Ils contraignaient des mineurs non accompagnés à commettre des cambriolages : six prévenus jugés à Bordeaux

Ils sont six à comparaître mardi 9 février au tribunal correctionnel de Bordeaux. Un receleur et ses complices fournissaient des médicaments et quelques billets à des jeunes vivant dans des squats pour qu'ils commettent des vols. Un phénomène apparu depuis quelques années à Bordeaux. 

Ils ont entre 13 et 20 ans. Ce sont des mineurs non accompagnés arrivés des pays du Maghreb. Vulnérables, ils tombent entre les mains d'adultes qui les mettent sur la voie du cambriolage ou du vol à l'arraché.
Contre quelques billets, un abri dans un squat et des médicaments qui les shootent. Un phénomène que les policiers et les représentants de la justice ont vu émerger depuis quelques années. Et une affaire illustrant une problématique actuelle de l'agglomération bordelaise. Pour Guillaume Puygrenier, ce type d'agissements a contribué à faire monter l'insécurité à Bordeaux

Il s'agit du premier dossier de cette ampleur qui sera jugé par la juridiction bordelaise.

Guillaume Puygrenier - substitut du procureur de Bordeaux -

 

Janvier 2020, le parquet de Bordeaux ouvre une information judiciaire. Dans une autre affaire, là aussi des mineurs sous l'emprise d'un adulte violent, dite du squat de la rue Permentade dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux, l'un des interpellés donne le nom d'Aziz L, âgé de 28 ans.
Des interpellations ont lieu en février. Dont Aziz, la tête du réseau. Il a effectué plusieurs allers-retours et depuis plusieurs mois vers l'Algérie. "Lors de son interpellation à Bordeaux, tout un tas d'éléments intéressants provenant de cambriolages ou de vols à l'arraché sont retrouvés." explique le substitut. 
Un réseau est donc mis au jour. Aziz L est entouré de personnes plus jeunes qui jouent le rôle d'intermédiaires entre lui et les mineurs pour récupérer les objets volés, des téléphones, des bijoux entre autres. 

Les jeunes ont entre 13 et 20 ans, ils sont victimes. L'idée est d'avoir un dossier de receleurs. 

Guillaume Puygrenier - substitut du procureur -

Sous l'emprise des médicaments

Associé au dossier, un couple de La Réole comparaît aussi à l'audience mardi 9 février, poursuivi pour avoir fourni les médicaments. . Elle est au contact d'Aziz la tête de réseau. Son mari travaille dans une centrale qui alimente les pharmacies de la région donc il a accès aux médicaments. Avant les inventaires, il en récupère. Le couple endetté arrive à gagner 500 euros par mois, c'est ce que révèlera l'enquête. 
Deux médicaments notamment sont distribués ainsi aux jeunes.
 

Ce sont des tranquillisants qui les shootent. Ça a pour effet, combinés à l'alcool ou à la drogue de donner le sentiment de toute puissance, facilitateur dans le passage à l'acte. 

Guillaume Puygrenier - substitut du procureur -

Des jeunes à la dérive

Les jeunes défilent dans les squats. Ils arrivent d'Algérie, Tunisie, Maroc. "Là-bas, ce sont des enfants des rues. Ils sont totalement abandonnés chez eux. Ils viennent ici via des connaissances" précise le substitut.
Ils sont dans un état sanitaire délicat qui ne s'arrange pas dans le lieu où ils séjournent.  

Ils retrouvent les copains qui y sont déjà, comme ils ne veulent pas faire grand chose pour être pris en charge, ils rencontrent des gens qui leur disent tout de suite tu voles ça, et on te donne un peu d'argent, tu es logé dans un squat et on te donne aussi des médicaments. 

Guillaume Puygrenier - vice-procureur de la République de Bordeaux -

Les objets dérobés sont ensuite récupérés auprès des jeunes par un groupe de receleurs. Aziz L se charge de les écouler vers l'Afrique du Nord. C'est le premier dossier de cette nature à être jugé. Lors de l'enquête, Aziz L a reconnu les faits mais en minimisant les quantités qui sont attribuées à cette affaire. L'audience est prévue sur une journée avec un probable délibéré à l'issue. 

 

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