C'est un événement : un écologiste accède au fauteuil de maire de la capitale girondine. Beaucoup d'émotions chez les conseillers de tous les bords au moment de son élection vendredi 3 juillet. Une nouvelle page s'écrit après 73 ans de règne de la droite à Bordeaux.
"Oser toujours, céder parfois, renoncer jamais." Le nouveau maire écologiste a répété cette phrase à la fin de son discours, ce message qu'il avait adressé à son équipe tout au long de la campagne. Pierre Hurmic a suivi à la lettre ce principe, lui qui porte dorénavant l'écharpe de maire de Bordeaux, après avoir fait son entrée au conseil municipal en 1995. Il n'a jamais renoncé. Ce vendredi matin, le vote des conseillers l'a donc porté à cette fonction : 48 voix pour, 14 bulletins blancs et 3 votes pour Philippe Poutou.
D'entrée de jeu, Pierre Hurmic dans son discours prévient : " Notre projet vise à faire de notre ville de Bordeaux un modèle de développement responsable écologique et solidaire. "
Nous ne renverserons pas la table mais nous la réparerons.
Des visages qui en disent long
Dans l'auditorium où a eu lieu l'élection, on découvre les visages épanouis des nouveaux arrivants fraîchement élus. Il y a les habitués aussi mais qui ont changé de bord. Habitués aux bancs de l’opposition, les voilà dans la majorité à commencer par le nouveau maire ou encore Emmanuelle Ajon, issue des rangs socialistes. Et il y a des visages fermés chez les battus de l'équipe de Nicolas Florian qu'un sondage prédisait dans le fauteuil de maire, 10 jours avant le scrutin.
Il y aussi du public dont une partie entonne une chanson à l'entrée de Philippe Poutou. Des soutiens très enthousiastes pour rappeler « Les travailleurs, nous on est là » à plusieurs reprises pendant la séance du conseil. Philippe Poutou l'a répété, il est là pour faire bouger les choses. Il a présenté sa candidature pour mieux montrer qu'il se considérait comme un opposant.
Nous on pense qu'après 73 ans il y a une table qu'il faut renverser, c'est pas juste la réparer.
Voilà qui tranche diamétralement avec le ton des séances du conseil municipal par le passé. Bordeaux en Luttes n'aura pas sa langue dans sa poche lors des prochaines séances pour demander des réponses urgentes sur la santé, sur la réquisition de logements. "On essaiera avec mon équipe de mettre une pression pour que cette table elle soit renversée. "
Nicolas Florian, désormais chef de file de l'opposition, lui aussi prend la parole " C'est un moment particulier après une campagne âpre et difficile" Il appelle Pierre Hurmic à s'adresser à l'ensemble des Bordelaises et Bordelais.
Il ne s’agit plus de défendre un camp, il s’agit de défendre Bordeaux.
Son rôle sera donc celui d'un élu vigilant de l'opposition pour que ce qui a été entrepris par le passé pour Bordeaux ne soit pas terni.
Pierre Hurmic veut le rassurer en reprenant la parole : " Je ne suis pas un chef de clan, je ne suis pas partisan. " Il promet qu'il n'y aura pas de provocation, préférant l'apaisement plus que l'affrontement.
" Après toutes ces années passées sur les bancs de l’opposition, je connais l’ingratitude de la place. Je veillerai à ce que leur rôle soit pleinement reconnu. C’est pourquoi je proposerai la semaine prochaine la présidence de la commission des finances à un membre de l’opposition. Et je proposerai aussi à l’opposition davantage de place dans les divers organismes de la ville."
L'état d'urgence climatique
Pilier de son programme, Pierre Hurmic a déclaré l'état d'urgence climatique pour Bordeaux. Autrement dit, toutes les politiques et décisions à prendre se feront pour répondre à cette urgence. "Nous ferons en sorte que cet impératif climatique irrigue toutes nos politiques. Je ne laisserai jamais personne caricaturer l’écologie que nous avons choisie pour transformer Bordeaux. Non, elle n’est pas punitive, elle est pragmatique." Il précise les premières évidences " Nous ne construirons plus sur nos derniers espaces de nature, c'est l'atout numéro un pour répondre au défi climatique. Zéro artificilation des sols. " Pour les quartiers sortis de terre ces dernières années : " On va rien raser du tout, on se battra pour le futur et les aménagements pas encore réalisés. "Car l'été s'annonce déjà chaud, voire caniculaire, Pierre Hurmic avance " On va mettre des fontaines provisoires en ville, on va végétaliser ce qui peut être fait dans l'urgence, veiller à ce que les jardins publics soient ouverts jusqu'à minuit. "
Une nouvelle page s'ouvre donc à Bordeaux avec dans quelques jours la désignation des adjoints. L'été décidément va être chaud et studieux pour la nouvelle équipe.
Le conseil en images
Vous pouvez revoir l'intégralité de l'édition spéciale consacrée à l'élection de Pierre Hurmic ce vendredi 3 juillet >