Bordeaux : l'avenir des Girondins en questions

Des finances dans le rouge foncé, un effectif à alléger, des personnels administratifs inquiets, le club de football bordelais aborde un tournant majeur de son histoire. La crise liée à l'épidémie de coronavirus pourrait accélérer certains changements. 

L'assemblée générale de la Ligue Professionnelle a entériné lundi en début d'après-midi le projet de prêt garanti par l'Etat. Son montant est d'environ 220 ME, à partager entre les clubs de L1 et de L2. Ce prêt, effectué par la LFP et pas par les clubs, est censé compenser le manque à gagner lié à la dernière tranche des droits télévisés que les diffuseurs (Canal + et Be In Sports) ont décidé de ne pas honorer en raison de l'arrêt officiel de la saison. 
 

Combien pour Bordeaux ?


La Ligue doit maintenant répartir cette somme entre les clubs, à laquelle s'ajoutent 43 ME déjà réglés par les diffuseurs pour les matchs joués avant le 13 mars.
Les critères de partage sont ceux retenus pour droits télévisés : notoriété, classement final...

Pour l'heure, il est difficile de savoir exactement combien ça représentera pour les Girondins, qui ont déjà touché 7ME début avril. Mais avec une douzième place au classement final, entériné par la LFP, ça mettra juste du beurre dans les épinards, à l'échelle du foot business évidemment.
 

Un déficit de 55 à 60 ME?


Avant le méchant tacle par derrière du coronavirus, le club faisait déjà face à un déficit conséquent, environ 30 ME, mais garanti par son propriétaire King Street, et sous réserve de le réduire lors du prochain mercato.

Mais la crise actuelle va encore creuser le trou. Dans les coulisses du club, certains évoquent un déficit de 55 à 60 ME. Les recettes sont nulles depuis deux mois et les charges toujours élevées (60 % en salaire), malgré le dispositif de chômage partiel et une deuxième baisse de salaire (provisoire) de l'effectif, staff compris.
 

Un plan sur trois mois


Le club peaufine un plan financier sur trois mois. Son  président  Frédéric Longuépée a réclamé de la "patience" dans un courrier adressé aux abonnés.
 

"les clubs réussiront à traverser cette crise en étant solidaire de leur environnement et de respectueux des engagements pris."


Et d'ajouter "C'est avec cela à l'esprit que les équipes du FC Girondins de Bordeaux s'attachent à finaliser leur plan pour ces prochains mois remplis d'incertitude".

Au niveau des places au stade pour les six derniers matchs qui restaient à jouer, tout est sur la table: du remboursement partiel de l'abonnement à des compensations sur la saison prochaine. Mais là encore sans visibilité. Si aucune compétition  ne se déroulera avec plus de 5000 spectateurs avant septembre, rien ne dit à ce jour que les clubs pourront disposer de la totalité de leurs stades à cette période. 
Par ailleurs, Frédéric Longuépée a tenu également à rassurer en interne sur le soutien du propriétaire, King Street, "toujours prêt à aider le club".
 

100 ME de pertes en 10 ans


Mais le fond d'investissement sait compter, en dollars ou en euros.
Et aujourd'hui, avec ou sans la crise actuelle, Bordeaux est un club qui perd beaucoup plus d'argent qu'il n'en gagne. Certes cela ne date pas d'aujourd'hui. 
Depuis dix ans, il fait même partie des trois pires élèves de L1 en terme de pertes cumulées : 100 ME selon une récente étude du site spécialisé dans le sport business sportune.fr


Et cela ne s'est pas arrangé avec l'arrivée des business men américains GACP et King Street. La gestion très dépensière de Joe DaGrosa et son staff, le recrutement de dizaines de commerciaux, la hausse très nette des salaires, et pas seulement ceux liés aux acteurs sur le terrain, ont alourdi l'addition. La situation n'a rien de dramatique pour la DNCG, du moins en décembre. A l'époque, le gendarme financier avait validé les comptes et le prévisionnel grâce à une garantie écrite du propriétaire du club, assumant si besoin ses obligations financières. 
 
