Dégustation gratuite de viande locale en plein Limoges, bannières sur la plupart des grands ronds-points de l'agglomération, ainsi qu'à Guéret et dans de nombreuses autres localités du Limousin. En Corrèze, la Confédération paysanne a également dénoncé les dangers que représentent les panneaux solaires pour l'avenir de la profession et la FDSEA organise des "feux de la colère" sur au moins quatre échangeurs autoroutiers ce lundi soir. Le point sur les actions du jour "sans blocage", pour l'instant.
Ce lundi de mobilisation a démarré en Haute-Vienne avec une dégustation gratuite de viande locale, ouverte à tous en plein centre de Limoges, pour dire non au projet d'accord UE-Mercosur. Puis, les éleveurs ont pris la direction de plusieurs axes routiers autour de l'agglomération.
Pas de blocage, mais des banderoles installées sur les ronds-points les plus visibles, ainsi que sur l'hôtel de Ville. Avenue Georges Dumas, un drapeau de la FDSEA a été placé entre le drapeau français et le drapeau de l'Union européenne.
En fin cette fin d'après-midi, les éleveurs mobilisés convergent déjà peu à peu vers la préfecture de Haute-Vienne, où une délégation remettra officiellement un récapitulatif des revendications aux services de l'État. Les "150 panneaux" de communes "pris en otage" depuis deux semaines vont être rendus après avoir été affichés.
"Avec la Coordination rurale, nous n'avons pas la même façon de voir les choses"
"Demain, on ne continue pas le mouvement" annonce déjà Julien Bonneaud, secrétaire général de la FDSEA de Haute-Vienne, car la Coordination rurale (réputée proche du Rassemblement national) doit se mobiliser à son tour ce mardi. "Nous n'avons pas la même façon de voir les choses, et nous ne voulons pas nous afficher avec eux", explique le responsable syndical.
Mais FDSEA et JA comptent bien occuper une nouvelle fois le terrain dans quelques jours.
Les exploitants agricoles ont reçu le soutien du président du conseil départemental de la Haute-Vienne, Jean-Claude Leblois (PS) pour qui le rôle des élus locaux et aussi de soutenir "le milieu rural. On voit bien que les politiques nationales et même au-delà aujourd'hui ne vont pas dans le sens du travail et de l'implication, de la production locale. Nos paysans, nos agriculteurs, nos producteurs souffrent et ne peuvent pas vivre de leur travail. Il doit être reconnu".
Panneaux photovoltaïques : "ils sont en train de bloquer 8000 hectares"
La Confédération paysanne a manifesté ce lundi devant la chambre d'agriculture de Corrèze, à l'occasion d'une séance plénière. Ici, les revendications se sont concentrées non pas sur l'accord UE-Mercosur mais contre le développement de l'agrivoltaïsme.
"Ce qu'on voudrait, c'est que les panneaux solaires soient posés sur des parkings, sur des toitures, sur des surfaces artificielles, mais pas sur nos parcelles. C'est notre outil de production, on en a besoin pour produire. Sinon, il n'y a plus de souveraineté alimentaire", a expliqué Laurence Marandola, porte-parole nationale du syndicat. "Aujourd'hui, nous les agriculteurs sommes en grande difficulté et les énergéticiens profitent de ce moment très difficile - c'est scandaleux - pour s'accaparer les terres", ajoute-t-elle.
Directement mise en cause, la chambre d'agriculture a réagi par la voix de son président. "Nous sommes favorables au photovoltaïque sur les toitures parce qu'on sait que demain ça nous aidera dans la modernisation des bâtiments, dans la réhabilitation des batiments qui sont notamment amiantés. Ces bâtiments devront avoir une seconde vie", rectifie Daniel Couderc, président de la chambre. Selon lui, la réglementation est suffisamment sévère, mais il est vrai que "beaucoup d'investisseurs galopent après le photovoltaïque au sol. Mais il faut que nos paysans gardent raison sur le sujet".
Car les possibilités de développement de cette filière, en Corrèze, sont très réduites. Or de nombreux contrats seraient déjà signés avec des exploitants (des baux emphytéotiques) "qui sont en train de bloquer à peu près 8000 hectares qui demain ne seront pas proposés à l'installation de jeunes ou à la succession des anciens. Ce qu'on demande au préfet, c'est justement qu'il mette un peu de raison dans tout ça et qu'il lève un petit peu le pied par rapport à tous ces investisseurs".
Le président de la chambre d'agriculture évalue à 95% le taux de dossiers qui seront refusés à l'issue de leur instruction.
La FDSEA a fustigé l'action de la Confédération paysanne dans un communiqué. "Ces militants, pour la plupart non issus du monde agricole (moins de 10 agriculteurs corréziens !) ont, une fois de plus, fait part de leur volonté de décroissance pour le monde agricole", cingle la fédération départementale.
En soirée, plusieurs opérations "feux de la colère" sont programmées, notamment sur les échangeurs autoroutiers d'Ussel, de Saint-Angel, d'Égletons, ou encore d'Ussac.
À Guéret, on demande "un arrêt total" des négociations en cours
FDSEA et JA ont également déployé des banderoles sur plusieurs ronds-point en Creuse, pour y dénoncer le projet d'accord UE-Mercosur.
La mobilisation des éleveurs se situera en début de soirée devant la préfecture, à Guéret, pour demander "un arrêt total" des négociations en cours.