En 1945, le service de contre-espionnage de l'armée française dressait une liste de 100 000 personnes ayant collaboré avec l'occupant nazi. L'historien bordelais Dominique Lormier a pu consulter ce "fichier interdit" au contenu "explosif" pour y consacrer un livre.
Cette liste de 100 000 noms, établie à la fin de la Seconde Guerre mondiale et longtemps conservée à l'institut Jean Moulins à Bordeaux, fut saisie à l'occasion du Procès Papon en 1997.
Ce fichier "n'a pas été utilisé au moment du procès, du fait de son contenu trop explosif, et du fait que parmi les personnes accusant Papon de collaboration se trouvaient un certain nombre de personnes figurant également dans cette liste" explique Dominique Lormier.
Un fichier déclassifié en 2015
Aujourd'hui encore, ce fichier n'est pas versé aux archives, alors qu'il a pourtant été déclassifié depuis 2015. Sa réalité a d'ailleurs longtemps été niée par les autorités, rappelle l'historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale.
"Il y a eu tout un tollé au sein du gouvernement de l'époque qui avait dit que ce fichier n'existait pas. Il y a eu une volontée de le mettre sous boisseau, et le but du livre, c'est de le faire découvrir", poursuit Dominique Lormier, qui précise : " il ne s'agit pas de tomber dans les travers de ce qu'a été cette période, et de pratiquer une délation qui mettrait en péril les descendants "
Ce n'est donc pas l'intégralité de la liste qui est publiée dans le livre de Dominique Lormier, mais une analyse historique de ce document, qui présente les noms des plus actifs des "collabos".
« Les 100 000 collabos, le fichier interdit de la collaboration française » sera publié jeudi 21 septembre aux éditions du Cherche-midi.