"Autant ne pas ouvrir" : le couvre-feu à 18 heures, un coup dur pour de nombreux secteurs

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé la mise en place d'un couvre-feu dès 18 heures sur le territoire national dès samedi. Difficile à encaisser pour de nombreux secteurs, déjà ébranlés par les confinements successifs.

"Le couvre-feu s'appliquera à compter de 18 heures à partir de samedi et pour au moins quinze jours (…) cela signifie qu'à partir de samedi à 18 heures, tout le monde devra être chez soi"

C'est avec ces mots que le Premier ministre Jean Castex a annoncé la nouvelle tant redoutée depuis plusieurs jours. Alors que la mesure était auparavant réservée à quelques départements, c'est désormais tout le territoire national qui devra respecter un couvre-feu strict dès 18 heures, à compter du 16 janvier.

"Tous les lieux, commerces, ou services recevant du public seront fermés à partir de 18 heures", a également précisé le Premier ministre.

"On ouvre pour rien"

Bien qu'attendue, la nouvelle reste difficile à digérer. "Autant ne pas ouvrir", estime Harmony Beaudoux. Cette commerçante qui tient plusieurs magasins de chaussures sur la métropole de Bordeaux avait symboliquement ouvert sa boutique une journée en plein confinement, pour manifester son mécontentement.  Elle explique qu'elle devra fermer à 17 heures 30 afin de respecter les horaires du couvre-feu. 

C'est catastrophique. Aujourd'hui plus de la moitié de la clientèle vient à la débauche, on n'a personne avant 17 heures 30. Ca veut dire qu'on ouvre pour rien. 

Harmony Beaudoux, commerçante


Difficile à encaisser, alors que les ventes dans son secteur ne décollent pas depuis la fin du deuxième confinement. "Les gens sont en télétravail, ils ne sortent pas au restaurant, ni dans les bars... Ils ne vont pas investir dans des chaussures, c'est logique", analyse la commerçante, qui ne cache pas son inquiétude et a déjà recours au chômage partiel parmi sa douzaine d'employés. 

Afin d'éviter une trop grande concentration de la clientèle sur des plages horaires restreintes, Jean Castex a incité les commerçants à ouvrir sur "la plage déjeuner" et rappelé l'existence de certaines dérogations préfectorales permettant l'ouverture dominicale. 

La restauration pénalisée sur sa vente à emporter

Le secteur de la restauration, déjà très durement éprouvé par la fermeture des enseignes subit également cette annonce, qui met un stop à la vente à emporter en soirée. 
" Les restaurateurs qui font une cuisine raffinée, qui sont positionnés sur le soir pour une clientèle qui veut éviter de cuisiner à la maison…. Eux ne pourront plus travailler", s'agace Laurent Tournier, représentant des professionnels de la restauration au sein de l’UMIH en Gironde (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie). 

Les activités de livraison type Uber ou Deliveroo, elles, peuvent continuer. Mais ces plateformes prennent des marges trop importantes, et les restaurants, n’ont pas forcément franchi le pas.

Laurent Tournier, UMIH 33

Le réprésentant des restaurateurs, qui déplore une "gestion au doigt mouillé", regrette fortement que le Premier ministre n’ait pas fait de différence entre les territoires, et rappelle que l’Aquitaine est moins touchée par le virus que le Grand Est. 

Fin des entraînements sportifs

Autre secteur à nouveau impacté par les annonces du Premier ministre : le monde sportif. Le couvre-feu à 18 heures impliquait déjà de suspendre de nombreux entraînements. Mais Jean Castex a tout simplement annoncé la suspension de toutes les activités scolaires et extra scolaires en intérieur. 

"On se retrouve devant le fait accompli"

"Depuis le début, nous ne faisons que nous adapter, reconnaît Gilles Gombeau, président de l'Union sportive bouscataise basket-ball. "Une fois de plus on se retrouve devant le fait accompli. On a ouvert en septembre, on a dû arrêter… Nous avions tout juste repris avec les mineurs, avec un protocole très strict : on doit faire du basket sans contact. On va devoir arrêter de nouveau."

S'il reste optimiste, parce qu'il le faut bien, le président de club admet que les mois passés ont été difficiles. "Les seniors n'ont pas pu s'entraîner. On n'a aucune rentrée d'argent, puisqu'il n'y a ni manifestation sportive, ni buvette. Tous les moments de convivialité manquent aussi".

Le Premier ministre qui a justifié la décision par les chiffres du Covid-19 en France, et l'arrivée de nouveaux variants sur le territoire national, n'exclut pas un nouveau confinement en cas de nouvelle dégradation.  

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