Bordeaux : la rentrée s’annonce très compliquée pour les étudiants

Les studios et appartements se font de plus en plus rares depuis plusieurs années. Et la rentrée 2018/2019 en septembre s’annonce encore plus compliquée que les précédentes. Bordeaux traverse une véritable crise de logements étudiants. 

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Vous pensiez avoir fait le plus dur en décrochant votre bac et en ayant obtenu vos vœux sur Parcours Sup ? A Bordeaux, la dernière étape pour bien débuter vos études supérieures pourrait bien être la plus difficile. Car désormais, trouver un logement étudiant relève presque du parcours du combattant.

 

Situation catastrophique



« La situation est très délicate, voire catastrophique », annonce d’entrée de jeun Catherine Coutelier, ancienne présidente et membre active du bureau de l’Unis (Union des syndicats de l'immobilier) Nouvelle Aquitaine.

Le syndicat souligne un recul de 50% en deux ans d’appartements à la location : "On a la crainte de voir nos étudiants à la rue à la rentrée, certaines agences n’ont plus d’appartements à la location !" Voilà qui est dit !

Elle prend l’exemple de l’agence Foncia qui aurait 40% de logements disponibles en moins par rapport à l’année dernière.  
 

Certaines agences n’ont plus d’appartements à la location


Patrice Bretout, directeur général du Crous à Bordeaux, abonde en ce sens : "Malheureusement, oui, on aura une rentrée compliquée." Il ne faut donc pas tarder pour chercher son logement pour la rentrée prochaine ! Car les biens partent vite, trop vite…
 

On aura une rentrée compliquée



70% de studios de moins qu’à Toulouse



Du côté du site LocService aussi, on tire la sonnette d’alarme. Ce site met en relation des locataires et des propriétaires. Les propriétaires se voient proposer des locataires qui pourraient correspondre à leurs attentes.

Chaque année, le site fait des études comparatives dans différentes villes, et là encore, à Bordeaux, "il y a beaucoup plus de difficultés", selon Richard Horbette. Un problème déjà analysé il y a deux ans mais qui s’est accentué.

Ainsi, à Bordeaux, il y a 50% moins de studios qu'à Lyon (par habitant), et 70% de moins qu’à Toulouse…
 
 


"Ça me fait mal au cœur, on fait tout pour attirer les étudiants mais on n’a rien pour les loger…
J’ai eu des témoignages d’étudiants qui dorment dans leurs voitures"
, raconte Catherine Coutelier.

 

Des étudiants dorment dans leurs voitures



Bordeaux devient une ville de plus en plus attractive, tant pour les étudiants que pour les salariés. De plus en plus de personnes investissent ici.

Tout d’abord à cause (ou grâce) de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) inaugurée l’année dernière qui permet de relier Paris à Bordeaux en 2h04. Des Parisiens ont profité de cette aubaine pour venir s’installer en Gironde.
 

 

On préfère louer sur Airbnb qu’aux étudiants

 
Le développement d'Airbnb n’aide pas non plus les étudiants. Les logements deviennent de plus en plus chers, et plus personne n’ose rendre un appartement, même l’été, de peur de ne pas en retrouver un à la rentrée suivante.

Alors les locataires, comme les propriétaires, se mettent à sous-louer à des touristes sur internet.

La plateforme est simple d’utilisation, "il y a moins de problèmes, moins de paperasses et plus de rentabilité", résume Catherine Coutelier. Alors le choix est vite fait.
 

Moins de problèmes, plus de rentabilité 


Le site permet aussi aux locataires de rentabiliser les mois d’été où ils quittent souvent leur appartement avant de revenir en septembre.

Si Bordeaux tente de prendre ce problème à bras le corps en imposant des contraintes aux utilisateurs (limite à 120 jours de location pour sa résidence principale par exemple), l’Unis estime que ce n’est pas encore suffisant.

 

 

Ramener les propriétaires sur le marché étudiant 



La plateforme Studapart tente de détourner les propriétaires des locations saisonnières de courte-durée pour les ramener sur le marché étudiant. Le site met en relation des étudiants et des bailleurs et a des partenariats avec de nombreuses universités de la ville.

Alexandre Ducoeur, son co-directeur, a lancé une opération de communication en gare, à l’aéroport, et dans le centre-ville pour sensibiliser les gens à cette problématique.

Il référence 1500 appartements sur Bordeaux et espère doubler ce chiffre en juillet. En mai dernier, 70 propriétaires l’ont également rencontré en marge d’une conférence organisée par l’Université.
  

Des nouvelles constructions pour calmer la crise



La situation devrait se tasser d’ici quelques années, quand l’effervescence sera retombée et que des logements supplémentaires auront été construits. "Mais pendant ce temps-là, on fait quoi ?"

Tout le monde a été pris de court par cette course à l’immobilier et personne n’a pu se préparer à cette crise du logement.

La syndicaliste Catherine Coutelier tape du poing sur la table : "Il faut que la ville de Bordeaux prennent les mesures nécessaires." 

Comprenez : construire et rénover des logements, car c’est "inacceptable de ne pas avoir de structures d’accueil." Contrairement à Lyon ou Toulouse, Bordeaux n’est pas doté de grands immeubles de résidences étudiantes privées.

 

Il faut prendre des mesures nécessaires



Le Crous vise 12 000 logements



Du côté du Crous, la résidence Simone Veil, à Pessac, vient d’être livrée et propose 253 nouveaux logements. Les étudiants boursiers ne représentent pas toute la demande sur Bordeaux mais le Crous vise les 12 000 logements, contre 10 200 actuellement.

Un contrat entre la région Nouvelle-Aquitaine et l’Etat devrait voir de nouveaux logements livrés en 2020.

Bordeaux entre également dans un plan du gouvernement pour les endroits en surtension. 1500 logements devraient donc être livrés d’ici la fin du quinquennat.

Pourtant, si le nombre d’étudiants continue d’augmenter aussi vite, ses nouvelles structures seront trop rapidement prises d’assaut et ne contiendront pas la crise en cours.

Si le parc privé est plus touché par cette course aux appartements, le Crous admet déjà être en tension au mois de juillet.

 

Pas de temps à perdre donc pour les futurs étudiants bordelais : "Le mois de juillet est crucial, plus de 50% des locations se font en juillet" annonce Alexandre Ducoeur. Sur Studapart, il estime qu’il n’aura plus de stock à louer dans une dizaine de jours dans des résidences, toutes prises d’assaut.

 

Le mois de juillet est crucial



La course contre-la-montre vient de débuter. Il ne reste plus qu'à espérer que les déçus ne seront pas trop nombreux. L’année dernière, plusieurs centaines d’étudiants avaient dû quitter la ville faute de logements disponibles... 

 
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