"C'était très douloureux." Touchée par la tuberculose bovine, l'éleveuse girondine contrainte d'abattre ses 200 vaches attend toujours d'être indemnisée

L’avenir de La Ferme de Bérénice est toujours en suspens. Touchée par la tuberculose bovine, l’éleveuse a été contrainte de faire abattre la totalité des 200 vaches bazadaises qu’elle possédait. Elle attend désormais les indemnités de l’État. Autour d'elle, la solidarité s'organise.

La voix de Bérénice tremble, nouée par la douleur des dernières semaines. Derrière elle, le hangar où paissaient, il y a un mois, ses bazadaises, est vide. “Les vaches ont laissé la place aux tracteurs et aux machines pour démarrer le curage et enchaîner sur le nettoyage et la désinfection”, explique Bérénice Walton, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 4 juin dernier.

Épreuve douloureuse

Ce protocole, c’est celui du vide sanitaire d’un mois, imposé en cas de détection de tuberculose bovine. La Ferme de Bérénice, située près d’Arveyres, en Gironde, en a été victime en novembre 2023, décelée lors d’un contrôle sanitaire. “Cette année, le ciel nous tombe sur la tête”, confiait-elle, en mai dernier. Une seule vache avait alors été testée positive. "Le protocole est clair, il fait abattre tout le troupeau pour éradiquer la maladie", regrette Bérénice Walton.

Progressivement, ce sont 200 "filles" comme elle les appelle, que l’éleveuse et son mari ont dû mener, à regret, à l’abattoir. “Comme notre épreuve n’était pas assez douloureuse, nous avons dû charger nos 19 derniers bœufs et génisses à 4 h du matin, ce jeudi”, lâche Bérénice Walton, en colère et épuisée. “C’est comme ça, m’a-t-on répondu”. Son fils de huit ans a été “chez un ami”, précise-t-elle, sans doute pour le préserver.

Avec une centaine de détections chaque année en France, l’exploitation girondine n’est pas un cas isolé. Chez elle, un blaireau contaminé serait à l’origine de la propagation de la maladie, "l'ensemble de la faune sauvage" pour l'éleveuse. Pour autant, les conséquences sont toujours dramatiques : l’abattage partiel ou complet du cheptel, imposé par un protocole édicté en 2001.

Pas de date d'indemnisation

Après la douleur vient l’inquiétude. Dans son exploitation, Bérénice Walton, tous les bâtiments sont neufs, les emprunts, loin d’être remboursés. Elle doit aussi payer un salarié, à deux ans de la retraite. Il faudra aussi racheter des vaches pour relancer l’activité. Autant de dépenses qui s’accumulent et assombrissent les perspectives. "Nous n’avons plus d’élevage, plus d’activité, les charges et les emprunts courent, sans savoir quand sera versée l’indemnité. C’est incroyable, mais aucune date n’est donnée”, précise l’éleveuse.

Si l’État ne s’est pas encore prononcé, la solidarité, elle, a été immédiate. Sur les réseaux, l’histoire de cette exploitation, tournée depuis 13 ans autour du “bien-être des vaches” émeut.

Il y a encore de la bonté dans ce pays, et ça donne l’énergie et la force de pouvoir repartir.

Bérénice Walton

Eleveuse et propriétaire de la Ferme de Bérénice

Une cagnotte en ligne, ouverte par une amie de l’éleveuse, recense déjà plusieurs milliers d’euros. “Cette cagnotte va nous permettre d’atteindre la fin de l’année. Pas sereinement, mais nous pourrons l’atteindre. C’était vital pour l’exploitation”, remercie l’éleveuse.

Abattue, l’agricultrice refuse de baisser les bras. Elle espère pouvoir redémarrer son élevage de bazadaises en 2025, après plus de sept mois sans activité.

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