Huit militants de l'ultra-droite devant la justice à Bordeaux : "pour le salut nazi, j'étais bourré"

Huit personnes, présentées par le parquet comme militants politiques de l'ultra-droite comparaissent ce jeudi 23 mars devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Ils sont soupçonnés de violences racistes et sexistes commises le 25 juin 2022 dans le quartier St-Michel de Bordeaux.

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Ils sont huit hommes à comparaître libres ce matin au tribunal de correctionnel de Bordeaux, certains dissimulés sous des masques chirurgicaux. 
Âgés de 20 à 39 ans, mais la petite vingtaine pour la plupart, trois sont nés en Aquitaine et les autres à Nice, en Savoie ou en région parisienne.

"Expédition punitive"

Mis en examen pour des "violences en réunion avec usages d'armes et à caractère raciste et sexiste" à l'encontre de trois personnes, ils doivent s'expliquer par rapport à des faits commis dans la nuit du 24 au 25 juin 2022 dans le quartier St-Michel de Bordeaux. 

Le lendemain, des habitants et des témoins avaient tous décrit la même chose : une descente de militants d’extrême droite provocateurs et violents à l’angle des rues des Faures et des Menuts.  
Des hommes, pour certains cagoulés, avaient alors violemment invectivé des passants et tenu des propos racistes. Dans un communiqué, la Ligue des droits de l’Homme de Gironde avait dénoncé une "expédition punitive"

Les regards s’étaient très vite portés sur le groupuscule d’extrême droite, Bordeaux nationaliste, dont les militants sont régulièrement mêlés à des violences. 
A l'issue de l'enquête de police, huit personnes ont été interpelés et déférées devant la justice le 22 février dernier. Le parquet a requis un placement sous contrôle judiciaire et a convoqué ces personnes devant le tribunal correctionnel ce jeudi. 

"Ils sont où les antifas ?"

L'audience a débuté par l'examen de la personnalité des huit prévenus. Des vidéos et des photos ont été diffusées. Certaines ont été filmées par des témoins, d'autres, par les prévenus eux-mêmes. On les voit chanter "On est chez nous", "ils sont où les antifas" ou encore "Bordeaux nationaliste". 

"Vous ne pensez pas que déambuler ainsi dans un quartier notoirement anfifa équivaut à une provocation ? ", interroge le président Charles Moynot. Tous répondent par la négative. 
Une autre question porte sur un salut nazi, effectué par les prévenus et visible dans les vidéos. "Quand on chante, on agite les bras, rétorque Fabien A., l'un des prévenus. Son frère Lucas reconnait le geste nazi, et tente de le justifier : "pour le salut nazi, j'étais bourré". 

Les cris de singe entendus par des témoins ? "des cris spartiates". À son domicile, des autocollants sont retrouvés, dont l'un représentant un smiley jaune, affublé d'une mèche noire sur le front et d'une courte moustache. "C'est juste que j'aime les autocollants", se défend Lucas. Il explique ensuite avoir rejoint Bordeaux nationaliste après avoir subi une grave agression, il y a un an, dans le but défendre son pays. "Connaissez-vous la Shoah ?", l'interroge Arié Alimi, avocat au barreau de Paris et membre de la LDH. "Je n'étais pas né", tente le prévenu, avant de poursuivre :  "Hitler a voulu défendre son pays". 

Rassemblement d'associations 

Peu avant le début de l'audience, une trentaine de personnes se sont réunies près de la cité judiciaire dont plusieurs mouvements qui sont parties civiles dans ce procès comme la ligue des droits de l'Homme (LDH) ou SOS racisme. 
Maître Arié Alimi défend aujourd'hui Amin, l'une des trois victimes.  

"Mon client a été victime d'exactions qu'on peut qualifier de néo-nazies. C'est assez révélateur de tout ce qui se passe sur le territoire, depuis l'arrivée du parti Reconquête."

Ces éléments sont dans une bataille culturelle et violente. Mais il faut leur montrer judiciairement et politiquement qu'ils n'ont pas leur place et les empêcher de s'implanter. 

Me Arié Alimi, avocat d'une victime

France 3 Aquitaine

A côté de lui, Amin se remémore cette nuit du 25 juin 2022 : "j'étais dans mon appartement. J'ai entendu des cris et j'ai vu qu'ils s'en prenaient à une jeune fille. Je suis descendu et je suis tombé nez à nez sur le groupe. Ils s'en sont pris aussi à un mineur isolé. J'ai voulu calmer les choses, en vain et j'ai vu des barres de fer et des saluts nazis". 

Sandrine Malet, membre de SOS racisme Gironde, explique la présence de l'association aussi. "C'est fondamental de combattre ce type d'agissement par ces groupuscules qui ont mis une pression énorme sur la ville. Je pense qu'ils ne sont pas nombreux mais ils avancent masqués la nuit. Notre objectif est qu'il y ait des condamnations et pas d'impunité après des faits graves. On restera soudés collectivement et on portera nos combats la tête haute dans l'espace public."

"Bordeaux nationaliste" 

Parmi les huit prévenus, deux hommes sont déjà connus des services de justice. Ils doivent comparaitre devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, le 7 avril prochain. Ils sont soupçonnés d’avoir participé aux actes homophobes commis en marge de la Marche des fiertés en 2022. La mairie de Bordeaux et des associations LGBTQI+ avaient alors déposé plainte. 

Quant au groupe Bordeaux nationaliste, il a été officiellement dissous le 1er février 2023. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait alors annoncé l’interdiction du mouvement néofasciste, considéré comme "provoquant des agissements violents à l'encontre des personnes ou des biens".  

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