L'usine d'engrais Yara est accusée par des riverains de produire des bruits au-dessus des normes autorisées. Ils ont saisi la justice.
Ils n'en peuvent plus du bruit causé par l'usine installée en face de chez eux. Deux habitants de Macau en Gironde ont déposé un référé demandant la "suspension du fonctionnement des installations" de l'usine norvégienne d'engrais Yara. Bien que située sur l'autre rive de la Dordogne, l'entreprise, classée SEVESO, produit des émissions sonores considérées comme au-dessus des normes autorisées.
Cela fait dix ans que l'affaire dure. Dès 2008, un rapport réalisé par la DREAL (Direction Régionale de l'Aménagement, de l'Environnement et du Logement) rapportait que le bruit émis était supérieur au seuil autorisé : "5,5 pour un seuil fixé à 3".
En 2009, la préfecture de la Gironde avait demandé à Yara de mener une étude sur l'émergence sonore. Mais rien n'a bougé déplore Maître François Ruffié, l'avocat des plaignants.
D'autre part, en 2015, un rapport de l'APAVE est réalisé à la demande de YARA. En page 12, il est mentionné : « au point C ZER MACAU, les niveaux sonores relevés nous permettent de conclure à une non-conformité en période nocturne ».
Et en page 17 : « les mesures réalisées chez le riverain situé sur la rive côté MACAU montre qu’il y aurait un impact sonore provenant des installations de l’Atelier nitrate partie sèche et plus spécifiquement provenant des ventilateurs K3 K5 et K6 ».
L'un des plaignants, Bernard Claverie, dénonce "un scandale environnemental" et accuse les services environnementaux de la préfecture de la Gironde d'inertie.
J'ai un dossier d'un mètre de haut qui révèle la passivité bienveillante des services de l'Etat."
Les deux plaignants demandent une cartographie précise des bruits.
Lors de l'audience du référé, l'avocate de Yara, Elodie Simon, a concédé des "dépassements ponctuels" contrôlés par les services du préfet et a rappelé les investissements engagés par l'entreprise norvégienne, notamment "des enceintes en béton pour atténuer le bruit conformément à la réglementation."
Le jugement a été mis en délibéré.