Selon un baromètre publié par la Chambre des commerces et d'industrie de Bordeaux-Gironde, l'activité économique se dégrade nettement au troisième trimestre. La situation inquiète les commerçants qui constatent une baisse du pouvoir d'achat et l'augmentation des charges locatives.
Iris Cotteau-Lejune baisse son rideau pour la dernière fois, non sans amertume. Cette gérante d'une épicerie bio, située au 62 de la rue Bouffard, à Bordeaux, ferme boutique après seulement deux années d'ouverture. "La rentabilité était là, mais elle n'était pas suffisante pour me projeter à long terme dans le centre-ville", souffle-t-elle. La baisse de la fréquentation due aux travaux dans la rue et la hausse des charges locatives ont poussé la commerçante à jeter l'éponge. "À la fin du mois, il vous reste très peu pour vous payer..."
Difficultés d'accéder au centre-ville
Dans les rues de la ville, les passants avouent en effet délaisser parfois l'hyper-centre. "Moi, je vais en centre-ville juste pour travailler, mais sinon je ne consomme pas ici", admet l'un d'eux. "Je viens régulièrement acheter ma viande, mon fromage et mes légumes, mais tout ce qui est habillement, j'achète beaucoup en ligne", ajoute un autre.
Dans la maroquinerie Massip, située dans la galerie des Grands Hommes, Fabienne Massip confirme cette baisse de la fréquentation, qu'elle explique, en partie, par un centre-ville difficilement accessible. "On voit qu'il y a une baisse de fréquentation. C'est nuancé par une manne de touristes qui se déplacent et viennent visiter la ville avec un certain pouvoir d'achat mais le consommateur local peine à se déplacer. Les gens viennent rarement à pied ou à vélo, mais avec leur voiture", explique la gérante. Cette faible fréquentation se conjugue aussi à une hausse conséquente des charges, "+30 % en l'espace de deux ans".
Comme elle, de nombreux gérants souffrent d'une activité économique incertaine, en particulier les commerces, restaurants, bars et cafés. "À ces hausses, il faut ajouter l'emploi, qui est défaillant. Comme on ne sait pas où on va, on fait aussi attention à nos embauches, résultat c'est nous qui sommes sur le front et c'est 70 heures par semaine à deux", rappelle Fabienne Massip.
Augmentation des locaux vacants
La Chambre de commerce de Bordeaux comptabilise plus de 460 procédures de mises sous protection des tribunaux de Libourne et Bordeaux sur le territoire de la Gironde, "c'est 37% de plus que l'année dernière à la même époque", pointe son président, Patrick Seguin.
Outre les fermetures de commerces, la ville de Bordeaux voit aussi augmenter le nombre de locaux commerçants vacants. 10,5% en 2023 contre 6% ces dernières années. "Les commerces sont impactés par une situation économique un peu difficile", affirme Patrick Seguin, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux-Gironde. "Il y a beaucoup de contraintes : celles de l'augmentation de la vie, des ressources, les incertitudes économiques liées à l'instabilité politique après la dissolution."
Ça devient difficile de tenir un commerce ou une petite structure en centre-ville.
Patrick Seguin,président de la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux-Gironde
Ces contraintes accentuent le sentiment de méfiance des gérants d'établissements. Selon un baromètre publié par la CCI de Bordeaux, l'indice de confiance sur la pérennité des entreprises est au plus bas, tous secteurs confondus. À Bordeaux, près de 8 500 commerces et 50 000 emplois directs participent à la vie de la capitale girondine.