L’enfant âgé de 4 ans et demi avait été retrouvé mort aux cotés de sa mère inconsciente. C’était en mars 2019, et la piste de l’infanticide avait très vite été privilégiée.
Ce lundi 10, la mère de Léo est apparue sans défense, par choix. Son avocat, Me Benoit Ducos-Ader évoque « une femme qui ne veut pas se défendre et qui ne veut pas être défendue et dont le seul espoir est de retrouver au-delà celui a qui elle a donné la mort ».
« C’est une affaire épouvantablement douloureuse».
Me Ducos-Ader, avocat de la défense.
Les faits remontent au 25 mars 2019 à Mérignac. C’est le père de Léo qui découvre le corps du petit garçon et celui de sa mère, une lettre écrite de sa main à ses côtés. L’enfant est déjà mort (après avoir ingéré le tiers d’une bouteille de Théralène), mais la jeune femme est encore en vie. Malgré un pronostic vital engagé à l’arrivée des secours, elle survivra. Trois jours plus tard, elle sort du coma et avoue les faits. « Je voulais mourir avec lui », sera sa seule explication. Secrétaire médicale en neurologie à l’hôpital Pellegrin, elle était en arrêt maladie depuis le mois de février pour burn-out.
Une mère fragile et isolée
L’instruction a permis de mieux connaître le profil de cette mère de famille. Elle est la dernière d’une fratrie de quatre sœurs. Lorsqu’elle rencontre le père de Léo, celui-ci ment sur son identité et lui cache qu’il est marié et a trois enfants. Elle découvrira la vérité et avortera au moment de leur séparation. Finalement, il réussira à la reconquérir. Le couple s’installe et donne naissance à Léo, mais la femme s’isole peu à peu.
En 2003 elle est hospitalisée à l’hôpital psychiatrique Charles-Perrens de Bordeaux pour dépression. Dépression qui semble toucher aussi son compagnon suivi et traité pour la même pathologie. Le père de Léo est en invalidité depuis 2008 et sans activité professionnelle. S’il est décrit comme un père plus autoritaire et intransigeant, la mère de Léo, elle, voit en lui un père démissionnaire.
L’enfant est difficile, il teste les limites en permanence. Sa mère doit le changer d’école, mais il est de nouveau convoqué du fait de son comportement. Elle s’en veut. Se sent responsable des difficultés que rencontre son fils. Elle a le sentiment de trop travailler, au détriment de Léo.
Le père de Léo « n’attend rien de ce procès »
Le père de Léo était présent ce lundi 10 octobre aux assises de la Gironde. Son avocate, Ornella Suviéri, décrit un homme en plein deuil. « Il est un peu perdu », dit-elle. « Il n’attend rien de ce procès. Pour ce qui est des explications, on n’en aura peut-être pas. Il vient car il doit être là pour Léo, mais il n’attend rien de particulier. De toutes les façons, Léo ne reviendra pas, même à l’issue de ce procès ».
La ville de Mérignac avait déjà été marquée en 2018 par un triple infanticide. Une mère de famille, salariée elle aussi de l’hôpital Pellegrin mais comme infirmière, avait tué ses trois enfants puis tenté de se suicider. Incarcérée à Gradignan, elle avait mis fin à ses jours en mars 2021. C’est la mère de Léo qui avait découvert son corps au reveil. Les deux femmes dormaient dans la même cellule dans l’attente de leurs procès respectifs. Toutes deux devaient être jugées pour infanticide.
La maman de Léo encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict sera rendu le jeudi 13 octobre.