En pleines négociations entre l'Union européenne et le Mercosur, les syndicats agricoles se mobilisent pour manifester leur désaccord. Si les actions ont débuté ce jour à Niort et Angoulême, d'autres devraient marquer la semaine dans la Vienne, la Charente, la Charente-Maritime et les Deux-Sèvres.
Tout un symbole. Pas moins de 300 panneaux de communes charentaises rassemblées sur la voie de l'Europe, à Angoulême, avec un message : "Non au Mercosur". Ce 18 novembre 2024, la Fnsea et les Jeunes Agriculteurs de Charente ont continué leurs revendications, dans une semaine qui devrait être marquée par les actions des différents syndicats agricoles, en pleine négociation du traité entre l'Union européenne et les pays d'Amérique du Sud. L'action est nationale et tous les départements sont concernés. De son côté, la Coordination Rurale entamera ses actions sur les routes le 20 novembre, à la fin de son congrès national qui se tient au Futuroscope de Poitiers à partir du 19 novembre. Dans les Deux-Sèvres, la Vienne et la Charente-Maritime également, des actions sont à prévoir.
La Fnsea et les Jeunes Agriculteurs lancent les hostilités
Ce sont les agriculteurs de la Charente qui ont allumé la mèche les premiers. Dès le 16 novembre, la Fnsea et les Jeunes Agriculteurs locaux avaient pour consigne de retirer les panneaux de leurs communes. Ce lundi 18 novembre, ils se sont donné rendez-vous afin d'organiser une opération de tractage et en exposants les 325 panneaux récoltés sur la voie de l'Europe. "Les panneaux sont symboliques, mais c'est important pour montrer que la France, c'est aussi des territoires ruraux et qu'on ne peut pas brader tout ce territoire, matérialisé par ces panneaux", explique Jean-Bernard Sallat, président de la Fnsea Charente.
Si de forts ralentissements ont été observés sur la voie de l'Europe, les Jeunes agriculteurs et la FNSEA tenaient à ne pas bloquer les routes. "L'accueil est plutôt bon, assure Camille Golvet, des Jeunes Agriculteurs de Charente et viticultrice à Segonzac. On essaie d'informer en donnant des tracts expliquant les conséquences sur ce que vont avoir les gens dans leurs assiettes dans les prochains mois, si cet accord est voté."
Car c'est bien l'accord avec le Mercosur qui cristallise toutes les tensions. "On va importer des produits en France qui ne sont pas du tout aux normes, qui ont des gros résidus de produits phytosanitaires avec de l'utilisation d'OGM. C'est interdit en France, on nous dit que ce n'est pas sain pour la population et par contre, on se permet d'en apporter quand même", appuie Rodolphe Texier, vice-président des Jeunes Agriculteurs de Charente. Plus tard dans la journée, la Fnsea et les Jeunes Agriculteurs se sont rassemblés, avec leurs panneaux, devant la préfecture de Charente.
Début des blocages le 20 novembre pour la Coordination Rurale, après son congrès national
Si les points de divergences sont nombreux entre les organisations syndicales agricoles, toutes dénoncent le traité entre l'UE et le Mercosur. C'est aussi le cas de Coordination Rurale. En Charente, cette dernière a mené une action dans la nuit du 17 au 18 novembre visant à bâcher 11 radars du département. Une "mise en bouche", selon son président Frank Olivier, car le syndicat se réunit en congrès national les 19 et 20 novembre au Futuroscope à Poitiers. Mais il l'assure : "La mobilisation démarrera aussitôt le congrès terminé".
Avec leurs confrères de la Vienne ces derniers vont descendre à Ruffec, La Couronne et Chasseneuil-sur-Bonnieure pour une opération "Blocage du fret alimentaire". "Nous souhaitons bloquer les centrales d'achat afin de montrer aux Français que si la France dépend d'autres pays pour son alimentation, dans les 24 à 48 heures, il y aura des rayons de supermarché vides", explique Frank Olivier. Ce dernier promet qu'il ne veut pas "embêter les gens en bloquant les routes".
Le président de la Coordination Rurale de Charente dénonce la concurrence déloyale que représenterait un tel accord avec le Mercosur mais alerte également sur le contexte actuelle, suite à une année difficile. "S'il n'y a pas de changement radical, on va disparaître", pointe-t-il. Des revendications similaires aux autres syndicats agricoles mais "uniquement sur ce point". À l'approche des élections en chambre d'agriculture en janvier prochain, la nécessité de se démarquer se fait ressentir. Mais Frank Olivier le jure : "Contrairement à d'autres, je ne fais pas de manifestations pour me faire élire !" Dans ce contexte, en Charente, la semaine comme les mois à venir s'annoncent chargés en mobilisation des agriculteurs de tous bords.
Les Deux-Sèvres, la Vienne et la Charente-Maritime également impactés
Dans les Deux-Sèvres, les agriculteurs de la Fnsea et des Jeunes Agriculteurs se sont aussi mobilisés ce 18 novembre. Dès 14 heures, ces derniers avaient rendez-vous au rond-point de l'Acclameur à Niort ou encore à l'espace Émeraude d'Echiré. Une opération escargot qui a perturbé le trafic routier sur la rocade de Niort. La même action devrait être reconduite le 19 novembre avant un rassemblement place de la Brèche.
Les Jeunes Agriculteurs et la Fnsea de la Vienne se rassemblent sur six rond-points du département le 18 novembre au soir pour allumer "les feux de la colère". À Jaunay-Clan, Chauvigny, Nieuil-l'Espoir, Charroux, Vivonne et Vouille, des perturbations sont à prévoir dès 18h30. Mais dès le lendemain, avec l'ouverture du congrès national de la Coordination Rurale au Futuroscope, Poitiers et ses environs pourraient par ailleurs être impactés par des actions d'agriculteurs.
Enfin, en Charente-Maritime, la Fnsea et les Jeunes Agriculteurs allumeront également des "feux de la colère" les 18 et 19 novembre à partir de 19h45. La Rochelle, Saint-Jean-d'Angély, Royan, Pons et Tonnay-Charente sont les zones ciblées. Dans le département, les deux syndicats ont d'ores et déjà annoncé continuer la mobilisation jusqu'au dimanche 24 novembre.
Si elle dénonce aussi fermement le traité entre l'Union européenne et le Mercosur, la Confédération Paysanne n'a pas, pour le moment, communiqué sur des actions de mobilisation locale.