"C'est un crève-coeur de voir nos champs comme ça" : confrontés aux inondations sur leurs parcelles, les agriculteurs craignent le pire

En Gironde, il est tombé l'équivalent d'un an de précipitations sur les six derniers mois. De nombreuses parcelles agricoles sont toujours inondées. Impossibilité de semer, prolifération des maladies... les professionnels ne cachent pas leur inquiétude

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À la place de ses champs, une vaste étendue d'eau stagnante. Céréalier à Saint-Louis-de-Montferrand, au nord de Bordeaux, Xavier de Saint-Léger ne peut que constater les dégâts causés par les pluies des six derniers mois. Depuis le 15 octobre, il est tombé en Gironde l'équivalent d'un an de précipitations, ce qui a occasionné de gros dégâts, notamment chez les agriculteurs.

Xavier de Saint-Léger a comptabilisé : 750 millimètres d'eau sont tombés sur son exploitation depuis six mois. Depuis le 15 octobre, il a vu ses champs plus souvent inondés que vides. Contraint à repousser l'ensemencement de ses parcelles, il ne peut maintenant plus planter les cultures qu'il souhaitait, car les dates sont dépassées.

Un manque de visibilité

"D’abord, je voulais mettre du blé tendre, puis du blé dur, puis de l'orge. Mais j’ai dû tout le temps changer de fusil d’épaule, raconte cet agriculteur girondin, les yeux posés sur ses champs pour l'instant inexploitables. Maintenant, je vais partir sur du soja, mais je ne sais pas encore quelle variété, je me pose des questions en termes de tardiveté."

Les semis doivent en effet être réalisés avant une date précise. Avec l'inondation de ses parcelles, Xavier de Saint-Léger, comme beaucoup d'autres, ne dispose pas encore d'une visibilité suffisante. "Si le climat ne s’améliore pas d’ici au 15 mai, je ne vais pas avoir tellement de solutions, s'inquiète l'agriculteur. Économiquement, ça serait évidemment très lourd de ne pas avoir de production du tout."

C'est un crève-cœur de voir nos champs comme ça, mais c'est avant tout une inquiétude économique.

Xavier de Saint-Léger

Céréalier à Saint-Louis-de-Montferrand

Le céréalier, qui avait déjà produit du soja l'année dernière sur ses parcelles, s'interroge aussi sur d'éventuelles sanctions européennes pour non-respect de la Politique agricole commune (PAC). "Faire deux fois du soja, ça pose un problème de rotation. Avec les nouvelles règles de la PAC et les rotations obligatoires, j'espère qu'on ne va pas avoir de soucis."

La crainte du mildiou

Pour les viticulteurs et arboriculteurs, en revanche, les inquiétudes ne sont pas les mêmes. Pas de problèmes de semis, puisque les arbres et les vignes sont déjà plantés, mais une crainte de prolifération de maladies. L'eau stagnante dans les vignes ou les vergers favorise en effet l'apparition de champignons, comme ceux causant le mildiou.

"Aujourd'hui, on est à peu près certains de démarrer l'année avec une pression phénoménale de maladies cryptogamiques [dues à un champignon parasite, NDLR], dont le mildiou pour les viticulteurs, alerte Jean-Samuel Eynard, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) en Gironde. Quand on voit les dégâts de l'année dernière, avec la récolte la plus basse depuis 1991 alors que l'hiver était à peu près sain, c'est extrêmement inquiétant pour cette année."

Des captages de mildiou ont été faits. Il y a plus de pores dans l’air au 15 mars qu’il y en avait au 15 mai l’année dernière, au moment des destructions massives.

Jean-Samuel Eynard

Président de la FNSEA en Gironde

"Une accumulation d'inquiétudes"

Alors que les machines et les exploitations sont à l'arrêt, la priorité est à l'évacuation de l'eau, pour pouvoir reprendre le travail le plus vite possible. Mais cette évacuation signifie un surplus d'activité pour les pompes de drainage, qui "s’usent, tombent plus en panne et consomment beaucoup plus d'énergie. Tout ça, c'est une accumulation d'inquiétudes", déplore Xavier de Saint-Léger.

La situation géographique de son exploitation, sur la presqu'île entre la Garonne et la Dordogne, rend l'évacuation de l'eau encore plus compliquée à gérer. "On est tous interconnectés, donc si une zone est totalement inondée, elle va inonder à côté et ça fait boule de neige", détaille le céréalier girondin.

Il y a un problème de pluviométrie, et un problème de gestion humaine, qui n'est pas au top.

Xavier de Saint-Léger

Céréalier à Saint-Louis-de-Montferrand

Pour pallier ce problème, des ouvrages hydrauliques sont installés au niveau des cours d'eau. Mais ceux-ci peuvent se retrouver bouchés par l'accumulation de vase, ce qui perturbe la bonne évacuation. "Certains ouvrages ont besoin de travaux, atteste l'agriculteur. Notre priorité, c'est aussi de travailler dessus et tout mettre en œuvre pour que cela s’améliore", en coopération avec la métropole de Bordeaux, qui en a la charge.

Dans l'attente de voir toute l'eau s'écouler et de retrouver des terres agricoles exploitables, les professionnels girondins espèrent surtout que le printemps marquera la fin des épisodes pluvieux, et de leurs incertitudes.

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