Six rues et places de Bordeaux ont été retenues comme portant le nom d'acteurs de la traite négrière. De nouvelles plaques rappelant le passé de ces six Bordelais, acteurs de la traite négrière, seront apposées dans chacune des rues portant leur nom.
C'est Mémoires et Partages qui révèle l'information. Près de vingt ans après que l'association a commencé à militer pour une meilleure reconnaissance du passé esclavagiste de la ville de Bordeaux, la mairie devrait dévoiler ce lundi six plaques explicatives, à l'occasion de la Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage. Une sculpture réalisée par l'artiste réunionnaise, Sandrine Plante-Rougeol a également été inaugurée, dans les jardins de l'Hôtel de Ville.
Celles-ci, qui reviennent sur le rôle de six Bordelais, impliqués dans le commerce et la vente d'êtres humains, seront ensuite apposées dans les rues portant leurs noms.
Sont donc concernés : la place Mareilhac, la rue de Grammont, le passage Feger, la rue Desse, le cours Journu-Auber et la rue David Gradis. Des lieux qui portent le nom de capitaines, d'armateurs ou négociants, ayant financé ou organisé des expéditions de la traite négrière.
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Cent-cinquante mille Africains déportés par des Bordelais
Au total, pas moins de 500 expéditions négrières sont parties de Bordeaux entre la fin de XVIIe siècle et le début du XIX. On estime que 150 000 Africains ont été capturés, puis déportés, vendus et mis en esclavage par des armateurs Bordelais.La liste des six rues ou places bordelaises a été établie par la commission de réflexion sur la mémoire de l'esclavage et de la traite négrière, lancée par l'adjoint au maire Marik Fetouh. Cette même commission avait annoncé vouloir apposer sur les murs concernés des QR codes renvoyant à un site Internet pédagogique.
L'association Mémoires et Partages avait de son côté ciblé une vingtaine de noms.
"La commission estime que seuls ceux qui ont armé des navires sont mouillés dans la traite, déplore Patrick Serres, le président de l'association. Pour nous, en plus de ces négriers, cela concerne tous ceux qui possédaient des plantations et des esclaves en Amérique, notamment en Haïti.
Ces personnes ont aussi participé à un crime contre l'Humanité puisqu'ils détenaient des esclaves.
"Si nous enlevons ces vestiges, nous allons effacer la mémoire"
Interrogé en 2017, Karfa Diallo, fondateur de l'association estimait déjà à l'époque qu'il n'était pas possible de tout bonnement rebaptiser les rues en question. "Si nous enlevons ces vestiges, nous allons effacer la mémoire. Or, nous voulons la préserver, tout en faisant preuve de pédagogie et de vigilance vis-à-vis de l'avenir", déclarait-il alors.De son côté Patrick Serres assure ignorer le contenu de ces plaques dévoilées lundi. Lui-même ne pourra pas être présent à la mairie pour les découvrir : l'association se rendra à l'Assemblée nationale afin présenter son projet de Maison contre les esclavages de Bordeaux.