Aller ou ne pas aller à l'école ? Ce jeudi et demain vendredi, le gouvernement autorise les élèves à rester à la maison pour limiter les risques de contamination avant Noël. Une recommandation de dernière minute qui agace les professeurs, peu suivie dans les établissements scolaires à Bordeaux.
A l'école élémentaire Saint-Louis de Bordeaux, qui accueille 132 élèves du CP au CM2, peu d'élèves étaient absents. Six élèves seulement sur les 23 dans cette classe de cours élémentaire première année.
La cheffe d'établissement, Céline Lagune, avait informé les parents après les annonces de Jean Castex
Suite aux recommandations du Conseil Scientifique relayé par le Premier ministre, nous leur avons précisé que les cours étaient maintenus mais que nous accepterions que les enfants restent à la maison pendant deux jours. Il fallait simplement nous informer assez rapidement pour qu’on puisse s’organiser dans les classes.
Mardi, sur Europe 1, le premier ministre avait créé la surprise en déclarant que
"A chaque fois que cela est possible, surtout si on doit recevoir à Noël des personnes vulnérables, le Conseil scientifique (...) a dit (...) si vous pouvez ne pas emmener vos enfants à l'école jeudi et vendredi (...), vous le faites"
Cette recommandation, deux jours avant la date effective, a obligé les établissements à revoir, en urgence, l'organisation qu'ils avaient mis en place depuis le 2 novembre. Pour accueillir au moins la moitié des élèves en présentiel, tout en respectant le protocole sanitaire imposé par le ministère de l'Education Nationale, certains avaient choisi de diviser les classes en deux, les groupes assistant aux cours à des jours différents de la semaine. Ne pas venir pendant deux jours auraient pu pénaliser des élèves plutôt que d'autres.
D'autre-part, de nombreux professeurs avaient planifié des contrôles. Un lycée bordelais a d'ailleurs maintenu ces examens.
Sur les réseaux sociaux, le SNUipp-FSU, majoritaire chez les enseignants du primaire s'insurge contre "une nouvelle marque de mépris pour les personnels et pour l’école qui se voit à nouveau désorganisée." Le syndicat regrette une absence de concertation :
Comme un symbole de cette année hors norme, c'est encore une fois par les médias, à 48h de la date concernée, que la FSU et les personnels ont appris les modalités de (dés)organisation de cette fin de semaine
Selon le SNUipp,"le gouvernement reconnaît implicitement, après avoir nié pendant des semaines cette évidence, que les écoles, collèges, lycées et CIO sont des lieux de circulation du virus et de contamination." Elle exige donc "des réponses sérieuses et responsables à la gravité de la situation sanitaire."
Même son de cloche du côté du SNES. Pour le premier syndicat des collèges et des lycées généraux et technologiques, "l’école à la carte n’est pas une réponse à l’épidémie" comme l'explique Jean-Pascal Méral secrétaire académique :
Ça pose aussi le problème sanitaire puisqu’on nous a dit pendant des semaines et des semaines que les établissements n’étaient pas des lieux de contamination. Si on écoute le Premier ministre, au contraire, les établissements sont devenus des lieux de contamination et il faut protéger les élèves pour qu’ils puissent rentrer dans leur famille
Des professeurs passablement agacés et des élèves pas davantage convaincus par cette "demi-mesure". Yohann, élève de BTS dans les métiers du design, était en cours ce matin. Il y voit une opération de communication :
Franchement, prendre juste deux jours avant, c’est juste rester chez soi pour rester chez soi. C’est des mesures prises à la va-vite pour essayer de rassurer la population
Pas d'adhésion non plus à la FCPE, qui a dit non à l'école buissonnière. La fédération de parents d’élèves jugeait la mesure inaudible et inadaptée. Dans un courrier adressé au premier ministre en date du 16 décembre, elle dénonçait cette « désorganisation scolaire » et lui demandait de mettre en sécurité élèves et personnels.
Le 26 novembre dernier, Emmanuel Macron avait annoncé que "si le nombre de contaminations demeure en-dessous de 5 000 cas par jour les [...] lycées pourront être pleinement ouverts, avec la totalité des élèves » en présentiel.
Les derniers chiffres publiés par Santé Publique France font état de 17650 contaminations le 16 décembre.