Le captage des larves d'huîtres en 2019 devrait être "faible à modéré", selon le Centre régional d'expérimentation et d'application aquacole (Creaa). L'année dernière, celui-ci avait été exceptionnel.
Mauvaise nouvelle pour les ostréiculteurs : l'année 2019 risque d'être bien moins exceptionnelle que 2018 pour les naissains sur le Bassin d'Arcachon.
Déperdition impressionnante
En effet, même s'il y a eu une ponte "principale et massive" début juillet, et une autre minoritaire début août, le Centre régional d'expérimentation et d'application aquacole (Creaa) constate une déperdition impressionnante des larves d'huîtres (appelées naissains) avant qu'elles ne viennent se fixer sur les collecteurs posés par les ostréiculteurs.Même constat chez ces derniers : Thierry Laffont a vu peu de larves s'installer sur ses collecteurs. Heureusement, il a encore de nombreux naissains en réserve, fruits d'une année 2018 exceptionnelle :
Là, on est sur une année creuse. Je suis à peine à 10% d'une année moyenne. Mais l'an dernier a été pléthorique, donc on va pouvoir gérer les stocks grâce à cette générosité.
Sécheresse et canicule
Pourtant le Bassin d'Arcachon est considéré comme une mine d'or par les ostréiculteurs. En 2015, il était même redevenu le premier centre naisseur d'huîtres d'Europe. Et 2018 avait été une année exceptionnelle pour le développement des naissains.
Alors pourquoi cette année, rien ne va plus ? Nicolas, un autre ostréiculteur, explique que la canicule et le manque d'eau de cet été ont fortement réduit les chances de survie des naissains :
Il n'y a pas eu beaucoup de pluies depuis avril : pourtant, il en faut pour qu'il y ait du phytoplancton. Sans phytoplancton, les larves ne peuvent pas se développer.
Vente à perte
Conséquence des ces fluctuations : le producteur d'huîtres ne se focalise plus sur la production de naissans depuis plusieurs années. Comme beaucoup d'autres, il préfère se fournir chez de plus gros producteurs : "Il y a cinq ans, on faisait 70% de notre chiffre d'affaires grâce aux naissains, l'année d'après on avait deux fois plus de stocks mais deux fois moins d'argent. Le travail, les frais sont les mêmes pour ne pas gagner grand chose aujourd'hui."
Reste que les naissains du Bassin d'Arcachon ont de plus en plus de mal à survivre, probablement à cause du réchauffement climatique. Et que les années exceptionnelles comme 2018 risquent de se faire de plus en plus rare au fil du temps.
Le naissain : késako ?
Le naissain est l'agglomération de larves d'huîtres en cours de développement. Généralement pondues pendant l'été jusqu'à fin septembre, ces naissains vont ensuite se fixer à des rochers ou des collecteurs posés par les ostreiculteurs pour grandir et devenir des huîtres à taille normale.Les naissains ont longtemps proliféré dans le Bassin d'Arcachon grâce aux conditions idéales pour leur survie : une eau chaude et du phytoplancton à foison pour se reproduire. Mais cette année, à cause de la sécheresse et du manque d'eau douce dans le Bassin, seulement 0,02% du nessain devrait survivre.