A Bordeaux, Lormont, ou encore Mont-de-Marsan, des centaines de personnes se sont réunies pour dénoncer les violences subies par des élus.
C’est à l’appel de l’Association des maires de France (AMF) que ces rassemblements ont eu lieu à la mi-journée dans les mairies du pays. Ils étaient organisés en soutien au maire de L'Haÿ-les-Roses victime d’une violente attaque à la voiture bélier contre son domicile.
À Paris, Marseille, Lyon, mais aussi en Aquitaine, des milliers de personnes se sont donc rassemblées. À Bordeaux, Pierre Hurmic a lancé un " appel à la mobilisation de tous ". " Nous, maires, je crois qu’on investit de plus en plus ces quartiers dits défavorisés (…). En contrepartie, nous attendons de l’État, dans le cadre de ses fonctions régaliennes, qu’il investisse aussi ces quartiers ", a-t-il déclaré.
"Il faut qu'on fasse bloc quelle que soit notre sensibilité politique" (T. Cazenave)
Le maire est en première ligne en ce moment, se sent-il soutenu ? " Attaqué par certains, soutenu par beaucoup d’autres heureusement", répond Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux. "Nous les maires nous sommes souvent à portée d’engueulade et pour certains d’entre nous au-delà. Ce qui est inadmissible. Et c’est pour cela que je souhaitais, dans mon propos, apporter un soutien à tous ces maires qui ont été lâchement agressés ".
Ce matin, au Palais Rohan, les élus de la majorité étaient présents, mais aussi ceux de l’opposition, à l’image de Thomas Cazenave. " C’est dans ces moments-là qu’il faut montrer la force de rassemblement de la république (…) », a-t-il affirmé. " Il faut qu’on fasse bloc quelle que soit notre sensibilité politique".
Je trouve que l’image ce matin d’un rassemblement de tous les élus est indispensable.
Thomas Cazenave
"Je suis venue écouter ce que le maire avait à proposer et à dire"
À la mairie de Lormont aussi, l’heure était au rassemblement. Dans cette commune de la banlieue bordelaise, notamment dans le quartier Génicart, les esprits restent marqués par ces émeutes et l’incendie qui a ravagé l’Espace citoyen. " Je suis venue écouter ce que le maire avait à proposer et à dire ", explique une habitante de la commune. " Il faut essayer de voir ce que l’on peut faire, nous, simples citoyens, de notre côté pour aider et s’entraider ".
Le maire de la commune, Jean Touzeau, a voulu faire de ce rassemblement un moment " pour exprimer ce que nous ressentons aujourd’hui ".
Nous refusons de regarder passivement les mairies brûler.
Jean Touzeau
" Les maires de France alertent depuis des années sur la dégradation de notre société", a-t-il poursuivi. "Il faudra en tirer, le moment venu, toutes les conclusions en termes de politiques publiques nationales. En attendant, nous enjoignons l’Etat, qui a la responsabilité du maintien de l'ordre et dont la vocation est de protéger la société, à rétablir la sécurité par tous les moyens opérationnels dont il dispose".
"J'appelle à ce qu'il y ait la plus grande fermeté, pour faire des exemples, pour interpeller" (C. Dayot)
A Mont-de-Marsan dans les Landes, une centaine de personnes s’est rendue à la mairie sur les coups de midi. La ville a été marquée la nuit dernière, notamment dans le quartier du Peyrouat, par des incidents. Selon la préfecture, les forces de l’ordre ont essuyé des jets de cocktails Molotov, de mortiers d’artifices, et de pierres. " Chez nous, cela a été une nuit un peu plus spéculaire que les autres nuits (…) avec un certain nombre de jeunes, et même très jeunes, qui voulaient en découdre avec les forces de l’ordre", relate Charles Dayot, le maire de Mont-de-Marsan.
"Cela devient déraisonnable, inadmissible, inconcevable", a-t-il déclaré. "Ce qui s’est passé pour ce jeune homme tué (Nahel, ndlr) est tragique. Mais le prétexte a bon dos par rapport à des réactions qui sont complètement décorrélées. La quarantaine de gamins cagoulés que j’ai vue hier soir étaient là pour en découdre, pour se défouler. Est-ce qu’il y a vraiment un message derrière ? J’en doute. En tous les cas, j’appelle à ce qu’il y ait la plus grande fermeté, pour faire des exemples, pour interpeler".
Dans la cour de la mairie, une montoise confie son inquiétude. " Il faut soutenir ces élus qui sont « au front » comme on dit. C’est bien désolant pour tous. Car quand on voit les saccages qu’il y a, cela impacte toute la population. On est impuissant. Les élus essaient de faire tout ce qu’ils peuvent avec les moyens qu’ils ont, mais j’ai l’impression, malgré ce qu’on entend, qu’ils se sentent un petit peu abandonnés ".