Ambès : manifestation face aux dangers industriels en Gironde

Ce samedi, ils ont été une cinquantaine à se rassembler devant l’usine Yara qui produit des engrais à base de nitrate d’ammonium. Quelques semaines après l’explosion ayant eu lieu à Beyrouth, et un an après la catastrophe de Lubrizol, les associations alertent les autorités.
 

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C’est un site économique hautement stratégique, une zone industrielle où sont installées plusieurs entreprises Sévéso, et un lieu de danger potentiel. En Gironde, ils avaient donc fait le choix de se réunir de manière symbolique à Ambès. Car aujourd’hui, des manifestations ont eu lieu partout en France à l’initiative du collectif « Notre maison brûle mais nous ne regarderons pas ailleurs ». 
Et c’est devant les portes de l’usine Yara France qu’ils se sont retrouvés. Là même où sont stockées des matières dangereuses. L’usine « produit des engrais à base de nitrate d’ammonium et peut en stocker jusqu’à 66 000 tonnes, à partir d’ammoniac et de nitrate d’ammonium », dénonce le collectif. « Ce dernier produit est celui qui a explosé spontanément à Beyrouth où il était entreposé de façon scandaleuse. C’est une quantité comparable qui est entreposée à Ambès, dans des conditions beaucoup plus réglementées ».
L’usine Yara fait en effet partie des 108 sites français stockant du nitrate d’ammonium. Parmi eux, 16 sont classés Sévéso "seuil haut" du fait de la quantité stockée, Yara en fait partie. De son côté la DREAL a rappelé ces derniers mois que des contrôles réguliers étaient effectués sur ces sites et que la France avait « mis en place une règlementation parmi les plus strictes d’Europe ».

Un nouveau PPI (plan particulier d’intervention) est actuellement en cours d’élaboration. « C’est énorme, il y a 123 écoles, lycées et collèges concernés, c’est énorme ce PPI", dit Sylvie Nony de l'association Alerte pesticide. "Et surtout, il est tout à fait incomplet et même incorrect par rapport aux textes règlementaires. C’est ce qui a motivé la lettre envoyée par six associations de Gironde à la préfète le 29 juillet, quatre ou cinq jours avant le drame de Beyrouth, et qui n’a toujours pas de réponse mais qui apporte des alertes très sérieuses sur la gestion de la sécurité. Et pus il y a toute une série d’arrêtés préfectoraux, de mises en demeures, de la société Yara. Il y a en a un qui a été pris en 2013, et qui en fait n’a été suivi d’effet qu’en 2019 sur des graves questions de sécurité.

Donc six ans pour mettre en sécurité des installations d’un tel niveau de danger ça ne nous parait vraiment pas sérieux.

Sylvie Nony

"Le nombre d’inspecteur diminue d’année en année"

"On a vu, c’est vrai, s’accélérer les arrêtés préfectoraux après octobre 2019", poursuit Sylvie Nony. "On se doute bien que les pouvoirs publics se sont dit « Ouh la la , après Lubrizol ça risque de chauffer. Mais on voit bien aussi que notre gouvernement ne répond pas. Il y a eu une conférence de presse du ministre de l’environnement cette semaine  et qui a voulu nous rassurer avec l’idée qu’on va augmenter les inspections mais ce n’est pas vrai. On ne peut pas augmenter les inspections si on diminue le nombre d’inspecteurs. Or le nombre d’inspecteur diminue d’année en année. La sécurité nécessite des moyens, pas de mots et des déclarations pompeuses. Nous voulons des actes sur ces questions qui concernent tous les citoyens, a la fois les travailleurs qui travaillent dans ces entreprises, des riverains, et plus largement autour vu le périmètre du plan de risque ».

L'effet domino redouté

Le collectif estime que « la présence d’une dizaine d’installations classées au même niveau de risque sur la pointe d’Ambès inquiète beaucoup ». « Comme à Rouen, l’effet domino possible entre ces différentes installations en cas d’accident n’est pas suffisamment pris en compte ». Cet après-midi, Henri Plandé
(Association alerte pesticide Haute-Gironde), plan à la main, explique. « Si il y a une explosion forte sur Yara, je ne suis pas spécialiste mais vu ce qui s‘est passé à Beyrouth, là c’est pas 2000 tonnes de nitrate d’ammonium, c’est 62 000 tonnes… Ils sont stockés autrement et il faut espérer que ce soit un peu plus sérieux qu’à Beyrouth. Mais quand même, là on voit bien une enfilade de sites Séveso seuil haut et que les protections entre les sites, les coupures de sites, ne sont pas présentes (…) ».
 
A côté de Yara, il existe 7 autres sites à risque. Au total, 80 communes seraient concernées selon la gravité des accidents. Le département de la Gironde compte lui 35 sites sensibles, c'est le chiffre le plus élevé de Nouvelle-Aquitaine.
 
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