Le ministre de l’économie est de retour à Bordeaux, toujours pour évoquer l’avenir du site de Ford. Le dossier semble au point mort. Bruno le Maire pointe du doigt l'attitude du constructeur américain.
C'est une vraie douche froide et un retournement de situation.
Il y a 3 semaines encore, Bruno le Maire, était optimiste: « J’ai bon espoir que nous pourrons aboutir d'ici la fin du mois d'octobre. Mais il faut que chacun prenne ses responsabilités. Punch est un repreneur crédible, solide. Il reste à préciser son plan de charge, les volumes de production qu'il peut installer sur le site de Blanquefort."
Il l’est beaucoup moins ce lundi.
Bruno Lemaire est arrivé ce matin à la préfecture de Bordeaux pour rencontrer à nouveau les syndicats de Ford Blanquefort et les élus locaux.
Le ministre de l'économie a déclaré avoir eu le patron de Ford Europe au téléphone vendredi dernier.
Les nouvelles ne sont pas bonnes.
Le président de Ford m’a annoncé qu’entre une reprise du site de Blanquefort par Punch et la fermeture de l’usine, l’option privilégiée par Ford était la fermeture de l’usine. Je suis évidemment en total désaccord avec ce choix. S'ils pensent qu'ils peuvent mettre la clef sous la porte sans que ni l'Etat, ni les collectivités locales ne réagissent, ils se trompent! Nous allons nous battre et nous ne nous laisserons pas faire", a lancé le ministre.
Pourtant Bruno le Maire se voulait rassurant il y a moins d'un mois lors d'une rencontre avec les représentants des salariés et les élus locaux.
Punch est un repreneur solide pour l’usine #Ford de Blanquefort. Quand il y a une solution de reprise crédible, nous nous battons jusqu’au bout pour la faire aboutir. Nous sommes totalement mobilisés. Ford doit prendre ses responsabilités pic.twitter.com/2hpwEE7LED
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 15 octobre 2018
Ce refus vient donc balayer la seule offre de reprise potentielle. Ces derniers jours les négociations avec l'équipementier belge Punch Powerglide se sont enlisées.
" Ford nous mène en bateau "
Le groupe automobile américain est aujourd'hui l’objet des critiques et suscite la colère des élus locaux.
A commencer par Alain Juppé. Le Président de la Métropole de Bordeaux a quitté la réunion avant la fin.
« Les choses ne se présentent pas bien. Ford continue à nous mener en bateau et ne prend pas d’engagement pour favoriser la seule proposition de reprise sérieuse qui est celle de Punch ».
"Nous, collectivités territoriales nous sommes engagées à apporter 12,5 millions d'euros", une contribution qui se répartira entre la région pour deux tiers, et la métropole pour le tiers restant, a t-il dit en ajoutant que "cette aide considérable est au maximum de ce que permettent les règles en vigueur".
A la question de savoir si Ford cherchait à liquider purement et simplement le site de Blanquefort, Alain Juppé à répondu : "je pense que c'est l'idée qu'ils ont derrière la tête. Ford ne cesse de nous raconter des balivernes et de nous mener en bateau. Maintenant, ça suffit il faut les mettre face à leurs responsabilités".
Alain Juppé ne veut pas en rester là et promet des jours difficiles à Ford. Il veut attaquer l'image du groupe automobile : "Ça veut dire mettre en cause la réputation de Ford sur le marché européen, ça veut dire agir auprès sur le instances européennes qui peuvent peser sur la décision de Ford Ça veut dire nous solidariser de toutes les actions que les organisation syndicales pourraient envisager."
À propos de la reprise de l’usine #Ford de #Blanquefort par l’industriel belge punch, le président de #bordeaux métropole @alainjuppe déclare « Ford Europe nous mène en bateau » pic.twitter.com/r1nFRrM5fO
— Elise Galand (@GalandElise) 15 octobre 2018
Transparence & Détermination totale de @BrunoLeMaire dans le dossier de @Ford @blanquefort_ #Ford ne pourra pas partir sans bruit car des pistes de reprises existent!
— Benoit Simian (@BenoitSimian) 15 octobre 2018
Il en va de la responsabilité sociétale planétaire de #Ford ! @Economie_Gouv @al_rousset @alainjuppe https://t.co/KpbHnrojm8
Colère également d'Alain Rousset, le président de la région Nouvelle Aquitaine :
"Ford a repris, aujourd’hui nous mène en bateau, a envie de plier les gaules, c’est totalement inadmissible. Je crois qu’il faut qu’on ait une bataille de communication sur la marque Ford tout simplement. C’est indigne indécessant, indigent".
Les doutes du repreneur potentiel
Au regard de ces nouveaux éléments, on comprend mieux aujourd'hui les doutes du groupe spécialisé dans la fabrication de composants automobiles, et repreneur de l'usine de boîtes de vitesse que détenait General Motors à Strasbourg et de ses plus de 1.000 salariés. Groupe qui redoutait trop de perte de savoir- faire et de compétences pour lancer de nouvelles lignes de production.L'industriel belge craignait le départ de salaries chez le voisin Getrag Ford Transmissions qui fabrique des boîtes de vitesses dont le seul client est Ford.
Les syndicats ne semblent pas surpris par ce rebondissement. Et Philippe Poutou de préciser que selon lui, l'équipementier n' a pas envie de gérer un dossier de reprise :
Demain mardi, un CE extraordinaire est prévu à l'usine de Blanquefort. Le groupe automobile doit y présenter le plan de reprise qu'il refuse.
Les syndicats redoutent qu'aucuns dirigeants européens ne fassent le déplacement.
Le reportage d' Elise Galand et Didier Bonnet