Des centaines de chambres d'hôtel avaient été réservées dans la métropole bordelaise pour l'accueil du sommet Afrique France, finalement délocalisé à Montpellier. Mais les arrhes versées doivent être remboursées par les hôteliers. Une facture colossale en pleine crise économique pour le secteur.
C'est une coquette somme de 307 000 euros à rembourser après l'annulation du sommet Afrique France à Bordeaux.
307 000 euros d'arrhes perçues par les seuls hôteliers membres du groupe Accor, pour la réservation des chambres passées par l'Elysée.
Des réservations également prises dans toute une gamme d'hôtels de la métropole bordelaise (indépendants ou affiliés à d'autres grands groupes) afin de loger les participants, les organisateurs et les forces de sécurité du sommet Afrique France à Bordeaux.
L'événement international, initialement prévu en juin 2020, avait été reporté en juillet 2021 pour cause de pandémie, avant d'être délocalisé. Il se déroulera finalement à Montpellier, faute d'accord trouvé entre la nouvelle municipalité bordelaise et les services de l'Elysée.
Cette délocalisation a déclenché une vive polémique entre ancienne et nouvelle majorité municipale, cette dernière réaffirmant (dans un communiqué ce jeudi 3 décembre) qu'elle regrette le choix de l'Elysée ne pas avoir retenu sa candidature, bien qu'ayant donné son accord par courrier en date du 9 octobre.
Nos trésoreries sont exsangues !
La facture est lourde voire impossible à rembourser pour des hôteliers dont les établissements tournent au ralenti en raison de la crise sanitaire. Et la situation inquiète le président girondin de l'UMIH, le syndicat professionnel des hôteliers, restaurateurs, bars et discothèques.Il faut rembourser ces sommes alors que nos trésoreries sont exsangues ! Les charges continuent à s'accumuler pour les hôteliers et ces avances perçues sur les réservations représentent un fond de roulement vital pour nos entreprises.
Et je ne vous parle même pas du manque à gagner que représente l'annulation du plus grand sommet jamais accueilli à Bordeaux.
Le chiffre d'affaires généré par l'accueil des participants et organisateurs était estimé à un million et demi d'euros, une fois encore pour les seuls établissements du groupe Accor explique le président de l'UMIH.
"Le logement des gendarmes représentait 300 000 euros de chiffre d'affaires, celui des CRS 200 000 euros et un million d'euros pour les délégations."
Le remboursement des arrhes versées aux hôteliers bordelais pour la réservation des chambres est contractuel.
L'union des métiers et des industries de l'hôtellerie espère aujourd'hui que la ville de Bordeaux trouvera une solution à cette situation.
Une réunion a été demandée par son président girondin au maire Pierre Hurmic.
La mairie rappelle "son soutien aux hôteliers"
Dans ce même communiqué de presse publié ce jeudi 3 décembre, la Mairie de Bordeaux explique comprendre les soucis actuels des hôteliers, notamment en matière de trésorerie.
Selon elle, le remboursement de ces arrhes a été demandé dès le mois de mai, lors de l'annulation du sommet Afrique-France (sous sa forme initiale ndlr) en raison de la crise sanitaire :
La mairie de Bordeaux sera aux côtés des hôteliers pour négocier auprès de l'Elysée l'étalement de ces remboursements. (...) Les élus bordelais ont voté à la métropole (le 27 novembre) des mesures pour aider les hôteliers, notamment un fonds d'aide aux loyers cumulable avec le fonds de soutien à la trésorerie et tout autre fonds de soutien, pour les mois de novembre et décembre, ainsi qu'un nouveau report du paiement de la taxe de séjour.
La présidente de l'office de tourisme de Bordeaux métropole recevra vendredi 4 décembre les hôteliers alors que des moyens supplémentaires ont été votés pour les accompagner dans des opérations de communication dès que l'activité touristique sera possible, précise enfin la ville de Bordeaux.
La CCI veut présenter la facture à la mairie
Les hôteliers ne sont pas les seuls à subir l'impact économique de la délocaliation du sommet Afrique France à Montpelier en juillet 2021.
La Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux, co-organisatrice de l'événement, a engagé pour 93 000 euros de frais dans la préparation d'un volet de coopération économique à l'occasion du sommet confirme le service communication de la CCI.
Son président Patrick Seguin, dans les colonnes de Sud Ouest, annonce son intention de présenter la facture à la ville de Bordeaux.
Dans sa version initialement prévue en juin 2020, ce sommet devait réunir à Bordeaux cinquante-quatre chefs d’Etats et des centaines entreprises françaises et africaines, sur le thème de la ville et des territoires durables.
Les retombées économiques directes étaient alors chiffrées par les organisateurs à plus de trois millions d'euros en Gironde.
En raison de la crise sanitaire, ce 28ème sommet Afrique France délocalisé à Montpellier se déroulera pour la première fois sans les Chefs d'Etats.