc ouest du banc de Bernat. Pour les plages du Pilat, il vient du flanc est. Globalement on reprend le sable des plages, venu s'y déposer sous l'effet de l'érosion", précise Christelle Lamarque, responsable du pôle maritime du Syndicat Intercommunal du bassin d'Arcachon (Siba).
Un bateau qui tourne 24 heures sur 24
Ce sont bien la houle et l'érosion qui sont responsables de ces mouvements de sable. Arraché de la côte pendant les tempêtes hivernales, il va se déposer sur les petits fonds marins, avant de revenir au printemps. Mais sur le littoral aquitain, la quantité de sable qui quitte la côte est souvent plus importante que celle qui y revient.
D'où l'importance de maintenir des transferts mécaniques, notamment via ces jets de sable, dragués et rejetés par le Côtes de Bretagne. "Le bateau tourne nuit et jour , 24 heures sur 24, précise Claude Bernard, opérateur à terre de la compagnie armoricaine de navigation. Il ne s'arrête jamais".
Les opérations doivent se poursuivre sur tout le mois de février, et doit prendre fin avant l'arrivée des seiches dans les eaux du Bassin.
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Des effets bénéfiques
Les conséquences de ces opérations ont déjà été mesurés. "En 2003, il y a avait un gros réensablement qui avait eu lieu sur les plages du Pyla, rappelle Christelle Lamarque, .
Une étude avait ensuite montré que 150 000 mètres cubes de sable étaient nécessaires pour arriver à stabiliser l'estran et le talus du chenal. Et ce, tous les deux ans."
Le Siba effectue lui même des suivis bi-annuels. "On constate vraiment que cela permet de stabiliser et maintenir une certaine quantité de sable sur les hauts de plage et de limiter la houle qui va venir taper sur les ouvrages.
Le but principal c'est de maintenir l'activité balnéaire, mais aussi de maintenir le trait de côte et de lutter contre l'érosion
Christelle Lamarque, responsable du pôle maritime Siba.France 3 Aquitaine
Impossible lutte contre l'érosion
Cette érosion est pour autant inéluctable, rappelle Nicolas Bernon, ingénieur au CNRS. "Le sable des plages du bassin provient du Massif central et des Pyrénées. Il y a des dizaines de milliers d'années, l'érosion des chaînes de montagnes était déjà active, et les fleuves charriaient beaucoup de sédiments".
Aujourd'hui les fleuves ne charrient plus autant de sédiment qu'auparavant. Ce stock ne se renouvelle pas, en tout cas ici, en Aquitaine.
Nicolas Bernon, ingénieur CNRS - Observatoire de la côte AquitaineFrance 3 Aquitaine
L'activité humaine prélève également beaucoup de sable, et favorise cette érosion, qui a un coût écologique, mais aussi économique : les opérations de réensablement des plages d'Arcachon et du Pilat sont chiffrées à 450 000 euros, hors taxes.