Précarité : "Je sais que je vais mourir dans cette ville", les bénévoles de l'association humanitaire de Montpellier confrontés à la détresse des sans-abri

Depuis sa création voilà 10 ans, l'association humanitaire de Montpellier ne chôme pas. Chaque soir, c'est la queue devant le local où quelque 200 repas sont distribués par des bénévoles, au quotidien. L'AHM est souvent le dernier refuge pour de nombreux SDF, qui y trouvent un repas chaud à défaut d'un toit.

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Devant la grille, Vito est en tête de la file d'attente. Ce jeune homme vit dans un logement, mais une fois son loyer payé, il ne lui reste plus rien, alors chaque soir, vers 19 heures, il attend que le local de l'AHM ouvre son rideau dans le quartier de Port Marianne à Montpellier.

"Je viens ici pour manger, sinon je vais voler et j’ai pas envie de voler. Du coup, je viens chercher mon manger, je n’ai pas d’argent. Et quand y a pas d’argent, y’a pas le choix" affirme le jeune homme.

Été comme hiver, plus de 200 personnes viennent chercher de quoi se nourrir. Certains comme Vito cuisineront chez eux mais la plupart n'ont pas de toit et se restaurent dans la grande salle de l'association.

Une trentaine de bénévoles assurent la distribution sous la houlette d'Aïcha Baghaz, la présidente d'AHM.

"Ici, on respecte vraiment le vivre ensemble, il faut être bienveillant et il faut que l’accueil reste inconditionnel : c’est-à-dire que toutes les personnes qui veulent venir, peuvent récupérer un repas. L’habit ne fait pas le moine, encore moins aujourd’hui." explique Aïcha Baghaz.

La détresse au quotidien

En plus des repas et de son espace rencontre, l’association distribue aussi des couvertures et d’autres articles de première nécessité.

Mais bien souvent, les bénévoles sont confrontés aux grandes difficultés de ceux qui dorment dans la rue.

Mohamed vient se restaurer ici depuis cinq mois. Depuis cinq mois, il dort dans un parking et n’a plus de téléphone.

Alors, il compte sur l’association pour appeler le 115 avec le mince espoir de passer une nuit au chaud.

"Je sais, il ne va pas y avoir la place, ce n’est pas grave, je vais aller chercher mon matelas, je vais me mettre comme d’habitude comme tous les soirs" soupire le jeune homme, détenteur d'un CAP en pâtisserie et qui cherche du travail dans ce secteur.

Je sais une chose : c’est que je vais mourir dans cette ville. J’ai déjà failli mourir plusieurs fois, j’ai été deux fois en hypothermie et j’ai fait trois arrêts cardiaques.

Mohamed Lambert, sans abri

Le jeune homme dormira une nuit de plus dans son abri de fortune, car ce soir-là, comme tous les soirs, le 115 était saturé.

Écrit avec Caroline Agullo.

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