 

 King Street en première ligne


Même s'il est très discret médiatiquement depuis son arrrivée au club, le propiétaire américain n'est pas là pour disserter des options de jeu de Paulo Sousa. 
Après avoir déjà investi 100 ME pour acheter le club, King Street ne s'attendait pas à ce que des recettes importantes soient aussi compliquées à dégager. Les mauvais résultats sportifs de ces deux dernières saisons, quatorzième et douzième en Ligue 1, ont plombé les espoirs ( fous?) de qualification pour la lucrative ligue des champions, bien avant l'arrêt du championnat cette saison.
Alors que va faire King Street? 
 

Un dépôt de bilan, une hypothèse farfelue?


Le scénario du pire, redouté en interne par les trois cents (!) salariés et par les fans, est celui du dépôt de bilan, avec toutes les conséquences que cela implique.

Début avril, Frédéric Longuépée avait écarté cette éventualité.
Mais le président et son directeur financier cherchent des ressources financières et ils étudient plusieurs pistes.
  • Le club pourrait va accélérer la vente de joueurs, déjà prévue, au prochain mercato,  en sachant que Bordeaux devra verser au 1er juillet 8 ME à Reims pour le solde du transfert de Rémy Oudin l'hiver dernier. 
  • Paulo Bernardoni (7ME), Otavio, Kalu, Kamanop, Sabaly, Pablo ne seront pas retenus en cas d'offre importante. 

     
Mais là encore, Bordeaux, comme les autres clubs, avance dans le flou. Personne n'est capable de prévoir ce que sera le marché des transferts dans un contexte économique aussi plombé. Et il faudra construire un groupe performant. 
 
 

Paulo Sousa, s'en va, s'en va pas ?


En fin d'hiver, le départ de Paulo Sousa à l'issue de cette saison tenait la corde. Déçu des promesses non tenues selon lui par sa direction en terme de renforts, le Portugais avait des envies d'ailleurs. De plus ses relations avec son président ne sont pas idylliques. En Italie, où il a déjà entrainé la Fiorentina, sa côte reste élevée. Aujourd'hui c'est plus flou: il travaille avec son staff sur le programme de reprise et sur les contours. Mais son salaire ( 280 000 bruts mensuels) jusqu'en juin 2021 peut poser problème vu l'état des finances de son club. 
 
 

Frédéric Longuépée à la barre


Les têtes pensantes du club sont-elles sur la sellette?
Frédéric Longuépée est l'homme de King Street. Le président délégué général est le patron du club. Mais son bilan, comme celui de l'équipe, est mitigé.

Ses relations polaires avec les Ultras, qui pèsent sur l'image des Girondins, sa personnalité difficile à décrypter ne lui valent pas que des amis au club et dans son entourage. Mais il reste fidèle à la feuille de route pour développer le club. Et il était reconnu pour son travail dans ses expériences précédentes au PSG et à Paris 2024. 

Alors est-il vraiment menacé à très court terme comme le laisse entendre une rumeur insistante depuis quelques jours?
Seul King Street a la réponse mais il serait étonnant que les boss du fond d'investissement changent d'avis aussi vite sur un président qui n'a les pleins pouvoirs au club que depuis janvier. 
 

Une vente prévue mais sans calendrier précis


King Street, comme GACP s'il était resté, ne restera pas dix ans aux Girondins. Un fond d'investissement n'est vraiment un philantrope ou un mécène capable par passion de perdre des millions. A Bordeaux, comme ailleurs, on compte beaucoup sur le prochain contrat des droits TV avec Mediapro.

Cela pourrait représenter une vingtaine de millions environ par saison.
Mais plus les Girondins seront performants, plus ils gagneront de l'argent. Mais encore faut-il avoir une équipe de bon niveau, et donc de l'argent pour recruter...
La crise actuelle peut-elle inciter les américains à vendre dès cet été? 
Ce scénario ne peut pas être écarté. A condition de trouver preneur à un prix intéressant dans le contexte que l'on connait.
 

Qui pour racheter?


Le seul candidat déclaré au rachat, c'est Bruno Fievet. 
L'homme d'affaires assure avoir bouclé son tour de table, grâce notamment aux prêts de deux fois 50 ME accordés par les banques avant la crise actuelle. 
 

L'amoureux des Girondins depuis son enfance, qui réside à Pessac, a adressé une lettre d'intention à Daniel Earhman, le patron de King Street.
Ce document est un acte juridique important qui permet de faciliter le déroulement des négociations. 
Mais à ce jour,  il n'a pas reçu la moindre réponse. 












 
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